
P O T T E R ; ( C h r i s t o p h e ) ( HIß. litt ',
mod.) chapelain de Cha rle sI, roi d'Angleterre»
fouffrit pour fa caufe. On a de lui des traités
théologiques fur la prédeßi nation & la grâce.
Il a traduit-de l’italien en anglois , & publié en
Angleterre l’hiftoire du différend du pape Paul V
avec les Vénitiens.
Un autre Potter ( François ) mort aveugle en
1678 , étoit de la fociété royale de Londres.
Un autre Potter encore ( Jean ) , théologien
anglois, eft auteur de Yarcheologia grceca, imprimée
dans Gronovius & féparément, oc de remarques
fur S. Clément d’Alexandrie & fur Lycophron.
P O U
? POUCH ARD ( J u l i e n ) Hiß. litt. mod. ) de
1 académie des inscriptions & belles-lettres, pro-
feffeur en langue grecque, au collège ro y a l, &
1 un des auteurs du Journal des favans , étoit né en
près de Domfront en baffe-Normandie. Ayant
peu de fortune, il le confacra d’abord à l’éducation
c e quelques jeunes gens; il éleva le marquis de
Coëtquen qui mourut à la fleur de fon âge ; il
eleva enfuite le jeune Saint-Ange, fils de ce Louis-
Urbain Lefevre, feigneur de Caumartin , confeiller
d état & intendant des finances , dont Boileau a
dit;
Chacun de -l'équité ne fait pas fon flambeau;
Tout n’eft pas Caumartin , 8cc.
E t neveu de l’abbé de Caumarrin de l’académie
françaife, depuis évt que debloi . M. de Saint-Ange
mourut plus jeune encore que le marquis de Coet-
quen , le i 3 août 1699 , dans fa dix-neuvième année
MM. de Caun.a tin n’en furent pas moins les
bienfaiteurs de M. Pouchard.
Celui-ci entra , en 17t 1 , dans l’académie des
belles-lettres. Il fe rendit redoutable par fa critique
dans le Journal des favans. Mort en 1705.
PO U G E T ( F r ançoiS 'A m f ) ( Hiß. litt. mod.')
Prêtre de l’oratoire, né à Montpellier en 1666, étant
vicaire de la paroiffe de .''aint-Roci: à Paris en 16 92 ,
eut part à ce qu’on appella la converfion de la Fontaine
, dont il donna une relation qui fut publiée
par le P, Defmolets, confrère & ami du P. Pouget "y
mais c’eft par le catéchisme de Montpellier que le
P. Pouget eft le plus connu. L ’évêqué de Montpellier,
Colbert, l’a voit mis à la tête de fon féminaire,
8c il ne pouvoit y mettre un théologien plus inf-
truir. Ce catéchifme de Montpellier eft fort vanté
par les Janféniftes, & leurs adverfaires même le
refpeâent. M. de Charancy, fucceffeur de M. Colbert,
& qui ne penfoit pas comme lui,, a fait à ce
catéchifme deschangemens qui n’en relèvent pas
le prix dans l’opinion publique. Ce catéchifme eft
bien moins un catéchifme qu’un bon ouvrage de
théologie; & pour en faire un grand ouvrage théo* j
Iogi<(ue en deux volumes in - folio , H n’a fallu ;
en le traduifant en latin , que citer en entier
les palTages dont il eft le rèfultat, & qui n’é-
toient qu indiqués dans l’original français ; c’eft
ce qu’avoit entrepris & commencé le P. Pouget lui-
même , & ce qui a été achevé par le P. Defmolets ,
& publié en 172.5 , deux ans après la mort du
P. Pouget, arrivée en 17 2 3 , dans la maifon de
S. Magloire à t Paris. L’édition du catéchifme de
Montpellier la plus recherchée, eft celle de Paris
17 0 2 , en un feul volume in-40. ou en 5 volumes
in - 12 . L e P. Pouget eft encore l’auteur ou du moins
l’éditeur & le revifeur d’une inßruüion chrétienne fur
1er-devoirs des chevaliers de Malthe. Il a eu part au
bréviaire de Narbonne.
