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Adorneeft proclamé doge; Frégofe, malade, eft
pris dans fon lit ; l’évêque de Salerne fon frère &
quelques chefs du parti Frégofe , s’enfuient fur
une barque à Marfeille. Navarre raffemble à la
hâte tout ce qu’il peut trouver de foldats, il gagne
la place d’armes, range en bataille fa petite troupe,
fait la plus belle & la plus inutile réfiftance, on
l ’enveloppe, il eft pris.
En i t a 8 , il étoit au liège de Naples dans l’armée
du maréchal de Laurrec. Ce général étant mort,
moitié de la pelle , moitié de chagrin des défaftres
de 1 armée françoife, & du mauvais fuccès du
liège , le marquis de Saluces , qui lut fuccéda dans
le commandement de j ’armée, fut obligé d’ordonner
la retraite, elle fe fit pendant la nuit, &
dabord en a fiez bon ordre; mais en fuite les en-,
en ayant été avertis, vinrent la troubler,
lis défirent l’arrière-garde, & , pénétrant jufqu’au
corps de bataille que commandoitPierre AeNavarre,
ils firent celui ci prifonnier; on le conduifit à
Naples ou il mourut peu de temps après. On a
écrit qu’fi fut étouffé entre deux matelats par
ordre de l’empereur, en punition de ce qu’il s’étoit
attaché au fervice de la France. Cependant lorfque
le même Pierre de Navarre avoit été prisA Gênes
par les mêmes Impériaux'en 15 2 2 , il avoit été
comme un prifonnier ordinaire; il avoit été
délivré moyennant une rançon, & l’on n’avoit
point exigé qu’il quitât le fervice de France.
Quelle fureur foudaine auroit donc pu engager
I empereur à faire affafiîner lâchement un vie illard
qui n’étoit plus à craindre , & qui ne l’avoit
point offenfé perfonnellement? Car Cétoit comme
nous l’avons dit, fous Ferdinand-le-Catholique ,
que Pierre de Navarre avoit quitté le fervice d’Ef-
pagne pour celui de France , parce qu’après la
bataille de Ravenne, où il avoit été pris" par les
François, la cour d’Efpagne avoit rcfufé de payer
fa rançon. D’ailleurs ces défeftions étoient trop
communes alors pour être punies, & fi l’on eût
voulut les réprimer par la terreur, Pierre de
Navarre eût été livré publiquement au fupplice,'
& non pas étouffé avec un fecret qui autorife à
douter de ce fait étrange.
Ce fut un excellent capitaine que la France
perdit ; fa longue expérience , cet art des mines,
dont il fit un ufage fi nouveau & fi brillant, tant
de fiéges qu’il conduifit, tant de malheurs qu’il
éprouva, fur-tout celui d’être pris jufqu’à trois fois,
l ’ont diftingué parmi les capitaines. de fon temps.
Confalve-Ferdinand de Cordoue, petit-fils du grand
Confalve, moins célèbre, mais plus vertueux que
fon aïeul , généreux ami des héros malheureux,
qttoiqu’ennemis de fon pays, rendit à la mémoire
de Pierre de Navarre, les mêmes honneurs qu’il
avoit rendus à celle dé Lautrec: nouvelle raifon
de douter que Pierre de Navarre foit mort victime
de l’injufte vengeance de l’empereur; il fit
enterrer Pierre de Navarre, ainfi que Lautrec dans
J ’éghfç de Sainte-Marie la neuve, & lui érigea
N A V
' un tombeau avec une infcriptîon, où 11 dit que
la prérogative de la vertu efl de fe faire admirer
même dans un ennemi. Voici cette Infcription :
UJJtbus & memoria Petri Navarri camabri, folerti
m expugnandis urbibus arte da rißmi, Confalvus
Ferimanius, Ludovici filius , magni Çonfalvi Suef-
f ia prtncïpis nepos , ducem Gallorum partes fecutum
pro fepulchri munere honeßavit. Hoc i n s e h a b e t
V IR T U S V T VEL IN HOSTE S IT A D M IR A B IL IS ,
j 3UI . ve & Philippe Tomafîini ont écrit la vie
de Pierre de Navarre.
