
foumiflion leur procuroit les mêmes privilèges qu’à
tous les autres citoyens, en vertu d’une loi des
douze tables, qui portoit, ut idem ju ris fanatibus
quoi foret ib us fit. {D . J . )
S A N B EN IT O op S A C B E N IT O , ( Ht fi.
mod. ) forte d’habillement de toile jaune, que l’on
fait porter à ceux que l’inquifition a condamnés ,
comme une marqué de leur condamnation.
Lé fan btnito eft fait en forme de fcapulaire ; il eft
compofé d’une large pièce qui pend par-devant, &
d’une autre qui pend par derrière; il y a fur chacune
de ces pièces une croix de Saint-André ; cet
habit eft de couleur jaune, & tout rempli de diables
&. de flammes qui y font peintes. .
Il eft regardé comme une imitation de l’ancien
habit en forme de fac que portoient les pénitens ,
dans la primitive Eglife. ( A . R . )
5ANCERRE. ( Hifi. de Fr. ) Noble & ancienne
maifon françoife, iffue de celle des comtes de Champagne
par Thibaud IV , furnommé le Grand, comte
de Champagne, de qui' defcendoient auffi les comtes
de Blois. Thibaud I , tige de la brànche de Blois,
& Etienne, tige de la branche de Sancerre, avoient
pour frère Guillaume, cardinal & archevêque de
Reims.
i ° . Etienne de Champagne, comte de Sffccerre1,
en Berry, mourut en 1 1 9 1 , au fiége d’Acre avec
.Thibaud fon frère.
2.0. Guillaume I , fils d’Etienne, ayant accompagné
dans le Levant. Pierre de Courtemai, fon
beau-frère, élu empereur de Conftantinople, mourut
prilonnier de Théodore Comnène , empereur de
(Theffalonique.
30. Louis de Sancerre fut fait maréchal de France en
i 369 pour les fervices qu’il avoit rendus à Charles V.
I l étoit frère d’armes du connétable du Guefclin &
du connétable de Cliffon, & fut fait connétable
lui-même en 1397» à la mort du comte d’E u ,
Philippe d’Artois. Il s’étoit diftingué à la bataille
de Rofebèque, contre le's flamands, & avoit remporté
plufieurs avantages fur les angïois & fur le
captai de Buch, en différentes occafions. Mort
en février 1402. Il eft enterré à Saint-Denis.
40. Etienne , un des frères du connétable de
Sancerre, fut tué au liège de Tunis en 1390.
50. Dans la branche des feigneurs de S. Briffon ou
Briçon, Jean & Thibaud de Sancerre fe noyèrent dans
la rivière de Seine^ près de l’abbaye de Barbeaux
& furent enterrés dans cette abbaye.
Il y eut un comte de Sancerre tué à la bataille de
Marignap,
SANCHEZ. ( T homas'){Hifi.-litt. mod.) fameux
jéfuite ^elpagnol , né à Cdrdoue e» ï 5 5 1 » mort a
Grenade en 16 10 . On a oublié les in-folio qu’ il a écrits fur le décalogue, fur les voeux monaf-
tiques , &c. mais fon traité de .Mutrimonio ne
mourra jamais. Les obfcénités , les, queftions indécentes
, les décidons pieufemetft. blafphématoires ,
qu’il y a entaflëes avec la fcience d’un anato-
mifte, la fimplicité d’un enfant, & fi l’on veut,
la capacité, d’un théologien., feront toujours con-
fulter ce livre par diftérens motifs. On a fait une
obfervation plaifante fur l’approbation donnée à
ce. même livre par les cenfeurs ; on a dit que û
tous les objets dévoilés par l’auteur, n’avoient fait
fur lui aucune impreflion, ils paroiffoient en avoir
fait une fort agréable fur les cenfeur-s , puifque
les termes de leur approbation font : legi , perlegi
maxinid cum voluptate. Cette plaifanterie innocente
eft cependant un avis aux cenfeurs de ne
point furcharger leurs approbations d’éloges que le
lefreur ne leur demande pas , ÔC qui ne peuvent
que les compromettre. Pafcal a parlé de Sanche{
dans les provinciales, mais par reipeâ même pour
les moeurs, il n’a oie le livrer à tout le ridicule
dont ce jéfuite étoit,fufceptible.
