
Rio de Janeiro, sentent cette vaste contrée comme occupée, dans sa partie orientale, par
Habitans deux classes distinctes d’indiens: les uns, demeurant près des côtes maprimitifs.
, .
ritimes, avoient une langue commune,, ou du moins des idiomes peu
différens, des moeurs et des usages semblables ; les autres , à une seule
exception près, vivoient éloignés de la mer, leurs tribus étoient multipliées,
et chacune parloit une langue particulière.
Dans la première catégorie doivent être rangés les Tupinambas ou
Toupinambasetles Tamoyos(i), dont les peuplades nombreuses occupoient
les districts d’Iiha-Grande, Rio de Janeiro, Cabo-Frio et les îles qui en
dépendent ( voy. pl. i ) ; nous y comprendrons encore les Garulhos (2),
qui habitoient entre le Rio Macahé et son affluent le Rio San-Pedro, et
les Toudiats ou Margaiats, fixés au Nord du fleuve Parahyba, à l’extrémité
la plus orientale de la province. Cette nation, connue aujourd’hui
sous le nom de Puris [ ennemis], s’étendoit, dit-on, en remontant la
côte jusqu’au port de Espirito-Santo.
L’exception dont nous venons de parler, relativement aux peuples de
la seconde classe, s’applique aux Ouétacas, Goytacas ou Goytacaies- (3),
qui, partagés eux-mêmes en trois hordes ennemies, les Goytacas-Guassu,
les Goytacas-Moppi, et les Goytacas-Jacorito (4 ), peuploient la portion, du
district de Goytacazes comprise entre le Parahyba et la rivière Macahé ;
peut-être pénétroient-ils aussi dans la partie septentrionale du district de
Cantagallo.
II est assez probable que les régions montueuses des districts de Rio
de Janeiro, de Cantagallo et de Parahyba-Nova, étoient dévolues aux
tribus farouches des Ouéanems et des Cardias; tandis que les Parahybas,
nation autrefois considérable, se tenoient vers les parties les plus voisines
du fleuve, et les Sacarus (5) dans les montagnes dos OrgaÔs.
( i ) Jean de Léry appeloit les Toupinambas Tououpinambaoults, etles Tamoyos Toupinenkins.
(2) Notre carte n.° i indique une aidée de Garulhos sur les bords du Macahé, dans le district
de Goytacazes, .
( 3 ) Expulsés par les Portugais, en 1 630, du riche territoire qu’ils possédoient, les Goytacazes
se trouvent incorporés aujourd’hui avec les Coropos et les Coroados, dont nous parlerons plus
particulièrement ailleurs.
(4 ) Voyez Corografia Brazilïca.
(5) Nation qui paroît être aujourd’hui entièrement éteinte.
Avant d’aller plus avant, nous résumerons le petit nombre de faits
transmis par de Iîéry sur les Ouétacas; sauvages si farouches et si étranges,
dit-il, qu’ils ne peuvent demeurer en paix avec personne ni entre eux.
« Que s’ilz sont pressez et poursuyuis de leurs ennemis (lesquels cepen-
» dant ne les ont iamais sceu dompter ), ilz courent si viste et vont si bien
» du pied que non seulement ils euitenten ceste sorte le danger de mort,
» mais mesme aussi, quand ils vont à la chassé, ils prennent à la course
» certaines bestes sauuages, especes de cerfs et biches. »
Ces barbares d’ailleurs ailoient entièrement nus ; mais , contre la coutume
des autres Brésiliens^ iis ne coupoient pas leurs cheveux et les
laissoient flotter de toute leur longueur et fort bas. Leur bravoure étoit
telle, que, malgré les attaques continuelles des peuplades dont ils étoient
environnés, jamais ils n’ont pu être vaincus ni expulsés du petit territoire
qu’ils occupoient. «Et au surplus comme chiens et loups, ajoute de Léry,
» mangeans la chair crue, mesme leur langage n’estant point entendu
» de leurs voisins, doyuent estre tenus et mis au rang des nations les
» plus barbares, cruelles et redoutées qui se puissent trouuer en toute
»> l’Inde occidentale et terre du Brésil. » Expressions qui supposent évidemment
la coutume de l’anthropophagie répandue, ainsi que nous allons
le voir bientôt, chez les peuplades environnantes.
Ce que nous avons à dire encore des habitans primitifs de Rio de
Janeiro, convient au plus grand nombre de ceux qui couvroient la surface
de cette province, et particulièrement aux Toupinambas et aux Tamoyos,
parmi lesquels de Léry est resté assez long-temps pour les bien con-
noître.
Leur stature étoit égale à celle des Européens. Avec une constitution
plus forte, plus robuste et plus replète, ils étoient moins sujets que nous
aux maladies, et atteignoient souvent à l’âge avancé de 100 et 120 ans ;
il étoit rare cependant que leurs cheveux devinssent gris ou blancs. Du
reste, leur peau étoit basanée plutôt que noire, et leur force physique
très-remarquable.
La maladie la plus dangereuse qu’on ait observée chez eux se nommoit
pian: « laquelle, dit de Léry, combien qu’ordinairement elle se prenne et
» prouienne de paillardise, i’ay néanmoins veu auoir à des ieunes enfans. »
T *
Habitans
primitifs.
Constitution
physique.
Maladies.