
io 6 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Rio Je Janeiro. » Nous avons traversé ces dernières dans la partie qui conduit à la
Géologie"' co*on‘e suisse du Nouveau-Fribourg : la route, avant d’y arriver, parcourt
un espace occupé par de petites plaines le plus ordinairement marécageuses
, et par de nombreuses montagnes isolées et peu hautes. Toutes
celles de ces éminences que nous avons eu occasion d’observer d’assez
près , sont de gneiss, à l’exception d’une seule que l’on rencontre avant
d’arriver à Santa-Anna (i) : celle-ci est conique et formée d’une roche
feld- spathique compacte, remplie de stries ferrugineuses, et qui, lorsqu’on
la brise, se divise en fragmens rhomboïdaux. La rivière de Macacu ,
dans les environs de Santa-Anna, coule sur un fond de sable quartzêux.
» Arrivé à la chaîne dos Orgaos, j’estimai que la direction générale
de ces montagnes a lieu du Nord-Est au Sud-Ouest. Toute la partie
qui regarde le littoral est abrupte ; celle qui est à l’opposite se compose
d’une série d’autres montagnes qui diminuent d’élévation à mesure qu’on
avance dans l’intérieur. Par-tout elles sont couvertes de la végétation la
plus vigoureuse et la plus gigantesque, ce qui nuit beaucoup aux recherches
du géologue. Dans ces régions constamment chaudes et humides
, quelle que soit la profondeur des ravins et la roideur de leurs
pentes, la surface du sol est par-tout revêtue d’arbres et de plantes. Ce
n’est que dans les sentiers étroits par lesquels on gravit sur- ces montagnes
, dans les torrens qui les traversent, ou dans les endroits où il
s’est fait de grands éboulemens, qu’on peu^reconnoître la base fondamentale
du terrain : elle est peu variée ; partout on retrouve le gneiss.
Nous en avons rapporté des échantillons pris à diverses hauteurs : quelques
uns contiennent du grenat vert ; d’autres constituent un granit por-
phyroïde à cristaux de feld-spath limpide. Dans une portion de rocher
qu’un éboulement avoit laissée à découvert , on remarquait des filons que
de gros grains de quartz, mélangés avec de larges’ plaques de mica ,
distinguoient de l’ensemble de la roche.
» Dans des gorges resserrées qui sans doute servirent autrefois de lit
à des torrens, nous vîmes d’énormes blocs entassés les uns sur les autres,
qui avoient roulé du sommet de la montagne. Quelques-uns affectaient
la forme de parallélipipèdes arrondis sur les bords ; d’autres étoient presque
f i ) Voyez pl. i y par 45° 12 ' delongitude.
LIVRE I , er — D e F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 1 0 7
sphériques, et leur superficie se détachoit par plaques minces et friables :
on eut dit des boules de basalte. Ces configurations diverses sont produites
par l’action des torrens et par les influences atmosphériques.
» Après.avoir passé le premier poste militaire (i), on trouve des
masses éparses et arrondies de granit qui sont très-rugueuses et comme
déchiquetées à leur surface. Cette particularité dépend de ce que le quartz
et le mica ayant disparu les premiers par l’effet de la décomposition, ce
qui n’arrive pas ordinairement, le feld-spath est demeuré seul en petits
cubes saillans.
» Les morceaux de mica blanc, aussi larges que la main, que nous
avons rapportés, avoient été pris dans un terrain décomposé et réduit en
argile rougeâtre, très-tenace.
» Ce n’est que dans le lit de la rivière Batata!, près de l’habitation
du colonel Ferreira (2) , que nous vîmes des schistes bleuâtres en
cailloux roulés : nous n’en avons point rencontré en place,
» La chaîne dos Orgaos présente assez fréquemment de larges bassins
en forme d’entonnoir, qui n’ont qu’une ou deux issues. Cette disposition
se fait remarquer près de la ferme de M. Lorenzo (3)., ainsi que dans le
canton qui a été assigné au Nouveau-Fribourg. Dans ce dernier lieu,
il existe un amas considérable de pegmatite dont on s’est servi pour
blanchir les maisons en guise de chaux.
» Malgré la rapidité avec laquelle les météores aqueux, joints à l’action
de la chaleur, décomposent les roches ; malgré* cette abondante végétation
qiii, toujours active, se renouvelle sans cesse, les montagnes de la ville
de Rio de Janeiro ne sont en générai revêtues que d’une couche assez
légère de terre végétale, et très-souvent on aperçoit les racines des grands
arbres ramper à la surface du sol. Cette particularité tient à la roideur
des pentes et à la multiplicité des torrens, auxquels il est si facile de se
former sur les éminences couronnées de bois qui fixent les nuages.
» Lorsque les montagnes sont abruptes et peu élevées, les eaux, ne
(1) II est indiqué par un point rond à jour, sur la route et dans le Sud-Est daMorro dos
Canùdos, par 44° 55.’ f environ de longitude ( voyez pi I ).
(2) Voyez pl. 1 , par 45" 7' de longitude.
(3) Voyez pl. 1 , par 45° de longitude.
o*.
Géologie.