
■ le nom de dixième Mufe qui lui a été donne-, &
l’honneur que les habitans de Mitylène lui firent de
graver Ton image fur leur monnôie. Horace paroît
s’-etre propofé d'imiter Sapho dans l’-ode treizième du
.premier livre.;
Cum tu 3 Lyaiti > Telepht
Fervicem rofeam, eer'ea Telepht
Laudas -brachia.-3 voe meum
Fervens dijjicill bik mm et jecur.
Tune nec mens mihi nec color
Certâ fede marient, humor 6* in gênas
Furtim labit'ar, arguens
Quàm lemis pcnitiis macerer ignibus.
C ’eft -ce «pie Boileau a rendu par ces vers *.
Je Cens de veine en veine une fubtfle flamme
■Courir dans tout mon corps fitôt que je te vois;
Et dans les doux tranfports ou s’égare mon ame,
Je ne fauroîs trouver de langue ni de -voix»
Un nuage confus fe Tcpandiur ma vue,
Je n’entends plus : je tombe en -de douces langueurs,
Et pâle, fans haleme., interdite, éperdue,,
Un frilïbn me faifit, je tremble , je me meurs.
Lucrèce paroît- auffi avoir voulu imiter cette ode de
Sapho 3 dans l’endroit où il attribue a la crainte , les
mêmes effets que Sapho . a t t r i b u e à l’amour»
Verhm ubi vehemtnti ma gis ejlcommota mtlu mens 3
Confentirt animam totam per membra videmus»
Sudores itaque & pallorem cxijiere toto
Corpore 3 6* infringi linguam vocemque aboriri ;
Caligare oculos 3 fonerc aures > fuccidere artus 1
Denique concidere exanimi Urrore videmus
Sapé hçmines.
On croit que Sapho mourut vi&îme d’une paf-
fion tnâlheureufe qu’ elle conçut pour le beau Phaon ,
jeune homme de Lesbos ; on fuppofe que n ayant
point plu , elle n’avoit pas de quoi plaire, & qu’elle
étoit auffi laide qu’elle étoit fpirituelle ; qu’elle fe
jeta de défefpoir dans la mer, du haut de promontoire
de Leucade dans l’Acarnanie, 6c ce promontoire
de keùcade eut la réputation d’être
pour les amans malheureux .êcdéfefpérés, ce que.
la Roche Tarpeïenneétoit à Rome pour les coupables.
Faire le faut de Leucade paffa en proverbe pour
lignifier le'jetter dans la mer par l’effet d’un dé-
felpoir amoureux.
S A R
-SARA, prîneeffe, ou SA R A I-, ma princejje -, ( Hifi.
Sacrée.) femme d’Abraham, naquit l’an du monde
a ô i8 , d’Arajm, frère, d’Abraham, & rétoit par conséquent
petite-fille dé Tharé , m^js elle «’étoit pas
petite-fille de la mère d’Abraham , parce qu’Àram
fon père étoit d’une autre mère; elle étoit la mêmè
que Jescha; Gen. xx. io. Sara fuivit Abraham quand
il quitta fon pays pour venir dans la terre de Charr-
nan ; ‘ôc la famine les ayant obligés de fe retirer en
Egypte , ils convinrent que Sara-, qui étoit extrêmement
belle, pafferoit pour la foeur de fon mari, afin
que les égyptiens ne fùfïent pas tentés de le tuer, s’ils
lavoient qu’elle fût fa femme , pour pouvoir en
jouir -plus librement. Abraham ne fit point de men-
fonge, en difant qu’elle étoit fa foeur, puifqu’elle
étoit fa nièce , & que les hébreux appeloient frères
& Coeurs les proches parens. Il ne fit donc que fup-
primer une vérité dans une occafioft -où il lui
étoit dangereux de la dire. Il avoit deux chofes
à .conferver, la vie Ôc l’honneur de fa femme : en
avouant qu’il étoit' fon • mari-, il ne pouvoit évite?
