
!’ tant exiger de nous, mais on peut nous dire :
naturalifez vos amis, puifque les avantages en
* tout palpables. » ( D . J . )
N A V
, NA VAGERO , ( A ndré ) ( Hiß. litt. moi. )
( NAUGERIUS ) noble Vénitien , envoyé fuc-
ceffivement en ambaffade par fa république auprès
de 1 empereur Charles-Quint & auprès de François
I ; mais il ne parvint point auprès de ce der-
n ie r , étant mort en chemin en 1529. Il fut chargé
§ P H H I v o i r e de fa patrie depuis l’an i486 ,
& il 1 écrivit en effet, mais il la brûla dans fa
dermere maladie, en étant.fans doute mécontent,
ce qui doit arriver a fiez naturellement à un bon
efpnt qui a écrit l’hiftoire de Venife à Venife,
c eft-a-dire, fous les yeux de l’inquifition politique
toujours alarmée de toute vérité. Navazero
aimoit par-deffus tout la retraite & l’étude. Ses
ceuvres ont été recueillies à Padoue en 1 7 1 8 , fous
ce titre : Andrea Navagerii, patrici Veneti, oratoris
o* poatç clariffimi, opéra omnia. On y trouve des
poehes, des harangues, des lettres; il paroîtque
dans les poelies il s’étoit principalement propofé
pour modèle la douceur & la délicatefle de Catulle
, & comme Martial lui paroiiïbit dégénérer
du bon goût & de la fimplicité de Catulle, il
iimmoloit à fon modèle chéri ; il avoit pris la
coutume de jeter au feu tous les ans, à un certain
jo u r , qu il regardoit comme confacré aux mufes ,
tm certain nombre d’exemplaires de Martial. C’eft
dans ce fens que feu M. Diderot, qui , fi fes
amis & fes-juftes admirateurs permettent de le
dire, feint quelquefois de l’enthoufiafme , lorfqu’il
n’ety a pas , a dit dans l’éloge de Lafontaine
place a la tete d’une jolie édition de fes contes :
« Une fois chaque année j’irai vifiter fa tombe.
» Ce jour-là je déchirerai une fable de Lamotte,
” un comte de Vergier, ou quelques-unes des meil-
» leures pages de Grécourt. »
E h ! pourquoi déchirer? eh ! pourquoi brûler?
pourquoi ces holocauftes pédantefques, réels ou
métaphoriques ? mérite-t-on le feu parce qu’on eft
refté -inférieur à celui qui a le mieux fait dans le
même genre ? C ’eft peut-être à cette forte de froid
& fyftématique enthoufiafme qu’il faut imputer en
partie^ la perte de tant de bons ouvrages de l’antiquité
, qui pouvoient être encore d’un grand
P” * » jjuoiqu’inférieurs, à quelques égards, aux
chefs-d’oeuvre qui nous fontreftés. Dira-t-on, par
exemple, que nous ne perdrions rien fi tous les
exemplaires^ de Martial avoient été immolés à
Catulle ? N ’immolons rien & jouiflons de tout.
: N A V A IL L E S , ( Mo n t a u l t -Ben a c d e ) ( Hiß.
) niaifon confidérable du Bigorre, Jean de
Montault, feioneur de Benac , fervit utilement
les rois Jean & Charles V contre les Anglois.
Jean-Paul, baron de Benac, fut tué à la bataille
de laint Denis,
_ J uatre Bernard, baron de Monfauîf
& de Benac, un fut tué au fiége de Saint-Jean-’
dAngelien 16 12 . Les autres moururent de maladie
fuite des fatigues de la guerre, Blaife ait
liege de la Rochelle, un fergneur de la Roque-
Navailles, dans l’île de Rhé , où il commandoit la
cavalerie ; un quatrième au fiége de Lamothe e»
1 634. _
Philippe de Montault-Benac, leur frère- aîné ,
fenechal de Bigorre, mort en 16 5 4 , fut créé duc
de Navailles & pair de France.
Mais le perfonnage le plus célèbre de cettff
maifon eft le maréchal duc de Navailles, Philippe-
de Montault-Benac, fils du précédent; il étoit né-
proteftant. A 1 âge de quatorze ans , en 1635 , il
avoit été réçu page chez le cardinal de Richelieu ,
qui prit le loin de le convenir , lui & toute fa-
famille : Navailles lui fut toujours fidèlement
attache, ainfi qu’à fon fucceffeur le cardinal Ma -
zarim II entra au fervice en 16 3 8 , commanda
1 armee d Italie, en 16 38 , fous le due de Modène*
& prit Mortare dans le Milanès , le 2.3 août.
