
1763.
■77°.
1771.
1785.
1806.
dant, en 1763, la création de la province de Rio de Janeiro. La ville
de ce nom avoit jusque-là dépendu de la capitainerie de San-Vincente;
mais à l’époque dont nous venons de parler, elle devint la métropole du
Brésil et le siège du gouvernement, avantage quelle a toujours conservé
depuis.
Le vice-roi, marquis de Lavradio, D. Luiz d’Aimeida, répandit, en
1770, quelque lustre sur son administration. Le goût éclairé qui! manifesta
pour les institutions utiles mérite d’autant plus d’être remarqué,
que la culture des sciences et des arts étoit alors peu répandue au Brésil.
Sur la proposition de son médecin, le docteur José Henriques Ferreira,
une académie de médecine, de chirurgie et de physique, fut fondée en
décembre 1 771 ; la première séance publique de cette société eut lieu
l’année suivante, au palais du vice-roi. C’est aux travaux des personnes
qui en faisoient partie qu’est due la découverte de l’existence de la cochenille
au Brésil, et sa propagation à Rio de Janeiro ; d’autres soins firent,
plus tard, négliger, puis abandonner entièrement ceux qu’exigeoit ce
précieux insecte. L’introduction du café, de l’indigo, & c ., de nombreux
encouragemens à l’industrie et à l’étude des lettres, sont encore des bienfaits
éminens dus à l’administration du marquis de Lavradio.
A l’année 1785 se rapporte l’établissement formé pour l’exploitation
des mines d’or récemment découvertes dans le district de Cantagallo.
( Voyez pl. 1.)
La tranquillité qui régna au Brésil pendant que l’Europe, et la France
sur-tout, étoient agitées par la guerre et les révolutions, ne fut troublée
que par les tentatives faites pour réprimer les déprédations des hordes
sauvages voisines des étabiissemens portugais. Les Botoçoudes entre
autres, peuplade féroce et redoutable , connue anciennement sous le nom
d’Aymüres, devinrent, en 1806, l’objet des mesures prises par le vice-roi
comte dos Arcos (1).
Nous voici parvenus à une époque à jamais mémorable dans les
{1) D. Marcos de Noronha, comte dos Arcos, dernier vice-roi du Brésil, fut, à l'arrivée
de la famille royale, nommé capitaine général à Bahia, puis ministre de la marine ; il occupoit
encore cette charge en 1820, lorsque nous touchâmes pour la seconde fois a Rio de Janeiro ,
ainsi que nous le dirons plus particulièrement dans la suite.
LIVRE 1.” — D e F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 6 7
fastes brésiliens , époque où cette vaste colonie devint partie inté- Río de J;
grante du royaume portugais. On connoît les causes qui forcèrent la Estîulsse
reine D.*1 Maria I.re et la famille royale toute entière d’abandonner les
plages de Lisbonne pour venir se fixer à Rio de Janeiro : sans en rappeler
ici les détails, nous dirons seulement que la cour de Portugal,
après avoir relâché à Bahia, aborda enfin, le 7 mars 1808, à Rio de
Janeiro, où fut établi le centre de la monarchie des royaumes unis du
Portugal, du Brésil et des Aigarves.
Rio de Janeiro éprouva particulièrement de notàbles avantages de ce
nouvel état de choses : le commerce, dont jusqu’alors la mère-patrie
s’étoit réservé le monopole,-fut étendu aux autres nations, et d’abord à
l’Angleterre; le traité qui eut lieu, à cet égard, avec cette dernière
puissance, date de 18 10. Une imprimerie fut établie, des écoles furent
créées; en un mot, la reine et le prince régent son fils cherchèrent à
connoître la nombreuse série des abus qui existoient et à les réparer.
Mais ce qui fixa le plus vivement l’attention de S. M ., ce fut l’amélioration
du sort des Indiens. Le mal étoit grand, il étoit immense;
elle ne craignit pas de sonder cette horrible plaie, et fonda un collège
spécial pour s’en occuper, sous le titre de Junta da conquista e civilisaçaô
dos Indios, & c ., à laquelle il fut expressément ordonné de rechercher
tout ce qui pouvoit avancer la civilisation des naturels, et de proposer
les moyens convenables pour arriver à d’heureux résultats. Il n’est
pas de notre objet de traiter maintenant un pareil sujet ; nous y reviendrons
néanmoins dans la suite, lorsque nous parlerons des peuples indiens
actuels de la province de Rio de Janeiro : nous espérons montrer alors
toute la sollicitude du gouvernement pour cette classe nombreuse de
ses sujets, et la fatalité déplorable qui a presque toujours comme frappé
de mort des intentions aussi paternelles et aussi généreuses.
Nous glisserons rapidement encore sur le rétablissement de la paix 181
générale en Europe, qui fit refluer tant d’avantages commerciaux vers
Rio de Janeiro (1) : nous nous bornerons à rappeler la mort de la reine
D.a Maria, 1 avènement de D. Jean VI au trône; son couronnement;
(1) La France envoya alors à Rio de Janeiro un agent consulaire avec le titre de général. " •" t : *