
J9Î, R O C R 0 D
ROCOUB À tC A CO U SA G . (F e u orientait ]
Ces deux mots rocoub aléa c o u f a g , .lignifient la
cavalcade du vieillard : çVft le nom aune fête
que les anciens Perfans célébroient à la fin de l’hiver.
Dans cette fête, un vieillard chauve , monté
fur un âne , & tenant un corbeau d’une main,
courdit par la ville & par les places en frappant
d’une baguette cêux qu’il rencontroit dans fa route.
D ’H e rb tlo t. ( D . J . )
R O D
RO DER IC ou RO R IC , ( Hiß. de Sji'ede. ) rcî
de. Suède, qui fit la guerre aux Vendes, aux F in-
landois , aux Rufliens , aux Efthoniens , répandit
leur fang pour le fehl plaifir de le répandre,&
abandonna fes conquêtes , dont il fut raflafié , dès
qu’il en fut maître. Il fournit aiifli le Danemarck ,
& c’eft probablement pour cette raifon. que les
hifioriens Danois difputent ce prince aux Suédois ,
comme fi un homme qui fut le fléau de fes femblables,
méritoit qu*on recherchât avec tant de chaleur
quelle fut fa patrie. Celui-ci régnoit vers le commencement
du troifième fiècle. (Af. DE S a c y . )
RODOGUNE , { Hiß, m e.) fille de Phraates,
roi des Parthes , mariée à Demétrius Nicanor ,
roi de Syrie , qui avoit déjà pour femme Cléopâtre
, dont la vengeance éclata par les plus terribles
coups. Cette hiftoire eft fur-tout célèbre pour
avoir fourni à Corneille ie fujet de fa tragédie de
Rodogune. Corn* i l le d a n s fa préface , rapporte
le paffage d’Appien Alexandrin, qui fer t de fondement
à fa pièce. Cléopâtre pour fe venger d’avoir
cté quittée pour Rodogune, commença par époufer
Antiochus, frère de forî mari. Antiochus ayant
été vaincu dans une bataille contre Phraates ,
fe tua lui-même. Demétrius- voulant rentrer dans
fes étais, Clçbpgtre fa femme,lui dre fia des embûches
& le 'fit périr. Elle avoir deux fils de lu i,
Seleucus & Antiochus ; Seleucus ayant le diadème
après la mort de Ton père , elle le tua d’un coup
de flèche , foït qu’elle craignît qu’il né voulût venger
la mort de fon père foit que , comme Corneille
l’a con çu e lle voulût çpnferyer la çourpnnç
par elle-même :
,• <
Trône, à ^abandonner je ne puis conferitir !
Elle alloit perdre aufli Antiochus; mais il contraignit
lui - même cette coupable mère d’avaler
l e poifon qu’elle lui avoit, préparé. Ces événemens
f e paflbient environ cent trente ans avant l’ère
chrétienne.
RODOLPHE de Habsbourg, premier du nom ,
.dit le Clément, ( Hißoire d?Allemagne. ) dix-neü-
yième roi ou empereur d’Allemagne , naît en
Ï 2 12 d’Albert le fage, comte de Habsbourg , &
d’HedwIge de Kibourg, eft élu en ï 2 1 8 mèur?
en 1291.
L ’Allemagne fatiguée de l’anarchie dans laquelle
elle languiffoit depuis la mort de Frédéric II ,
confentit enfin à fe donner un véritable empereur;
elle avoit couronné plufieurs fantômes qui étoient
difparu fans avoir pu rien faire pour fon bonheur.
Les éieâeurs, forcés par le fouverain pontife
( Grégoire X ) qui les menaçoit de nommer de
Ton chef à l’empire, s’aflesnblèrent à Francfort.
Il femble que ces électeurs fe croyoient au-deflus
d’un empereur; en effet, aucun ne concourut
pour l’être. Les fuffrages fuient partagés entre
trois fujets, qui ne fembloient pas faits pour les
mériter; c’étoit un comte de Goritz, feigneur d’un
canton du Frioul, & qui étoit peu connu ; urt
Bernard, plus obfcur encore, & qui n’étoit confédéré
que par quelques prétentions fur le duché
de Carinthie. Rodolphe le troifième, n’avoit.aucuns
fiefs confidérables, c’étoit à la vérité un grand
capitaine ; fa valeur & fa capacité avoient été
utiles à Ottocare, roi de Bohême, dont il étoit
le grand-maître d’hôtel. & le grand maréchal.