L annee fuivante il commanda cette même armée
en ch e f En 1662 il fu t, ainfi que fa femme, la
victime de cette fameufe intrigue de Madame ,
de lacomtefle de Soiftons, du comte de Gniche
& du marquis de Vardes, où H W d’inftruire
la reine , Marie-Thé rè fe , de l’attachement de
Louis X IV pour mademoifelle de la Vallière ;
Vardes eut la perfide adreffe de tourner les foup-
ǰns contre la ducheffe de Navailles, dame d’honneur
de la reine , mais qui étoit abfolument
innocente du complot : la calomnie prévalut, elle
fut obligée de vendre fa charge à madame de
Montaufier; le duc de Navailles fut forcé aufli de
vendre fa- charge de capitaine-lieutenant des che-
vaux-legers au duc de Chaulnes, & fon gouvernement
du Havre au duc de Saint-Aignan. L e s
Navailles étoient, dit M. le président Hénault
les pi us honnêtes gens de la cour.
En 1669 le duc de Navailles commanda le fecours
que le roi envoyoit en Candie aux Vénitiens. I f
eluiya encore une difgrace en cette occafion : les V é-
I nitiens fe plaignirent de fa conduite , & , fur leurs
! plaintes, il fut relégué pendanttroisans dans une de
fes terres. D prétend , dans fes mémoires, qu’il fe
juftifia pleinement. Il eut divers commandemens
en 1673 & i 674- Dans cette dernière année i f
commenç la conquête de la Franche-Comté par la
pnfe de Grai, & cette même année il comman-
doit i aile gauche au combat de Senef. En 167e
il fut un des huit maréchaux de France créés après
la mort du vicomte de Turenne. En 1=676 il alla
commander en Roufiillon. Le 4 juillet 1677 il
battit le comte de Monterey dans le Lampourdan.
Le 28 mai 1678 , il prit Puycerda en Catalogne*
t n 1603 , il fut fait gouverneur de M. le duc de
Chartres, qui fut depuis régent du royaume. U
mourut le 3 février 1684. Les injuftices qu’il avoit
éprouvées autrefois ay oient été réparées en grande
partie; il avoit e u , outre le bâton de maréchal,
qu’il avo:t bien mérité par fes fervices, le gouvernement
de la Rochelle & du pays d’Aunis.
Quand au cordon-bleu , il l’avoit dès 16 6 1 ,
avant fa difgrace.
NA VA R R E ( un des quatre vieux corps ) s’eft
fignalé dans toutes les occafions. Henri IV lui
donna le premier rang au fiége de Paris en 13 8 9 ;
au fiége de Chartres en i j '9 1 , le fort décida en
faveur de Picardie , mais le roi voulut que Navarre
eût rang en fui te. Sous Louis X I I I , dans le
temps des guerres civiles, en 16 1 3 , le maréchal
de Bois-Dauphin , qui commandoit les troupes
royales contre les rebelles, fe fervoit dans toutes
les aéïions du régiment de Navarre, préférablement
à celui de Picardie.
D ’Aubigné , dans fon hifloire , remarque une
chofe fingulière du régiment de Navarre ; c’eft
qu’au fiége d’Amiens par Henri IV , Porto-Car-
re ro , qui en étoit gouverneur, ne faifoit jamais
de fortié, lorfque ce régiment étoit de jour à la
tranchée, tant il étoit redouté. A la bataille de
Fleurus, à la journée de Saint-Denis & à celle
de Spierbac , ce même régiment fe diftingua
par une valeur extraordinaire. Son drapeau a le
fond feuille-morte, la croix blanche au milieu ,
& au centre de la croix les armes de Navarre.
Milice françoife de D aniel, abr; en deux vol. 1773.
( £•)
N a v a r r e , (Pier r e ' (Hijl. modl) Pierre Navarre
ou de Navarre étoit un efpagnol ou bafque, foldat
de fortune, le premier ingénieur de l’Europe, & un
des premiers capitaines ; fon mérite l’avoit élevé
au commandement en Efpagne. A la bataille de
Ravenne, e n i y i 2 , où il commandoit l’infanterie
efpagnole, il avoit long-temps difputé la viftoire
à Gafton de F o ix , général de l’armée françoife ;
il en coûta la vie à Gafton & la liberté à Navarre.
