
Ouvrages font : la dèfcnfe du texte hébreu, contre
le père Perron J la nullité des ordinations anglicanes ,
contre le père le Courayer ; un traité Contre lefchifme
des Grecs , qu’il a intitulé : Panoplia contra schifma
G'æcorum , &. qu’il a fait paroître fous le nom
d'Etienne .de Altimura. Il a donné aufïi une édition
des oeuvres de Saint-Jean Damafcéne,en
grec & en laf'm, en trois volumes in-fol. mais,
fon ouvrage le plus confidérable eft fon Oriens
çhriflianus , in quatuor pàtriarchatus digejlus ; in quo
exhibentur etcleficz patriarcha, coeterïque proefules
Oriemis ; 3 vol. in-fol, de l’imprimerie royale. C’eft
le plus grand ouvrage que nous ayons fur l’état
ancien & préfent des églifes d’Orient.. L e père
le Quien, né à Boulogne , en 1 661 , mourut à
Paris , en 17 3 3 .
QUIEN DE LA NEUVILLE ( J a c q u e s le )
H-ift. litt. mod. ) de l’académie des inferiptions
Jk belles-lettres , étoit d’une ancienne famille du
Boulenois ou Boulenois , laquelle dans les ti;res,
eft quelquefois appellèe le Chien , & plus fpuvent
te Quien, fuivant la prononciation populaire du
pays. Il naquit à Paris, le premier mai 1647.
Pierre le Quien- de la Neuville, fon père,, capitaine
de cavalerie, que fes b-leffures avoient de
bonne heuie obligé dè quitter le fervice, y destina
fon fi|s , le fit entrer à 1%:ge de quinze
a n s , cadet dans le régiment des gardes-fçan-•
çoiies. La- fbiblefîe , ou de fou tempérament , ou
feulement de fon â g e , rendant trop pénibles à
cet enfant les fatigues de la guerre, il fe defti-
na luir-même à la- robe, & allôit prendre une
charge de j-ndicat-ure, lorfque le renverfèment
de la fortune de fon père, caufé par une banqueroute
qu’il effuya, ne 1 ailla plus au fils que
Sja reffource & la confolation des lettres, qu’hen-
ueufement il avoit toujours aimées.
Scarron dont il étoit parent, vouloir l’attirer à
la poéfie, mais il fuivit par préférence les confiais
de Péliffon , qui l’invitoit à écrire l’hiftoire.
I l entreprit celle du Portugal qui. majrquoit.,
au moins dans notre langue , .& qu’aucun auteur
étranger n’avoit encore féparée de celle
d’Efpagne. Elle parut en 1700, en-deux volumes
ir.-jtfi* L ’auteur eût pu fe dilpenfer peut-être
de remonter,, à-l’exemple dès biftoriens efpagnols
& portugais , jufqu’à Tubal , cinquième fils
de Japhet; & il auroit pu delcendre plus bas,
& ne- pas s’arrêter à la mort d’Emmanuel le
Grand, en 15 2 1. li eft vrai qu’il s’éteit toujours
propole de completter cette hiftoire, &
qu’il en. avoir pris l’engagement dans fa préface*
a a is il ne l’a point rempli-. Cette hifioire de Portugal
le.fitrecevoir, en 17 0 6 , à l’académied<?$inferiptions
& belles-lettres. Il prit pour objet de fes recherches
dans cette académie,, l’établiffem-ent des poftes ,
chez- les anciens & chez les modernes ; il forma
jd& ce. travail,, dans la. fuite.,, un. traité complet
de l’origine des poftes , avec une efpèce de
code fur la matière, corapofé de tous les régle-
mens intervenus en France fur le fait des- porte
s, depuis Louis XI , & il dédia le tout à M.
le marquis de Torcy qui, pour le récompen-
fe r , & en même-tems pour l’attacher a une
adminiftration dont il avoit approfondi les détails,
lui donna la direélion d’une partie des poftes
de la Flandre - françoife ; alors il demanda d s.