Un autre S a n c h e z ( François ) , Médecin Portugais
, établi à Touloufe, chrétien, mais né de
pareils juifs, & qui eft vanté par Guy Patin, eft
auteur d’un livre fingulier & rare, intitulé : quo d
nihil fu tu r ; mort en . 1632. Il fe glorifie d’avoir
introduit le premier dans la Guienne & le Languedoc
l’ufage des faignées faites à la dofe de huit
onces de fang; avant lui elles n’étoient que de
fix onces au plus*
Un autre encore ( A ntoinè-Nunés-R ibeiro
S a n c h e z ) , do&eur en médecine , de l’univerfité
de Salamanque, confeiller d’ état de la cour, &
ancien premier médecin de l’impératrice de toutes
les Rufîies , ancien premier médecin de fes
armées, & du corps des cadets^ ancien corref-
pondant de l’académie royale des fciences de Paris ,
affocié honoraire de l’académie de Pétersbourg ,
membre de celle de Lisbonne, affocié étranger de
la fociété royale de médecine , naquit à Pegna-
Macor, en Portugal, le 7 mars 10 9 9 , d’une famille
noble, dont on dit que François Sancheç
étoit aufii.
Boerhave dans fa jeuneflè fut déterminé à l’étude
de la médecine, par up ulcère dont il parvint à fe
guérir en employant dete remèdes fort fimples. Antoine
Sanche{ eut à-peu-près la même vocation;
une fièvre quarte dont il n’étoit pas traité à fon
gré par les Médecins, tourna fes études du côté
de la médecin«. Les aphorifmes d’Hippocrate lui
étant tombés fous la main , le confirmèrent, dans fa
| réfolution ; après avoir appris tout ce que les uni-
verfités de Conimbre & de Salamanque pouvaient
lui enfeigner , il s’aperçut ne favoit rien,
& voyagea pour s’inftruire, à Gênes, à Londres,
à Paris , à Montpellier. Il étudia dans Marfeillç
jufqu’aiûc
S A N
. ÏWfqu’aiix moindres traces-, & recueillit jufqu auX
•moindres fouvenirs des ravages que la pefte y avoit
faits en 1720 > c’étoit en 17-28 qu’ri voyagèoi.t
Le clo&euT Bertrand qu’à connut à Marfeille-, lui
-fit. connoître les aphorifmes -de Boerhave-, il crut
lire un ancien & le plus grand homme de toute
l ’antiquité. Ce grand-homme eft vivant, lui dit
M. Bertrand; quoi î s’écria Sanche^ , Boerhave
■teft vivant, & je ne fuis pas fon difci.ple-l II vole
à Leÿtle, .paffe trois années auprès de M. Boerhave
'à prendre fes leçons; Boerhave le trouvant fort
'inftru.it, le preffa de fe faire recevoir dotteur ; je
le fuis, dit-il, j’ai été reçu à Salamanque. Et
Vous venez ici vous confondre parmi mes difciplesl
■s’écria Boerhave, charmé de fa fnodeftie-, & flatte
de fon hommage; il le força de reprendre les honoraires
que Sanche% lui avoit payés commé étudiant.
Sanche{ avoit une mémoire prodigieufe. Seul des
difciples de Boerhave , il n’écrivit jamais fes le*
•çosis , &. n’en, oublia jamais rien*
La Çaarine Anne Iwartown'a ayant demande
à Boerhave trois habiles médecins de fon choix,
M. Sanche£ fut nommé le premier ; il pratiqua
la médecine à Mofcou & à P é t e r s b b u r g . Meûecin
des armées impériales, il fit en t735 ^ *73^ 5 T7 37V
•fous les ordres du maréchal de Municktoutes les
campagnes contre les turcs ; il parcourut l’Ukraine, ,
füivit les bords du Don jufqu’à la mer de Zabac'he ;
les c b f e r v a t i o n s qu’ il f i t fur les diverfes peuplades
■de tartares, f u r l e s différentes races d’hommes qui
habitent les v-aftes contrées de la Crimée & de la
Tartane, n’ont pas été inutiles à M. de Buffon ,
qui les a employées avec éloge dans le troifiemè
volume de Phiftoire naturelle.
Au fiége d’Afôph <, qui fut remarquable par le
gtand nombre de maladies dofit les àfliégeans &
les afiiégés furent également affligés-, il obferva
la fièvre dèq>rifon & d’hôpital, long-temps avant
que fes illuftrgs condifcipïes, Hùxham & Pringle
en enflent parlé, il prouva combien il étoit utile de
multiplier les hôpitaux, & d’y entretenir une libre
•circulation d’ air. Au flége d’Afoph on fut obligé
d’ënvbÿeî quatre-vingts bî elles à deux lieues du
quartier général, dans un endroit très-aéré, ils
guérirent tous. Cette expérience lui .ouvrit les yeux
fur le danger de l’infeétion répandue dans les hôpitaux,
& fur la nature de la fièvre de'prifon.