POUILLY. (Vo y e z L e v e sq u e . )
POULAIN, ( Hiß. mod. ) épithète groffière qu’on
donna vers le milieu du treiziéme fiècle aux chrétiens
métifs, qui s’étoient cantonnés fur les côtes de
S y n e , & qui n’étoient plus la race de ces premiers
j Francs établis dans Antioche & dans T y r . Céto?t
j une génération mêlée de Syriens, d’Arméniens &
J d’ r uropéens , fournis pour la plupart au foudan
d’ Egypte. Ceux qui fe retirèrent à Prolémais fur la
fin du même fiècle, furent exterminés ou réduits en
efclavage. ( D. J. ).
PO U LAINE , f. f. ( Hiß. des m o d e s Les pou-
laines étoient de longues pointes de certains foultet
s > qui furent défendues du temps du roi
O a rle s V I.
Parmi les arrêts d’amour compofés par Martial
d’Auvergne, on trouve celui-ci ; « Il y ha
» fix ou huid varletz cordoanniers'qui fe font
j> plainét en la court de céans , de ce qu’il fault
» maintenant mettre aux poin&es des foulliers
r> qu’on fa id , trop de bourre; difans qw’ilz fon«t
» trop grevés, & qu’ilz ne pourroyent fournir les
» compaign -ns, ny continuer cette charge, s’il*
» n’en avoient plus grand gaiges qu’ils n’avoyent
» accouftumé, attendu que le cuyr eft cher, &
v que lefdi&es poulaines font plus fortes à faire
» qu’ilz ne fouloient.
» Si ha la court faid faire information & rap-'
» port du profit & dommage qu’ilz en ont &
n pourroyen,t avoir ; & tout veu & confidéré ce
» qu’il falloit confidérêr, la court dift que lefdi&fc
» cordoanniers feront lefdides Poulaines groffes
» & menues, 2 l’appétit des eompaignons, &
» fuivantz ledid fervice d’amours, fur peine d’a-
n mende arbitraire ».
Rabelais, liv. I I , chap. / , fait aufti mention
des fouliers à pou!aine. M'zerai , dans la vie
de Chatles V I , raconte que fous le r gn ■ de
ce roi, les gens de qualité avoient mis en ufage
une certaine forte de chauffure, qu* par devant
avoit de longs becs recourbés en haut ( ils les
nommoient des poulaines) 3 & par-derrière comme?
des éperons qui fortoient du talon. Le r o i, par
fes édits, bannit eette ridicule mode ; mais elle
revint, & dura jufque bien avant dans le quinziéme
fiècle. Rorel r dans fon trefot, & ç . prétend
que les fouliers à poulaine étoient faits à la polo-
noife ; c a r , dit-il, p'olaine, c’eft la Pologne. ( D. J . )
PO U LE T S , four i , .{invent, êgypt.) c’eft en
Egypte un bâtiment conftruit dans un lieu enfoncé
en terre, & en forme de dortoir ; l’allée qui eft
au milieu a quatre ou cinq chambres à fes cotes
de part & d’autre.
La porte de l’allée eft fort baffe & fort étroite ;
elle eit bouchée avec de l’étoupe, pour confer-
ver une chaleur continuelle dans toute l’etendue
du four.
La largeur des chambres eft de quatre ou cinq
vpieds, & la longueur en a trois fois Autant.
Les chambres ont double étage ; celui d’en bas
eft à rez de chauffée ; celui d’en haut a fon plancher
inférieur, & ce plancher a une ouverture
ronde au milieu ; le plancher fupérieur eft voûté
en dôme & .pareillement ouvert.
Au lieu de porte, chaque étage a une petite
fenêtre d’un pied 8c demi en rond.
L ’étage inférieur eft rempli de quatre ou cinq
mille oeufs 8c même plus, car plus il y en a ,
8c mieux l’entrepreneur y trouve fon compte.
D ’ailleurs y cette multitude d’oeufs contribue à
entretenir la chaleur, qui fe communique à tous
les oeufs accumulés les uns fur les autres.
L ’étage fupérieur eft pour le feu. Il y eft allumé
durant 8 jours, mais non pas de fuite, car la
chaleur en feroit exceflive 8c nuifible. On l’allume
feulement une heure le matin & autant le foir ;
c’eft ce qu’on appelle le dîner & le fouper des poulets.
Ce feu le fait avec de la bouze de- vache ou avec
» de la fiente d’autres animaux, féchée & mêlée’
avec de la paille ; on en exclud le bois & le
charbon qui feroient un feu trop violent.