Comme il y eut partage dans les vo ix , on choifit
pour arbitre Louis-le-Sévère, duc de Bavière 5c
comte Palatin. Rodolphe étoit occupé à de petites
guerres que fe fsifoient, continuellement les fei-
gneurs de fiefs, lorfqu’on lui apporta la nouvelle
de fon élection. Il fe , rendit auflî-tôt à A ix -la -
Chapellé, oii fe faifbiént les cérémonies du couronnement
des empereurs. Le feeptre de Charlemagne,
fur lequel on avoit coutume de prêter
ferment-, s’étoit perdu pendant les guerres
civiles. Plufieurs feigneurs commençoient à fe prévaloir
de çet accident pour ne point le reconnoître ;
Rodolphe porte auflî-tôt la main fur un crucifix ,
& fe tournant vers lés féditieux : voilà, dit-il
auflî-tôt, quel fera déformais mon feeptre. Ce
trait de fermeté écarta tous les obftacles, & fut
regardé comme un préfage infaillible d’un régné
glorieux. Rodolphe ne fe hâta pas d’aller en Italie,
Il comparoit Rome à Vautre du lion : j'a i bien
yu des empereurs aller aurdelÀ des Alpes ,* mais
j ’apperçois à peine les traces de leur retour. Il fie
contenta d’envoyer fon chancelier recevoir le
ferment de fidélité des villes fujettes ; mais confi-
dérant que la domination des , empereurs . dans
cette contrée n’avoit fervi qu’à faire le malheur
de l’Allemagne, & qu’il faudrait verfer beaucoup
de fang pour l’y maintenir, il - confentit à vendre
fes droits. Florence fut déclarée ville libre, moyennant
quarante m ile duçats d’or ; Luques en donna
douze mille, Gênes & Boulogne fix mille. 11
.céda à Nicolas III les terres que la çomtefle Ma-
tilde avoir cédées au faint fiégey & renonça à
exercer aucun droit de fuzeraineté fur la ville
de Rome. Mais il ne faifoit ces conceffions que
pour affermir fon autorité, en Allerp’gne, &
pour y faire fuccéder Tordre à la confufion. IL
aVoit un grand empire â réformer, 8c il fentoit
combien
R o n
«frïîïbïen cet ouvrage étoit difficile. L’AI face é*oit
partagée entre plufieurs Teigneurs qui s’obftinoient
à ne point reconnoître de maître. On ne pouvoit
fe difpenfer de faire la guerre, Rodolphe obtint
des troupes par fa prudence , 8c fournit tout
par fa valeur. Ceux qui pofledoient des terres
dans la Suabe relevoient de la maifon impériale
de Suabe ; après l’extin&ion de cette il lu lire famille,
par le fupplice de l’infortuné Conradin,
ils prétendirent ne relever que de l’Empire.
Rodolphe les força de reconnoîtrç l’autorité d’un
gouverneur , il en mit un également en Alface.
Cependant Ottocare I I I , roi de Bohême , dif-
féroit à rendre -hommage ou plutôt le refufoit
avec arrogance ; fes ambafladeurs proteftèrent
même en pleine afîemblée contre TelefÜQri de
l’empereur. « Le roi Ottocare, dfoiuAL nToîam-
ment, ne doit rien à Rodolphe“ autrefois fon
» domeftique; il ne lui a rien retenu de fes gages».
Rodolphe, pour réponfe, le fait déclarer ennemi
de l’empire ainfi que le duc de Bav ière , qu’il
avoit attiré dans fon parti. Le roi de Bohême
voulut en vain foutenir fa révolte; attaqué dans
le centre de fes états, il eft forcé de tomber à
gçnoux devant celui qu’il a dédaigné comme fon
domeflique. Le fier Ottocare confentit donc à
faire hommage pour fon royaume de Bohême &
pour le duché de Moravie ; il demanda pour
grâce de rendre çet hommage fous des tentes
pour s’épargner une mortification publique.
L ’empereur pafla dans l’île de Camberg, au milieu
du Daaube; Ottocare vint l’y trouver, couvert
d’or & de pierres précienfes. Rodolphe , qui
n’eftime que les qualités de l’ame, le reçoit
avec un habit gris, qu’il porte ordinairement;
mais, au milieu de la cérémonie, la tente fe lève
& laiffe voir aux deux armées qui bordent le
fleuve, le fuperbe Ottocare à genoux, les mains
dans celles de fon vainqueur. Le roi de Bohême
cédoit par le traité tous fes droits fur l’Autriche ,
la Sririe & la Carnîole. Cette paix fut aufli - tôt
rompue que.fignéél'La reine de Bohême, prin-
cefle ambirieufe, fit rougir fon mari de vivre
fiijet de l’empereur, qu’elle sppeilolr toujours fon,
maître-d’hôtel. E le avoit cependant éprouvé plusieurs
fois que ce maît e d’hôtel étoit un grand
général; Ottocare paya de fa tête la vanité de
fon époufe ; il fut vaincu 8c tué dans une bataille.