Le duc de Longueville ayant été pris, en
1 3 1 3 , à la bataille de Guinegafté par les Impériaux
, alliés des Efpagnols, Louis X II lui donna
Navarre, afin que la rançon qu’il entireroit, l’aidât
à payer la fienne ; mais Cardonne , vice-roi de
Naples, lâche guerrier , qui avoit fui des premiers
à la bataille de Ravenne , ofa imputer fa
défaite à Navarre , objet de fa baffe envie ; le roi
d’Efpagne , Ferdinand le Catholique , par une
économie déplacée , faifit ce prétexte derefufer la
rançon de Navarre , qu’il favoit n’être pas en état
de la payer. Louis X II & François I lui firent
les offres les plu> preflantes pour l’attirer à leur
fervice ; il en fit part à Ferdinand, fon maître ,
qui ne daigna y faire aucune attention ; enfin
Navarre prit le parti de s’attacher à la France , en
proteftant contre fon ingrate patrie , q u i, pour
prix de fes fervices , le condamnoit à une captivité
éternelle. Lorfqu’en 13 1 3 , François I , à
peine parvenu au trône, fe difpofoit à porter la
guerre dans le Milanès, Pierre de Navarre parut
fe plaire à fe venger du roi d’Efpagne & à le
braver, en levant pour François I, fur les frontières
des deux royaumes, dix mille GafconsouBafques
fes compatriotes. C ’eft Pierre de Navarre qui inventa,
ou du moins qui exerça le premier en Europe ,
avec un fuccès marqué, l’art des mines par la
poudre , fi redoutable dans les fiéges ; on ne
connoiffoit avant lui que les mines par excavation;
c’eft-à-dire , qu’on creufoit un terrein, qui reftoit
foutenu par des étançons, auxquels on mettoit le
feu au moment où on vouloit faire jouer la mine;
l’explofion de la poudre produifoit des effets bien
plus fubits & bien plus aifés à préparer. Au fiége
de Milan, dans cette même année 1 3 1 3 , Pierre
de Navarre ne fe propofoit pas moins que de
faire fauter en l’air le château de Milan , par le
moyen de fes mines ; il penfa lui-même être la
vidime de fon art terrible : une cafemate du boulevard
qu’il fit fauter, & dont il fe trouvoit trop
près, l’enfevelit fous fes ruines 5 on ne l’en tira
qu’avec peine, prefque écrafé, couvert de bief-;
fures ; les travaux, que lui feul favoit diriger, en fouf-
frirent quelque temps. Dès qu’il fut en état de
les continuer, les afliégés s’alarmèrent, la cafemate
renverfée les menaçoit d’un péril plus grand.'
L’art des mines effrayoit d’autant plus, qu’il étoit
plus nouveau , & que les fecrets en étoient moins
connus , le chateau de Milan pouvoit fauter en
l’air avec le duc & tous les afliégés. Le duc, après
vingt jours de fiége , remit aux François les châteaux
de Milan & de Crémone, les deux feules
places qui lui reftoient dans le Milanès; & ce fut
principalement l’effet de la terreur qu’infpiroit
Pierre de Navarre.
En 13 2 2 , lorfque Lautrec eut perdu le Milanès ;
Gênes, qui appartenoit alors à la France, fe par-
tageoit entr’elle & les Impériaux, les Adornes
étoient pour Charles-Quint, les Frégofes pour
François I ; le parti des Adornes fe fortifioit de
jour en jour par les fuccès des Impériaux & des
Efpagnols en Italie. Oâavien Frégofe, qui commandoit
dans Gênes pour François I , étoit malade
& découragé ; il réclamoit en vain les fecours des
François accables. Pierre de Navarre eut ordre
d’embarquer pour Gènes tout ce qu’il pourroit raf-
fembler de foldats ; il ne put fe procurer que deux
galères montées de cent hommes chacune, avec
lefquelles il entra dans le port de Gênes au moment
où les promelfes & les menaces du marquis de
Pefcaire, général des Efpagnols , commençoient
d’ébranler les habitans. Navarre empêcha qu’il ne fût
introduit alors dansla place, mais il ne put empêcher
qu’on ne capitulât. On étoit convenu d’une fu f.
penfion d’armes pendant les conférences: les Génois,
endormis fur la foi de cette trê ve, négîigeoient la
garde de leur ville ; quelques foldats efpagnols,
ënfe promenant, fans deflein , autour de la place ,
apperçurent à la muraille une brèche qu’on avoit
oublié de relever, ils s’en emparèrent; toute l’infanterie
efpagnole les fuit, on entré dans la ville.