N A V A R R E T T E , ( F erd in a n d ) {H iß , litt,
mod. ) dominicain efpagnol, millionnaire à la
Chine, & , comme de raifon, ennemi des Jéfuites
Cha rle sII. roi d’Efpagne, le fit archevêque de
bamt-Domingue. On a de lui un traité hißorique ,
politique & moral de la monarchie de la Chine , dont
le Premier volume in folio parut à Madrid en
10 76 ,0 c le fécond fut fupprimé par l’inquifition ,
qui ne permet pas plus à fes miniftres qu’aux
autres dofer penfer. Mort en 1689.
N A U
NAUC LERUS, ( J ean) {Hiß. litt, mod.) N au-
c lerus , Na u c l e r c , c’efl-à-dire, en grec, Na u -
to n n ie r , & Ccfl ce que fignifioit en allemand,
le véritable nom de ce favant, qui étoit P'ergeau;
Un a de lui une chronique latine depuis Adam
jufqu en 1 an 150 0 , continuée par Bafelius jufqu’en
i 5 *4 -Par Surius )urqu’en 1564. Nauclerc étoit
d une famille noble de Souabe , profeffeur en droit
dans 1 univerfné de Tubinge, & prévôt de l’églife
de cette ville ; il vivoit encore en iç o i .
N AU C R A T E , ( Hiß. anc.) poète grec, un de
ceux qui furent employés par Artémife â faire
eloge de Maufole ; il vivoit trois fiècles & demi
avant Jefus-Chrift.
N A U D É , (G a b r ie l ) {Hiß. litt, mod.) né à
Parts en 1600 , bibliothécaire , d’abord du cardinal
Bagni, enfuite du cardinal Barberin, enfin du
cardinal Mazarin, & médecin de Louis XIII. Il
eut un procès criminel à fournir au fujet de l’imi-
tation de Jéfus-Chrift, -qui- ne recommande &
n infpire que la paix. Les bénédtâins attribuoient
ce livre à Jea^ Gerfen, abbé de Verceil, religieux
de leur ordre, les génovéfains à Thomas à Kempis
leur confrère. Les bénédidins fe fondaient fur l’au-
tonte de quatre manufcrits qui étoient à Rome.
Naude étant alors dans cette ville , le cardinal de
Richelieu le chargea d’examiner ces manufcrits.
Naiide^ crut s’appercevoir que le nom de Gerfen,
place a la tête de quelques-uns de ces manufcrits
étoit d’une écriture plus récente que les manufcrits ’
il envoya fes obfervations aux favans meffieurs
du Puy ; ceux-ci les communiquèrent au père
b ronteau , genovéfain , qui fe hâta de donner une
édition de l’imitation , avec le nom de Thomas
N A U
a Kempis , & les obfervations de Naudé. Les bénédictins
mécontens accusèrent Naudè d’avoir falfifié
les manufcrits, & de les avoir vendus aux chanoines
Réguliers , pour un prieuré fimple de leur ordre.
Sur cela grand procès criminel, grandes écritures
de part & d’autre, jugement enfin qui fupprimé
une partie de ces écritures , c’eft-à-dire , qui invite
rechercher, & qui défend de plus d’imprimer
* ^°US ^ noni ^ er^sn 5 attendu qu’elle
e“ . ? K emP*s ; ce qui rendit pour un temps le
public plus favorable à la caufe de Gerfen, &
des benédiétins : il étoit important que Naudé,
jSSgßf Vivant’ re^ at ou chargé ou abfous de la
falfincation dont on l’accufoit : mais qu’importoit
que le meilleur livre du monde fût d’un géno-
vefain ou d’un bénédictin ? Il paroît que fur ce
point, on devoit mettre les parties hors de cour ,
abandonner cette queftion à la critique littéraire, i
& ne la point décider par l’autorité judiciaire, de
peur qu’un jour la critique ne vînt à détruire l’auto-
nte • e$Ç t, depuis ce temps , on a encore beaucoup
difputé fur cette inutile queftion. ( Voyez l’ar-
tjcle K empis ( T h oma s a ). La reine Chriftine ,
invita Naudé à venir à fa cour ; il y alla, mais
i ne s y fixa point, & il ne fut pas le feul favant
qui ne put ou ne voulut pas s’y fixer, après l’avoir
connue. En revenant de Suède, il mourut à Abbeville
en 16 5 3 . Ses ouvrages les plus connus
lont fon apologie pour les grands perfonnages fa u f-
fement âccufes de magie - fes confidérations politiques
f f rt {es coups d’état ; le jugement de tout ce qui a
été imprime contre le cardinal Malaiin , ouvrage
connu auffi fous le titre du mafcurat de Naudé ;
la Marfore, ou difcours contre les libelles ; addition
à la vie de Louis X I ; de antiquitate Jcholce medical
parïfienfis ,• inßruElion à la France , fu r la vérité J
de l hifioire des frères de la Rofe-Croix ,* des poèmes ,
des épîtres , &c.