lettres d’académicien- vétéran , & alla s’établir au
Quefnoi, pour être à portée des fondions de foa
nouvel état. Il y relia jufqu’à la paix d’Utrecht
conclue en 1713. M. l’abbé de Mornay, nomme
alors a l’ambaflade de Portugal, fe fit un
pîaifir d’y mener avec lui M*. le- Quien , de lui
faire connoitre la nation dont il avoit écrit l’hiftoire
, & de préfemef à cette .nation fon hifto-
rien. Le roi.de Portugal accueillit M. le Quien
avec la plus grande diftinéli-on , le nomma chevalier
de l’ordre de Chrift, lui donna 1500. liv*
de penfion, payables en tout pays. Ce prince
d’après les inftru&ions que lui fournit M. le Quien
Sc d’après les ftatuts & réglemens de l’académie,
des inferiptions & belles-lettres, établit en Portugal
une pareille çompagnie, confacréé de même
à l’étude de l’hiftoire, fous le titre d’Académie
royale cthifioire de Portugal_
M. de h Neuville mourut à Lisbonne te 20 mài
1728., dans fa quatre-vingt-deuxième armée. V eu f
à trente-quatre ans, il étoit refté chargé de neuf
enfarisj il eut la douleur d’én perdre fept; heureusement
les deux fils qui fui relièrent, l’uni
chevalier de Saint-Louis & major du régiment
Dauphin-étranger cavalerie , Tautre direéïeur-gé-
néral des poftes à Bordeaux, étoient propres à;
le confoler de tant de pertes.
QUIETUS ( F ulviu s ), Hiß, rom. ) fécond
fils de • Macrien , fut fait Augulte avec fon frère ,,
quand Macrien fut fait empereur par l’armée
d’Orient en 26 1. Il refta en Orient pour conte.-
nir les P'erfes \ pendant que fon père & fon
frère allèrent combattre Gallien en occident
mais, l’un & l’autre ayant été tués, Odenat f&
fouleva contre lui & Paffié'ga dans Emèfe ;•• les-
habitans le facrifièrent & jettèrent fon corps dans-
les foffés de la ville en 2.62.
QUIGNONES ( François de ).côrderier efi
pagnol, élevé-au cardinalat, pour avoir négocié;
en 17 2 7 -, la liberté du pape Clément V I I , retenu
prifonnier par. l’àrmée- de Charles-Quinr.
On a de lui un bréviaire qui a fervi depuis dé
modèle à tous les bons livres de-ce. genre, mais-
qui: feandaiifa dans le ternis par le retranchement
de plufieurs légendes apocryphes & que le pape-
Pie V fe crut obligé de fupprimer , parce qu’il1
étoit trop conforme au titre que voici : breviarium
ramanum è. facrâ poùjfimum feripturâ & probatis.£anc$
Q u 1
tomm hifloriis confeSum. L’aniverfitè de Paris fe
fouleVa.aufli. contre ce nouveau bréviaire ; elle
voulut en faire arrêter la vente par le parlement,
qui eut la fagefTe de ne rien prononcer fur
cela. Mort en 15^0.
Jean de Qüignones , médecin efpagnol au dix-
fepticnie fiècle , auteur d’un traité intitule : el
monte Vefuvio, & de deux traités, l’un fur quelques
monnoies des romains, l’autre fur les lan-
gouftes ou fauterelles , le tout en efpagnol ,
étoit de la même famille .que le cardinal.
Q U IL L E T ( C l a u d e ) Hiff, litt. mod. ) auteur
du poeme de la Callïpédie qu’il publia en
1 , fous ce titre : Calvidulotti Calliprzdia ,fiv e de
pulcrot prolis alendrz ratione.Qe poëte|fit deux grandes
étourderies dont il fe tira plus heuretifementqifil
ne devoit l’efpérer. L’une fut que , (e trouvant 1
à Loudun dans le temps qu’on y repréféntoit cette J
ridicule comédie d- s religieufes poffédées , que
le cardinal de Richelieu & fon fidèle Laufcardent
en vers françois en 1774. Quillet mourut à Paris en
16 6 1 , la même année que le cardinal. Il étoit de
Chinon en Touraine.
