
Naffau dans la Vétéravie , fur le bord de la Lohtt !
cettemaifon a produit un empereur, (A do l ph e )
qui perdit la couronne & la vie l’an 12 9 8 , én
combattant contre Albert d’Autriche I du nom ;
elle a donné un roi à l’Angleterre, (G u il l a u m e III)
plufieurs ftathouders à la Hollande, une foule de
princes à l’Allemagne.
On voit les Naffau à la tête des armées impériales,
dès le commencement du dixième fie «le,fous
les empereurs Henri l’Oifeleur ôc Othon,
Walrame III & Robert fon fils, furent des
capitaines célèbres fous Conrad III & Frédéric
Barberouffe , au douzième fiècle.
Un Walrame , frère de l’empereur Adolphe fut
tué à la guerre un an après lui, en 1299; & Robert,
fils d’Adolphe, fut fait prifonnier à la bataille où
fon père fut tué. Il fiança la fille du roi de Bohème
Wenceflas IV , & commanda tes armées.
Jean , comte de Naffau , mort en 1480 , fut un
des grands capitaines de fon temps, & Philippe fon
fils , mort en 1490 , fut général des armées de
l’empereur Maximilien I.
Balthafar, comte de Naffau, commandeur de
l ’ordre teutonique, tué en 1568.
Dans la branche de Afo^ttf-Sarbruck & Weil-
bourg, Craton tué à la guerre de la HolL*.ide contre
l’Efpagne, fous le prince d’Orange , en 1642.
Gu (lave- Adolphe , général-major* des troupes
de l’empire & maréchal de bataille, bleffé & fait
prifonnier au combat de Kochbert, du 7 oéfobre
16 7 7 , & mort deux, jours apfrès, defes bleffures,
dans le camp des François où il avoit été mené
prifonnier. Il eut un fils, Guftave - Adolphe, tué
à la chaffe en 1683. L’aîné de fes fils, Louis
Craton, entra au fervice de la France , fe trouva
aux batailles de Fleurus & de Nerwinde, & mourut
lieutenant-général le 13 février 17 1 3 .
Dansla branche dite d’Idftein, Guftave-Adolphe,
tué au combat de Saint-Gothart en 1664,
Frédéric-Louis fon frère, tué d’un coup de canon
à Dantzick, en 1656.
De la branche de Witgenftein, Frédéric-Guillaume,
tué aufiége de Bade , le 13 août 1684.
De la branche de Dillembourg, 1 ouis-on Ludovic,
tué à la bataille,dite de Moukerkeide,près de G rave,
le 14 avril 1574.
Adolphe fon frère , tué d’un coup d’arquebufe
à un fiége qu’il faifoit dans la F rife , le 23 mai 1568.
Henri leur frère > tué aufii avec Louis fon aîné,
à Moukcrkeide,
Leur mère, Julienne de Stolberg , avoit vu jufi-
qu’à cent-foixanre enfans & petits-enfans iffus
d’elle.
Un de fes fils , Jean-le-Vieux, eut vingt-cinq
enfans, & en vit jufqu’à quatre-vingt-cinq iffus de
lui.
Un des fils de Jeande-Vieux, ( Philippe, gouverneur
de Ninflègue), fut bleffé & pris dans une
efcarmouehe, en Zélande, & mourut de fes blef-
fures le premier feptembre 1 59J.
De la branche de Siégen , Adolphe, tué & percé
de dix coups, en conduifant. dans le Luxembourg
un parti hollandoïs en 1608.
Maurice, neveu d’Adolphe tué en 1638.
Guillaume-Othon &. Chriftian,frères d’Adolphe,'
tués , le premier en 16 4 1 , le fécond en 1644 .
D’une autre branche , fortie de celle de Dillembourg,
& qui en a confervé le nom, Adolphe,
tué à la bataille de Fleurus en 1690.
De la branche de Dieft, Erneft-Cafimir, tué
à l’attaque de Rurémonde le y juin 1632.
Henri-Cafimir fon fils, commandeur de l’ordre
teutonique, mort à vingt-neuf ans le j 3 juin 1640,
d’une bleffure reçue le 6 du même mois en Flandre.
Guillaume-Frédéric, frère de Henri Cafimir,
mourut le 2 1 oâobre 16 64 , d’une bleffure qu’il
s’étoit faite en maniant une arme.
Jean-Guillaume Frifon, prince de Naffau-Dieft ,
fut noyé le 4 juillet 1 7 1 1 , au paffage du Moërdick.