La fumée fort par l'ouverture de l’étage fupérieur;
mais il faut remarquer que pendant que
cet étage fupérieur demeure ouvert, on ferme
exa&ement avec de l’étoupe la petite fenêtre de
l ’étage inférieur, & le trou rond du dôme, afin
que la chaleur fe communique par l’ouverture
du plancher dans cet étage d’en bas où font les
ceufs.
Le huitième jour paffê, la fcène change. On
fupprime le feu; l’étage où il étoit fe trouvant
vuide, eft rempli d’une partie des oeufs qu’on
tire d’en bas, pour les mettre au large & les distribuer
également dans les deux étages ; les portes
ou petites fenêtres de ces deux étages qui avoient
été ouvertes, fe ferment,* & on ouvre à demi
le trou du dôme pour donner de l’air.
Cet état des oeufs fans feu eft aidé feulement
d’une chaleur douce 8c concentrée durant treize
jours, car ces treize jours, joints aux huit premiers
, font vingt-un jours. C’eft environ au dixhuitième
qu’un efprit vivifique commence à remuer
le blanc d’oeuf, & fon germe déjà formé;
on le voit à travers la coque s’agiter & le nourrir
du jaune*qu’il fuce par le nombril. ^
Deux jours après, c’eft-à-dire, le vingtième,
le pouflin applique fon bec à la coque & la fend ;
l’ouvrier avec fon ongle élargit tant foit peu la
brèche, pour aider les foibles efforts du pouflin.
Le vingt - unième après midi, ou le vingt-
deuxième au matin » toutes les coques fe rompent ;
une armée de petites volatiles s’élance & fe dégage
chacune de faprifon; lefpeélacleeneft raviffant. Les
chambres du four paroiffoient hier couvertes de
coquilles inanimées, & on les voit remplies de
prefque autant d’oifeaux vivans; je dis pref que ,
car le nombre des coques excède le nombre des
pouffins. Le direâeur du four ne répond que des
deux tiers des oeufs; ainfi l’entrepreneur remettant,
par exemple, fix mille oeufs entre les mains
de l’ouvrier, n’exige de lui que quatre mille p ouf-
fins à la fin de l’opération ; le refte eft abandonné
au hafard, & il en périt près d’un quart.
Mais comme il arrive prefque toujours que les
oeufs réuflîffent au-delà des deux tiers, tout le
profit n’eft pas uniquement pour l’ouvrier, l’entrepreneur
y a fa bonne part. L ’ouvrier eft obligé
de vendre à celui-ci pour fix médins chaque centaine
de pouffins éclos au-delà des deux tiers, &
il faut obferver que l’entrepreneur vendra les cent
pouffins tout au moins trente médins.
Ce qui doit paroître furprenant, c’eft que dans
ce grand nombre d’hommes qui habitent l’Egypte ,
où il y a trois à quatre cents fours à poulets , il
n’y ait que les feuls habitans du village de Ber-
mé, fitué dans le Delta, qui ayent l’indufiiie héréditaire
de diriger ces fours; le refte des Eg yp tiens
l’ignore entièrement; fi on en veut (avoir I2
raifon, la voici ;
On se travaille à l’opération des fours que durant
les fix mois d’automne & d’hiver, les^ autres fai-
fons du printemps & de l’été étant trop chaudes
& contraires à ce tvavail. Lorfque l’automne approche
, on voit trois ou quatre cents Berméens
quitter les lieux où fis fe font établis , & fe mettre
en chemin pour aller prendre la direâion des
fours à poulets; , conftruits en différens bourgs de
ce royaume. Ils y font néceffairement employés ,
parce qu’ils font les. feuls qui aient l’intelligence
de cet art., foit qu’ils aient l’induftrie de le tenir
fecret, foit que nul autre Egyptien ne veuille fe
donner la peine de l’apprendre & de l’exercer.
Les direaeurs des fours à poulets font nourris
par l’entrepreneur ; ils ont pour gage quarante
ou cinquante écus ; ils font obligés de faire le choix
des ceufs qu’on leur met entre les mains pour
ne conferver que ceux qu’ils croyent pouvoir
réuflir ; ils s’engagent de plus à veiller jour &
nuit pour remuer continuellement les oeufs, &
entretenir le degré de chaleur convenable à cette
B b b 2