ont changèrent en une fi exécrable tragédie ,
il entendit le diable menacer les incrédules de les
enlever le lendemain jufqu’à la voûte de l’églife;
il le pria de vouloir bien l’y enlever dès ce joar-
même , l’affiirant de fa parfàite incrédulité ; le
diable qui ne s’attendoit pas à ce défi, ne fut
que répondre. Lorfque Quillet eut eu le temps
de faire fes réfléxions, il fentit que ce fuccès
pourroit lui coûter cher, & qu?il n’y alloit peut-
être pas de moins que d’être brûlé, comme le ;
fut peù de temps après Urbain Grandier j? il s’en- •
fuit en .Italie, & dans la fuite le maréchal d’Eftrées,
ambaffadeur de France à Rome (ver s 1636 ou
16 3 7 ) le prit pour fon fecrêtaire. L’autre étourderie
dont on put dire :
Evafii ; credo > metues dodusque cavebis ;
Quteres , quandb iterùm paveas iterumque perire
PoJJis. Heu} totiesfervus, quoe hellua tuptis,
Cum femel ejfugit, reddit fe prava catenis?
fut qu’après avoir., échappé à la vengeance de
. Richelieu , il alla s’expofer à celle de Mazarin ;
il avoit mis dans fon poëme de la Callïpédie des
vers fatyriques contre ce miniflre. Mazarin qui
fiavoit quelquefois donner à fa politique l'air &
le mérite de la grandeur, le 'fit venir, lui déclara
qu’il le nommoit à une abbaye, & ne lut
fit d’autre reproche que de lui dire : Déformais
fache% connaître & ménager vos amis. On peut croire
que dans une fécondé édition la fàtyre fut changée
en éloge , mais il ne falloit pas d’autre éloge
que le .fimple récit de ce fait, où l’auteury par
Faveu qu’il auroit fait de fa faute , l’àuroit suffi
noblement expiée que fon bienfaiteur l’avoit noblement
pardonnée. La Callipedie fut traduite en
profe françoife par M. d’Egly (voyez Egly d* )
de l’académie des belles-lettres, & elle ta été
QUINAUT ou Q U IN Ä U LT , ( P h i l i p p e ) de.
l’académie françoife, {H iß . litt, mod.) eft pour
le genre lyrique ce que Boileau fon ennemi eft
pour la fatire, ce que la Fontaine eft .pour la
fable & le conte, c’eft-à-dire, le grand modèle
de fon genre. Il s’étoit deftiné ou on l’avoit deftiné
à la profeffion d’avocat ; il avoit étadié en droit
& il fut en effet homme de robe; il acheta une
charge d’auditeur des comptes, en faifant un
mariage riche , mais dont la fécondité gêna beaucoup
fa fortune ; il s’en plaint allez plaifamment
.dans des vers connus. Il travailloit à un opéra
dont le roi lui. avoit donné le fuje t; ce n’étoit
pas, difoit-il, cet opéra qtril trouvoit difficile ,
c’étoit le devoir de marier cinq filles :
C’eft avec peu de-bien un terrible devoir
. De fe fentir; prefTé d’être cinq fois beau-père»
Quoi! cinq aftes devant notaire,
Pour cinq filles qu’il faut pourvoir '
O ciel! peut-on jamais avoir
Opéra plus fâcheux à faire î
Quinault fut reçu à l’académie, françoife en 1670 y
& mourut le, 26 novembre 1688 ; il a fait des
tragédies qui ne font pas bonnes, entre autres^
Aßrate :
Avez-vous- lu l’Aftrate ?
C’eft là ce qu’on appelle un ouvrage achevé ;
Sur-tous l’anneau royal me femble bien trouvée
Ici le fatyrique triomphe, & les comédies de
Quinault lui donnent encore beau jeu , fi l’on
veut; il en faut cependant,excepter la mère coquette
, pièce pleine d’intérêt & où l’on trouve
fouvent la délicateflê, la grâce & le ftyle enchanteur
qui diftinguent les drames lyriques du même
Quinault. Bien de plus naïf ni de plus finement
tendre que ce billet qu’Ifabelle écrit à fon amant r
qu’elle croit & qu’elle ne peut croire infidèle :
Je voudrois vous p a r le r& nous voir feuls tous deux 5
- -Je ne conçois pas bien pourquoi je le défire^
Je ne fais ce tjine je vous veux-,
Mais s'aimez-vous rien à- me dire r
La fcène où les amans fe réconcilient n’a;
pas le caraftère comique que Molière a sû donner-
à plufieurs de fes fcènes d’explication & de réconciliation
entre les amans ÿ mais ce caraéfèrecomique
eft remplacé par la douceur la plus ajmahle: &
[ la fimpiieité la plus touchante» ,