_ .On a d’un Philippe Naudé, proteflant, né à
Metz en 16 5 4 , mort à Berlin en 17 2 9 , & de
fon fils , diverfes pièces dans les mifcellanea bero-
hnenfia. On a auffi du pere une géométrie.
• N A Y
N A Y B ES , ( Hiß. mod. ) c’eft ainfi que dans les
îles Maldives on nomme des prêtres , fur qui
le roi fe repofe de tous les foins de la royauté.
Ainfi les naybes réuniffent la puiffance fpirituelle
& temporelle, & jugent fouverainement de toutes
les affaires, chacun dans fon gouvernement. Ils
ont fous eux des magiftrats nommés caiibes'l qui
rendent la juftice en leur nom, & qui font auffi
tirés de l’ordre facerdotal. L e chef des naybes fe
nomme Pandiare. Il efl le fouverain pontife &
le premier magifirat de la nation : ceux qui composent
fon eonfeil fe nomment mocouris ; il efl
obligé de les confulter dans les affaires importantes.
{A . R . ) '
N A Y S , {Hiß, mod.) c’efl ainfi qu’on nomme dans
N A Y 23
le royaume de Siam, les chefs ou officiers qui
commandent aux troupes. Il y en a fept efpèces,
diftinguées par différentes,dénominations, fuivant
le nombre des foldats qui font fous leurs ordres.
Le fouverain ne leur donne point de folde, vu
que tous les fujets font ou foldats ou efclavesj
il fe contente de leur fournir des armes, des
. efclaves , des maifons , & quelquesfors des terres,
! qui retournent au roi apres la mort du nays à qui
I il les avoit données. Ces dignités ne (ont point héréditaires,
& les enfans d’un homme en place fe
trouvent fouvent réduits aux fonélions les plus
viles pour gagner leur fubfiftance. Les nays s’enri-
chtffent par les extorfions qu’ils font fouffrir au
peuple , que le defpore livre à leur avidité, fans
que les opprimés aient de reffource contre leurs
oppreffeurs. { A . R .)
N A Z
N A Z E R , ( Hifl. mod. ) c’eft le nom d’un des
grands officiers de la cour du roi de Perfe, dont
la dignité répond a celle du grand-maître de fa
matfon. { A . R . )
N É A
N É A R Q U E , (Né a r c iiu s ) {Hifl. anc.) amiral
d Alexandre-le-Grand; ce prince l’envoya recon-
noître la mer^ des Indes , depuis l’embouchure de
^ iufqu’au fond du golphe perfique. Tandis
quil fe rendoit par terre à Babylone, Néarque,
parti fort tard, parce que les vents étoient contraires,
& côtoyant toujours les bords, parvint
au golphe de Perfe, & arriva à l ’île d’Harmufia
aujourd hui Ormus. Il y apprit qu’Alexandre n’en
| ® t01t <îu à cinq journées ; il mit fa flotte en fureté,
i ‘" . ^ a.renc*re compte à ce prince des découvertes
déjà faites; le ro i, qui n’avoit point de nouvelles
de fa flotte, & qui en étoit fort inquiet, la crut
perdue, lorfqu’il vit venir vers lui Néarque, accompagné
feulement de quatre perfonnes ; l’air
fatigue & négligé que leur donnoit le voyage ,
conhrmoit encore cette idée. Je vois bien, leur
dit-il, que les vents ont diffipé ou détruit ma
flotte, & je ne m’en félicite pas moins de vous
voir échappés au naufrage. Votre flotte , dit
Nearque, n efl ni diffippée ni détruite, & nous
n avons point fait naufrage, il acheva de le défabuler
& de le remplir de jo ie , par le récit de
ion voyage. Alexandre, que ces découvertes flat-
toient plus encore , difoit-il, que la conquête de
toute lA f ie , renvoya Néarque remonter l’E u-
phrate jufqu’à Babylone, Arrien a donné un jour*
j i f cette navigation fur les mémoires même
de Nearque,
N É B
NÉERISSENSIS, (A n to in e ) {Hifl. lia. mod.)