
De lHiomme
- eif société.
Transport
des
marchandises.
Commerçans
et commerce.
Dans un pays où sont à peine tracés quelques- sentiers étroits, on
doit concevoir que i’usage des voitures à roues pour la circulation des
marchandises est entièrement inconnu. Les chevaux et les boeufs servent
ordinairement pour le transport des grands fardeaux, tandis que les petits
sont portés sur la tête ou les épaules des esclaves. Nous en excepterons
toutefois les objets qui, recueillis près des bords de la mer, sont de préférence
confiés à des pirogues ou à des bâtimens d’un foibie tonnage,
dont on voit lin grand nombre tout le long de la côte. Chaque soir
on retire sur la grève les embarcations légères dont on s’est servi pendant
le jour; les autres restent à l’ancre dans le voisinage, ou bien
entrent, lorsqu’il y a lieu, dans les petits ports naturellement formés à
l’embouchure des rivières.
Les Chinois, avons-nous dit, sont d’infatigables brocanteurs ; les
Hollandais mettent plus d’habileté dans leur négoce; mais, spéculateurs
non moins instruits, les Portugais nous ont mis sur-tout à portée d’apprécier
leur rondeur en affaires, et, quelquefois même, l«ur désintéressement.
Dilié est le centre des opérations commerciales de ces derniers.
Autrefois leurs missionnaires établis dans l’intérieur de Timor
engageoient les indigènes à porter les plus précieux produits de leur sol
dans les magasins du gouvernement colonial ; aujourd’hui moins surveillés
, et sollicités d’ailleurs par les Chinois,, qui ont des; émissaires de
tous côtés, ils préfèrent envoyer leurs marchandises à la ville maritime
la plus voisine, où les Hollandais, les Malais et les Chinois eux-mêmes
viennent les chercher, pour ensuite les porter à Couparig, d’où elles
sont expédiées plus tard à Batavia,
Commerce des Portugais. — Depuis que Dillé ne correspond plus directement
avec Goa, toutes les exportations annuelles de la première de
ces places ont lieu a 1 aide de quatre navires , dont un est portugais et
va directement a Macao (i), deux autres sont anglais et le dernier-anglo-
américain. Les cargaisons de ces navires se composent de cire, bougie,
sandal, tripangs, or, cuivre, tamarin, esclaves, & c. Il seroit facile d’y
ajouter du sagou, du café, du sucre, du rum, du tabac sur-tout, qui se
( i ) Autrefois, deux vaisseaux portugais de 300 tonneaux alloient annuellement de Goa à
Dillé, pour y faire leur chargement.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c lu s i v e m e n t . 699
récolte en si grande quantité à Dilié ; des cornes et des peaux de buffle, Ile
de la casse, de la cannelle et des muscades : c’est à quoi l’on pourra arriver
un jour. Le vaisseau de Macao donne en.retour des étoffes de coton de
l’Inde, des instrumens en fer, ainsi que quelques autres menues marchandises;
et, après un séjour à ,Timor .de deux mois ou deux mois et
demi > il en répart avec son chargement. Jadis ,on prescrivoit à ce navire
de passer à l’île Fioris; mais, depuis l’année 1 790 environ, cette escale
n’a plus lieu. Les vaisseaux que le. commerce appelle à Dillé commencent
à y arriver à la fin de mars, et-aucun n’y demeure plus tard que la fin
d’aoû,t> à cause de la violence des vents pendant la mousson du Nord-
Ouest, dont les calmes précurseurs se font sentir dès le mois de septembre;
Il nous a semblé que les Portugais n’avoient pas un nombre suffisant
de petites embarcations pour aller le long de la côte chercher les productions
indigènes qu’on peut s’y procurer; c’est donc principalement
par terre que leurs arrivages ont lieu. Les Hollandais et les Chinois
savent habilement profiter de cette pénurie de transports maritimes pour
développer à leur, profit un genre d’opération qui n’est pas moins facile
que lucratif.
Commerce, des Hollandais. — Un seul brig de 1 20 à 130 tonneaux
transporte toutes les années de Coupang à Batavia les diverses marchandises
indigènes qui ont été réunies pendant le cours de l’année dans les
magasins de la compagnie. De même que le vaisseau portugais, celui-ci
arrive à Timor à la fin de la mousson du Nord-Ouest, et profite de la
fin de celle du Sud-Est pour faire son retour à Java. Sa cargaison se
compose de bois de sandal, de cire, d’esclaves, de nids gélatineux, de
tripangs, d’ailerons de requins, de chevaux, bambous, rotins, feuilles de
iatanier, &c.
Commerce des Chinois.,— Plusieurs champans ou jonques de la Chine
font annuellement le commerce de Timor avec Canton, et partent directement,
soit de Coupang, soit de Dillé, soit de tout autre point de la
côte septentrionale de l’île. Les marchandises qu’ils exportent sont les
mêmes que celles dont les Portugais et les Hollandais composent leurs
chargemens; mais ils donnent en échange du thé, du sucre candi, du fer,
l’homme
société.