Rodolphet modéré dans la v itlo u e , plaignit les
vaincus, & donna la couronne de Bohême à
Wencéflas, fils du feu roi-; auquel il fit époufer
Quelque temps après une de fes filles. L’empereur
fit auflî-tôt ion entrée dans Vienne, & y fixa
fa cour. Louis de Bavière, qui avoit des droits
fur l’Autriche, fit plufieurs tentatives pour l’en
eloigner. Rodolphe fond fur lui avec (es troupes
vi&orleufes , & le met- en fuite ; alors , dit un
moderne, on vit ce prince que leséle&eurs avoient
appelle à l’empire, pour y régner fans pouvoir,
-devenir en effet le conquérant de l’Allemagne ,
Hijloire. Tome 1F .
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oc leur întpofer la loi ; mais tandis qu’il affermiflbir
le trône , & lui rendoit quelques rayons de fon ancien
éclat, il ne négligeoit rien pour tirer fa famille
de l’obfcurité ; il donna l’inveflirure de l’Aii**
triche, de la Stirie & de la Carnîole à fes fils ,
Albert 8c Rodolphe. Une vieille chronique que des
auteurs accufent d’infidélité, dit que le jeune Rodolphe
eut le duché de Suabe ; mais de ce que fes.
defeendans ne le pofsèdent plus , ce n’efl pas une
raifon de rejetter ce fait : il eft probable que l’empereur
n’aura rien négligé pour faire paffer dans,
fa famille un fief de cettp importance.il eût bien
voulu placer fon fils Albert fur le trône d’Hongrie,
vacant par la mort de La di fi as I I I , tué par
lesTartares Cumins. Mais Nicolas , qui , conformément
aux prétentions de fon fiège , ioutenoit que.
tous les royaumes étoient fiefs de Rome , lui op-
pofa plufieurs obftacles, 8c nomma Charles-Martel
arrière-fils de Charles d’Anjou. Les Hongrois
ne vouloient pas d’un fils d’empereur pour roi.
Rodolphe ne crut pas devoir entreprendre une
guerre ; d’ailleurs Charles-Martel étoit fon gendre,
il ne paroît cependant pas qu’il eût été ii facile
s’il n’avoit pas eu l ’efpoir d’engager les états à nommer
fon fils Albert pour lui fuccéder ; il les convoqua
même à ce deflein. Il fut refufê , fous prétexte
que l’empire ne pouvoit entretenir deux chefs ;
mais en effet, parce qu’on craignoit toujours de
le rendre héréditaire. Cet Albeit régna après Adolphe
de Nafîau. Rodolphe mourut peu de te ms après
qu’il eut reçu ce refus déguifé, laiflant l’empire aufli
paifible qu’il étoit agité lorfqu’il en prit les rênes.
Sa famille obfcure auparavant figura depuis avec
les plus puiflantes de l’Europe. Ses funérailles furent
célébrées à Spire. Il eut de,l‘impératrice Anne,
fa première femme, outre Albert & Rodolphe , dont
nous ayons parlé, Hartman qui devoit époufer une
princefle d'Angleterre, & fe noya dans le Rhin
en 1282 , & Charles qui mourut enfant. Il en eut
encore quatre filles. La première £ pou fa Loui.s le
Sévère , duc de-Bavière & comte. Palatin ;
la feco d e , Ocon , duc de la baffe Bavière ;
la troifième, A bert I I , d’Anhalt, duc de Saxe ;
la quatrième, Oton, margrave de Brandebourg.
Elifabeth, fa fécondé femme, donna le jour à
Judith, qu’il maria à Wenceflas, roi de Bohême,
& à Clémence, femme de Charles-Ma rie 1, roi de
Hongrie. On lui attribue La loi qui ordonne l’ufage
de la langue allemande dans les aftes publics ,
dans les jugemens & dans les diètes. Quelques
écrivains la lui conteftent ; mais on convient généralement
qu’il ne fe fervit jamais d’aucune langue
étrangère. ( Af— Y. )
Rodolphe d’Autriche , IIe empereur du nom,'
fuccefleur de Maximilien I I , {H iß . d’AVemagre.)
X X X IIe empereur d’Allemagne depuis Conrad I ,
X X V Ie roi d’Hongrie, X X X IIe roi de Bohême,
naquit l’an 15 52 de l’empereur Maximilien II 5s
de Marie d’Efpagne. Il monta fur le trône à l’âge
de vingt-quatre ans. Son père, pour lui affurer la
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