Mais de toutes lés branches de cette illuftre
maifon de Naffau, qui a verfé tant de fang dans
les combats, celle dont la gloire a été la plus
éclatante, eft la branche d’Orange.
Le comte Henri de Naffau, de la branche de
Dillembourg, vint en 15 15 à Paris rendre hommage
pour les comtés de Flandre , d’Artois & de
Charolois, au nom de l’archiduc Charles fon maître,
qui fut depuis l’empereur Charles-Quint, & traiter
avec François I (ur divers intérêts refpeélifs. On
prétend qu’un article fecret de ce traité, accordé
"de part & d’autre aux conjon&urès, fans aucune
intention réciproque de l’exécuter, fut que le comte
de Naffau épouferoit Claude de Châlon , foeur de
Philibert, prince d’Orange, qui étoit élevée auprès
de la reine de France. Ce mariage, feul article*
du traité qui ait eu fon exécution, fit palier la
principauté d’Orange & tous les biens de la maifon
de Châlon dans celle de Naffau, le prince Philibert
étant mort en 15 30 fans enfans; il feroitremarquable
que l’archiduc eût pris affez d’intérêt ail
mariage du comte de Naffau, pour vouloir qu'on
en fît un article fecret du traité, comme s’il eût
été pouffé, par uneefpècede fatalité, à procurer
l’élévation de cette maifon de Naffau , qui devoit un
jour faire perdre à la fienne une partie des Pays-Bas.
Ce fut ce même comte de Naffau, qui, général
des troupes de l’empereur Charles-Quint en 1 5 2 1 ,
prit Mouzon, & fit le fiége de Mézières que le
chevalier Bayard lui fit lever.
René fon fils , premier prince d’Orange de la
maifon de Naffau, eut l’épaule caffée d’un éclat
de pierre au fiége de Saint-Dizier, & en m< urut
au bout d’un jo u r , le 18 juillet 15 4 4 , à vingt-
fix ans.
Guillaume, fon frère, fut le premier qui intro-
duifit dans fes terres la religion proteftante.
Guillaume, fils du précédent, fut lo fondateur
delà liberté des Pays-Bas. {Voye^ l’article E g m o n t ,
l’article A n jo u -A lençon , & l’article G é r a r d
(Ba l t h a s a r .)
Ce
C e Guillaume, qui eft le neuvième du nom
parmi les comtes de Naffau , eft le premier parmi
les ftathouders de Hollande; il fut élu en 1579.
Mort le 10 juin 1584.
Maurice, fon fécond fils , fut le fécond ftathouder.
Ce fut le plus grand général de fon temps; il
difoir 1 ui-même, fans parler de lu i, que Spinola
étoit le fécond. Il avança, il affermit l’ouvrage
commencé -par fon père; il fit de la Hollande un
état redoutable aux Efpagnols : Tu ren n e ,fon
neveu , étoit fon é lè v e , & avoit fait fous lui fes
premières armes. L’ambition de Maurice nuifit à
fa gloire, & c’eft une tache à la mémoire de ce
grand homme, que la mort de Barneveld & l’em-
prifonnement de Grotius. (Voyeç ces deux articles.)
1} mourut le 23 avril 1627.
Henri-Frédéric àeNaffau, fon frère, lui fuccéda;
il augmenta la puiffance de la république; on l’ap-
pelloit le père des foldats, il ménageoit leur fang ,
& ne les ménoit qu’à des fuccês certains, ménagés
par fa prudence. Ce fut de lui principalement que
Turenne apprit à faire une guerre de combinaifon,
une guerre favante. Henri-Frédéric mourut le 14
mars 1647.
Henri-Frédéric & Maurice, avoient un frère aîné
Phili ppe-Guillaume, qui, à la mort de Guillaume I
fon père, étoit entre les mains des Efpagnols. Il
fut toute fa vie dans leurs intérêts, & fidèle à la
religion catholique. Mort fans poftérité le 20 février
16 18 .
Henri-Frédéric eut pour fucceffeur Guillaume II
fon fils , quatrième ftathouder ; dévoué à la France
& au cardinal Mazarin, il ne refpiroit que la guerre
. contre l’Efpagne , & ne pardonna jamais à la province
de Hollande & à la ville d’Amfterdam
l’influence qu’elles avoient eue fur les états pour
les déterminer à la paix de Munfter. Les princes
d’Orange, après avoir affranchi leur patrie, avoient
toujours afpiréà l’affervir ; ils avoient toujours menacé
la liberté, qui avoit d’abord été leur ouvrage.