Ï1 ôbfërva enebre que les troupes rufles, pendant
les automnes de 1735 & 7 7 36 , furent attaquées
d’unè dyflentèriè ttès-meurtrièrè , lorfqu’elies
imarchoient fur les -bords du Borifthène & du.
Niefter fufqu’à la mer noire ; cependant elles n’avoient
pas mangé de fruits. M. Sanche{ en a conclu
que les'fruits ne font point la caufe de la dyflenterie
■des armées,.
La tzarine étoit attaquée dépuis huit ans d une
maladie dont la caufe étoit inconnue. M. Sanche^
annonça i’exiftence d’une pierre dans le rein. La
Fiifioife. Tome IV*
S A N ' 70S
czarine tnoutut, fon corps fut ouvert , & le pro-
noftic juftifié.
Les révolutions de'Ruflie furent fatales à M. San-
che[ ; on punit en lui l’ami du maréchal de Munich;
il remit toutes fes places à Leftock , chi*
rurgien , & bientôt premier .médecin d’Ekfabeth ,
& il regarda, comme un bonheur flgnalé, la per-
miflion qu’il obtint dans là fuite dé palier en France,
oh il vouloit fixer fon féjour. Il arriva en 1747 à
Paris; il y à vécu jufqu’en 1783 dans unè forte
de retraite & d’obfcurité. « Le recueil, réfultat de
» fes méditations-, dit M. Vicq d’A z y r, forme i f
» volumes , rédigés avec cèt abandon & cette vé-
» rite qu’on fe permet lorfqu’on eft sûr de n’écrire,'
» comme on ne penfê, que pour foi feul. Religion,
» morale, politique , hiftoire , phÿflque, médecine,
» rien ne lui étoit étranger : il n’y a aucun de
» ces fujets fur lequel il n’ait profondément ré*
» fléchi, &. qui ne fçjjt traité dans fes manuf-
» orits ».
Il gardoït un jtifte & profond rêflentimenf contre
, ’ l’inquifition , qui avoit pris pour vifrimes quelques*
; uns de fes parens & de fes amis. Un de fes manuscrits
eft intitulé : Penfées fur Tinquifitbn , pou*
mèn ufage. Sans ce motif , à fon retour de Ruflïe,
ç’auroit été dans le Portugal, fa patrie, qu’il au-
roit été fe repofer de toutes fes agitations.
En têtè de fes Réflexions fur la révolution de ï 741
qui a mis l’impératrice Eîilabeth Petro'wna fur le
trône, bn Ht Cette devife qui étoit, dit*on, celiè
de Walfingham-, fecrétaire de la reine Eîilabeth
d’Angleterre'. Video d* tactot je vois & je garde
le filence.
Lorfque le grand-duc de Ruflàê vint à Paris ?
en 1783 , fous' le nom de cômte du Nord, M.
Sànclu{ , dont l’âge & les travaux avoient épuifé
lés forces , apprit que ce prince dèvoit l’honçref
dftinô vifltê , & s’émpreffa dë le prévenir. Le grand*
duc étoit à tablé lorfque M. Sanche\ lui fut annoncé.
Il l’accueillit avec diftinâion , & le fit affeoir à
côté dé lui. Le vieillard, que la Rufiie avoit traité
fi bien & fi mal, fê rappèla dans un moment tout
le pafle. Il regarda avec attendriflement l’héritiet
d’un trône autour duquel il avoit vu tant d’orages,
Ô4 il répandit avec profufion dés larmes qui dirent
au prince tout ce que .fa bouche ne pouvoit expri-*
mer. Rentré chez lui, M. Sanche{ n’en fortit plus;
ce fut la Ruflie , difent MM. Vicq d’Azyr & Andry,
fes panégyriffes , cè fut la Ruflie qui, dans la perfonne
.du comte du Nord, reçut fes derniers adieux.
‘mourut le 14 ofrobrê 1783.
Le trait fuivant péint dans M. Sanche{ uil ta*
ratière bon & eftimable. Une femme très-pauvre ,
qui venoit le confulter, amena fon enfant avèC
elle. M. Sancheç , qui àimbit les enfans , tarefla
beaucoup celui-ci, malgré l’appareil de la viêiilefle
& des infirmités qui effraye & rebute le jêühe âge ,
l ’enfànt parut Rattacher à lu i, fè jeta dans
V v v v