de perdre l ’une -6c l’autre, & pouvoit, au moins,
conferver fa vie , en fe contentant de lui- donner
le nom de foeur. Il prit donc .ce dernier parti ,
& , abandonnant l’honneur dê fon époufe au foin
de la -providenceil fe fert d’un moyen qu’elle
lui préfentoi-t, pour mettre fa vie en sûreté,. fans
attendre un miracle. Lorfqu’ils furent entrés en
Egypte, Pharaon, toi du pays, -que l ’on inftruifit
de la beauté de Sara, la fit enlever, & conduire
dans -fon palais -: mais Dieu appefantit fa main fur
ce prince criminel, ôc lui fit entendre qu’il le pu-
niffoit , pour avoir enlevé la femme d’Abraham,
Pharaon, fe Tentant frappé de Dieu, 6c Craignant
encore de*plus rudes châtimens, fembla condamner
•I’injuftice de fa conduite 3 6c renvoyant Sara à fon
mari, il fit quelques reproches à celui-ci, de ce
qu’il lui avoit dit qu’elle étoit fa foeur, 6c l’avoit
expofé, par la, à commettre le crime de la prendre
pour fa femme. Gen. x ij. 19. Il les renvoya
l’un 6c l’autre, 6c les fit accompagner jufque luf
la frontière, de crainte qu’on tié leur fît quelqu’in-
fulte. Cependant Sara, informée de la promeffe
■ que Dieu avoit faite à Abraham, de multiplier fa
poftérité comme les étoiles , 6c perfuadée qu’à
caufe de fon âge avancé 6c de fa ftérilité -,'ce «’étoit
point par elle que cette promeffe devoit être
accomplie, propôià à fon mari d’époufer Agar ; Ô C
Abraham, qui ne douta pas. que cette penfee n’eût
été infpirée cl’en-haut, à Sara ,-fe rendit à fon défir,
6c époufa Agar, afin d’ avoir, de cette fécondé
femme, des enfans, en qui les promeffes s accom-
piiffent. Mais Agar, étant devenue enceinte, commença
à mépiiier fa maîtreffe, qui fe vit forcée
d’humilier fon efclave , 6c de rabattre fon orgueil.
Quelque temps après , Dieu ; ayant envoyé trois
anges, fous la forme d’hommes, à Abraham , pouf
lui renouveller fes promeffés j ce faint homme qui
les’ aperçut venir, courut au - devant d’eux, 8c les
força d’entrer dans fa tente, où Sara 8c lui leur
préparèrent à manger. Apres le repasi ^ ils lui dirent
què Sara auroit un -fils’; ôc -Sara qui ^’entendit,
cônfidérant ion âge avancé , ne put ,s’empêcher de
rire, d’une manière à marquer fpu .doute 8c. fa
défiance ;
défiance; alors le Seigneur dit à Abraham : Pourquoi
Sara a-t-elle ri ? Y a-t-il rien d’impojftble à Dieu ?
Et il lui répéta une fécondé fois, que dans un an
Sara auroit un fils. Sara, comprenant alors que fa
faute étoit grande, d’avoir douté de la .parole de
Dieu, fut faifie de trouble, 6c en commit une fécondé,
en employant le menfonge pour la defavoüer.
Le Seigneur la lui fit connoître iur- le -champ, en
lu b répétant qu’elle avoit ri : Gert. xviij. iy- Au
refte, comme le cloute de Sara venoit plutôt d’un
. défaut de réflexion que d’un fond d’incrédulité , il
fut bientôt après diffipé par la fp i, qui prit le deffus ;;
félon le témoignage que lui rend Saint-Paul, Heb.
'xj-, 1 1 . Peu de tems après, Abraham, quittant la
vallée de Mambré, alla demeurer a Gérare, ville
des philiftins, ôc prit, par rapport h Sa ra , les mêmes
précautions qu’ il avoit prifes en-Egypte. Abimeiech ,
roi du pays, qui ne les croyoit pas mariés, fit enlever
Sara qu’il vouloit prendre pour fa femme iegi-
time.-'Mais Dieu, lui apparoiffant pendant la nuit,
le menaça de le punir de mort, 6c de faire tomber
fa eolère fur tout fon royaume , s’il ne la rendoit
à fon mari» Gen. xx. 7. Et Abimeiech, la rendant
. à fon mari, lui reprocha d’avoir fait tomber fur lui
6c fur fon royaume un fi grand' péché, en l’expofant
au danger de le commettre. Gen. xx. g. Il donna
çnfuite de grands préfens à Abraham , 6c offrit
mille pièces d’ argent à Sara, pour acheter un voile,
afin qu’ une autre fois elle, ne s’ expofât plus à un fem-
blable danger. Le Seigneur vifita enfin Sara félon
fa promeffe ; quoique ftérile 6c hors d’âge d’avoir
des enfans, elle conçut & mit au monde un fils au
temps que Dieu lui avoit -marqué. Sara le nourrit
elle-même, 6c confondra, par fon exemple, au
jugement de Dieu , toutes les mères, qui, pour fe
délivrer d'une affiduité qui les gêne, pervertiffeat
l ’ordre .du créateur , en refufant à leurs enfans un
lait dont il ne remplit leurs mamelles , qu’afin
-qu’ elles les en -aourriffent. Lorfque l’enfant lût un
peu grand , Sara ayant vu le fils d’Agar qui le
’maltraitoit en jouant avec lui, obtint cl Abraham
qu’Agar & fon ^ils fortiroient de la mai-ion, parce
qu’Ifmaël ne devoit point être héritier avec tfaac.