Guillaume I I , plus ambitieux que fes prédeceffeurs,
reiâchoit infenfiblement, par £a haine pour la
Hollande , les noeuds qui uniffoient cette province
aux fix autres : celles-ci étoient jaloufes de l’opulence
de la Hollande, & du crédit que cette opulence
lui donnoit dans les délibérations publiques.
Le ftatouder enflamma cette jaloufie., & chercha
par toute forte de moyens, à faire partager fa
haine aux fix autres provinces. Il fe fit donner
une commiflion pour vifiter fucceffivement toutes
les,places de la Hollande, & folliciter dans chacune
le défaveu de quelques délibérations particulières
de la province, joppofées aux délibérations
de la république entière. Cette commiflion ne fut
point refpeâée par la province de Hollande; elle
réclama fes privilèges ; le ftathouder allégua les
loix générales de runion. Les efprits s’échauffèrent,
on négocia cependant ; lës états de Hollande en-r
voyèrent des députés au ftathouder, qui, faififfant
J’ocpafion d’exerc.er à la fois un aéle de vengeance
Ifijîçire, Tome,VI%
& de fouveraineté , fit arrêter fix de ces députés,
& fit marcher fecrétement des troupes pour fur-
prendre Amfterdam. Les Amfterdamois furent
avertis à temps, & dans le prem er tranfport de
leur colère, ils voulurent percer leurs digues &
inonder leurs ennemis. Cette fureur fe railentit
cependant , & fit place à la voie de la négociation
, qui réuffit. Tout s?appaifa , tout rentra dans
l’ordre; mais deWitt, qui avoit été un des fi x députés
arrêtés , de Witt, père des fameux de Witt h an &
Corneille, fe mit contre la maifon d’Orange, à
la tête du parti républicain. A la mort de Guillaume
I I , arrivée le 9 novembre 16 5 0 , trois mois
après l’aventure d’Âmfterdatn, les deux frères
de Witt firent rendre T édit perpétuel, qui fupprima
le ftathoudérat ; mais dans la fuite le parti d’Orange
eut l’avantage, rédit perpétuel fut révoqué, le
ftathoudérat rétabli en 16 72 , en faveur de Guillaume
III. C’eft ce fameux prince d’O range, ce
fameux roi d’Angleterre, Guillaume , fouvent
vaincu à la guerre , jamais défait, & toujours
vainqueur dans les négociations. Le maréchal
d’Eftrades avoit prédit qu’on verroit revivre en
lui Guillaume-le-Taciturne , Maurice & Frédéric-
Henri ; le duc d'Yorck, Jacques I I , qui fut malgré
lui fon beau-père & qui, en 16 8 8 , fut détrôné
par lu i, en avoit jugé de même, & l’événement
prouva qu’ils l’avoient bien connu.
Le prince d’Orange, élevé au ftathoudérat, commença
par détruire dans la république tout autre
pouvoir que le fien ; il fouleva le peuple contre
les de Witt qui furent rnaffacrés. Jean de W itt,
penfionnàire de Hollande , avoit pris foin de l’éducation
de Guillaume I I I , comme Barneveld de
celle de Maurice. Sur le prince d’Orange, devenu
roi d’Angleterre, (yoyeç l’article G u il laum e I I I,
hiftoire (d’Angleterre.) Il mourut fans enfans en
17.02 , & nomma pour fon légataire ce jeune
prince de Naffau-Dieû , qui fe noya en 1 7 1 1 , au
paffage du Moërdick. Ce prince & fon fils pof-
thume Guillaume - Charles - Henri Frifon , ne
furent ftathouders que de quelques provinces, &
non de la république entière; mais en 17 4 7 , le
ftathoudérat général fut rétabli en faveur de ce
dernier, & rendu héréditaire dans la maifen d’O-
range; il a paffé,après fa mort, au prince Guillaume
fon fils ( le 22 o&obre x 7^ 1. )
Que deviendra la liberté de la Hollande ? M.
de Voltaire , dans une apoftrophe à la liberté s’exprime
ainfi fur ce fujet-:
Aux marais du Batave on dit que tu chancelles ;
Tu peux te raffurer.: la race des ICaJJaux
Qui drefla fept autels à tes loix immortelles ,
Maintiendra de fes mains fidèles
Et tes honneurs & tes faifeeaux.
Les bâtards de Naffau n’ont point dégénéré de
la valeur des princes légitimes. Maurice, fécond
ftathouder, qui ne s’eft point marié, n’en a pas