Gen. x x j. 10. Abraham eût quelque peine à s’y
réfoudre ; mais Dieu lui ayant fa it.connaître que
e’étoit fa volonté., il fit' ce que Sara demandoit.
Cèjte rigueur que Sara exerça envers Agar 8c fon
fils, l’ordre que Dieu donne' à Abraham de s’ y conformer
, la manière1 dont il l’exécute, l’abandon, où
-il laiffe une mère 6c fon fils, tous ces dehors fi
choquans couvrent un myftère que Saint-Paul ncus
a développé-dans fon épitre aux galates. L/apotre
nous fait voir dans Sara 6c Agar les deux alliances,
dont la première établie fur le mont de Sma, 6c qui
« ’enfante que des éfeiaves, eft figurée par Agar ;. 6c
ta nouvelle, repréfentée par Sa ra , ne fait que dès
enfans libr es. Gai. iv . 24. L ’écriture -ne nous apprend
pins rien de Sara , jufqu’à fa mort, arrivée quelques
années «près lafiatneufe épreuve que Dieu fit de la
m i d’Abraham, en lui commandajit de lui fiiy-iio 1er
ffljb u c . Tome IV .
Tfaac. Elle étoit âgée de r *7 ans ƒ & mourut à Arbé
depuis appelle Hébron. Abraham, qui étoit à Ber-
•fabée, vint .à Kébron pour pleurer fa femme, 6c il
l’enterra dans un champ qu’il avoit acheté d’isphron
l’amorrhéen. Il y avoit dans ce champ uneLcavernC
dont il fit un fépulcre pour lui 6t fa famille. (5 ?. R.)
SARASIN ou SARRASIN. ( J e a n - F r a n ç o i s )
( Hijl. litt. mod. ) né en 1604 , dans un lieu nommé
Hermanvilfe , fur le bord de la mer, dans le voi-
finage de Caen, étoit fecrétaire 6c favori du prince
de Conty, frère du grand Condé, il mourut en 16 54 ,
de. chagrin d’être tombé dans fa difgr.ace , danger
qu’ont a craindre de plus que les autres hommes ,
ceux qui s’attachent aux princes. Sarafin eut de fon
temps beaucoup de réputation ÔC en a confervà
une partie. Il a des vers 'ingénieux.6c d’un grand
fens ; c’en eft uii, par exemple , de cette nature que
celui-ci :
Les fous font aux échecs les plus voilins des Rois.
Son hiftoire de la conspiration de Vaiftetn , an-
nonçoit un morceau’ intéreffant , c’eft dommage
qu’il l'oit refte imparfait ; on eftime auffi fon hiftoire
du fiège de Dunkerque par le grand Condé ,
en 1646. Boileau diloit qu’il y avoit dans Sarafin
la matière d’un excellent efprit, mais que la forme
n’y étoit pas. Ménage a recueilli fes oeuvres.; Pç-
liffon en a fait la préface. Rouffeau paroît mettre
Sarafin au premier rang parmi, les poètes François."
Et fi ce rang à ton chagrin -jaloux
Paroît trop bas près des places fupc-rbes,
Des Sarrafins , des Raeans, des Malheçhes.
Ou connoît la Pièce de Scarroh en vers de trois
fyilabes ;
Sarrazin ,
Mou voilîn , &c.
S a R a s i n ou S a r r a s i n , ( P i e r r e ) eft auffi le
nom d’un aéleur célèbre dans ce qu’on, appelle
l’emploi des rois. II étoit de Dijon ; il débuta,
en 17 2 9 , quitta le théâtre en 175.9. > mourut en-
17 6 3 .
C ’eft auffi le nom d'un fameux fcülpteur, dont
il fera parlé làns doute dans le DiéUorinaire des
Arts.
S a r a s i n s ou S a r r a s i n s , [Hifl-mod.)-peuples d e
l’Arabie , qui defeendoient des Saractni. Ils faifoient
la principale force de l’année de Mahomet, 6c
fes Tuceefleurs achevèrent par leur bravoure , les
. -conquêtes que ce fondateur de Ta religion miuùi-
tnane avoit commencées , 6c qu’il le pro.pofoit-
de pouiTuivre quand il mourut en 63 3."
Les califes uniffant comme lui l’autorité 'buve-*-
raine à la puiffan.ee pontificale , joignirent à i’Ara-
X x x