
RD«ciatjon°’ 6t t0L1t ^ecîuT age a été à portée de voir qu’il ne lui falloit pas plus de
Prod. animales. Ü l l minutes Pour arriver à la cime d’un mât de 100 pieds de hauteur;
il en descendoit avec non moins de promptitude : ce qui fait du moins
supposer qu’il ne se laisse pas tomber du haut des arbres, après en avoir
mangé les feuilles, comme on l’a encore tant de fois répété. Ses mou-
vemens sont lents sans doute, et son organisation, qui lui rend le marcher
excessivement pénible, semble tout-a-fait étrange dans ces contrées, où les
animaux sont généralement remarquables par leur vivacité ; mais lorsqu’il
est pressé par la faim, il grimpe assez rapidement. Il nage même fort
bien, ainsi que nous avons eu occasion de nous en assurer.-»
Cétacés. Les baleines se montrent parfois près des .côtes du Brésil,
mais moins nombreuses aujourd hui que par le passé, à cause de la
peche continuelle qu en font tant de navires réunis de différentes nations.
Oiseaux. Au Brésil, comme dans nos climats, les oiseaux les plus inté-
ressans et les plus utiles sont ceux que l’homme a su réunir et fixer autour
de sa demeure. Le canard, la pintade et la poule commune, apportés par
les Emopéens, se trouvent par-tout, mais avec plus d’abondance peut-
être dans les districts d’Ilha-Grande, de Parahyba-Nova et de Goytacazes,
que dans les autres. Le dindon, placé ici sur sa terre natale, acquiert des
dimensions qu’on lui voit rarement ailleurs : sa chair est délicate, savoureuse
et fort recherchée, hejacu, gallinacée de la grosseur d’une poule, est
un manger délicieux : cet oiseau s’apprivoise facilement, et devient même
quelquefois incommode par sa familiarité. Une espèce de paon appelé
jacutinga, plusieurs perdrix, lemacuco, et une grande variété de pigeons,
n’offrent pas une nourriture moins estimée et moins salubre.
Les tables peuvent s’enrichir aussi d’excellentes bécasses, de bécassines,
raies, griyes, poules d eau, sarcelles, &ç. Ces dernières sont rares, particulièrement
aux environs de la capitale.
Si 1 on s enfonce plus avant dans la solitude des forêts, on ne sait ce
qui attache le plus, ce qui porte le plus a une douce rêverie, ou cette
variété immense d’oiseaux reflétant les plus vives couleurs, ou le chant
mélodieux et sonore de quelques espèces.'« Quand il n’y auroit, dit
M. Quoy, que la nombreuse famille des tangaras et celle des cardinaux
pour orner les forêts de leur éclatant plumage, on ne pourrait se
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lasser d’en admirer la richesse. Mais les loriots, les fauvettes, les gobe-
mouches , &c. & c ., semblent vouloir compenser par leur nombre ce qui
leur manque du côté de la parure. Les arbres qui entourent les habitations
ont aussi leurs hôtes aimables : qui peut ne pas admirer l’oiseau-
mouche, qui, à chaque instant du jour, vient, paré des plus riches couleurs
de la nature, plonger son bec effilé dans le calice des fleurs du
bananier et du papayer !
» Parlerai-je de l’ani au plumage noir , que des naturalistes ont mis
au nombre des pies, mais qui en est si éloigné par ses moeurs paisibles 2
Cet oiseau vit en société, composée de deux ordinairement, quelquefois
de quatre ou de six membres ; aussitôt que l’un d’eux se pose sur une
branche, les autres viennent s’y ranger à la file et tout auprès comme
s’ils étoient frères. S’il est vrai , comme on l’assure, que cette réunion
subsiste durant la saison même des amours, on ne saurait que.s’étonner
d’un aussi singulier exemple de sociabilité. >»
Le toucan, dont le bec énorme est si nuisible à quelqués plantations,
est recherché pour la parure des femmes, à cause de l’élégance de son
plumage , qui, noir en dessus , est sous le ventre d’un jaune doré mélangé
de rouge. Diverses espèces de perroquets et de perruches, tout en plaisant
auxyeux par la bigarrure de leur robe, sont pour les agriculteurs, dont
ils ravagent les'récoltes, de véritables fléaux. Les aras, les amazones, ces
rois de l’espèce, ne se trouvent guère que dans les parties les plus sauvages,
et particulièrement vers celles qui avoisinent le Rio Parahyba.
« Les raiseaux de rivage et de mer, dit M. Quoy, ne sont pas
moins nombreux. Les martins-pêcheurs ont une parure plus belle que
ceux d’Europe. A l’embouchure des rivières se trouve le héron blanc ;
le jacanas dans les prairies arrosées; tandis que les baies.de la côte
sont .couvertes de frégates qui du haut des airs fondent sur le poisson
qu’elles enlèvent sans plonger, et de fous bruns qui chaque jour viennent
du fond des rades pêcher à leur entrée. A peine cêt oiseau vorace
a-t-i l aperçu sa proie, que, rapetissant ses ailes, alongeant et raidissant
le cou, il s’abandonne à sa pesanteur , et en plongeant semble
un trait qu’on aurait lancé ; il sort aussitôt de l’eau sans être mouillé
et commence de nouveau son exercice.
Voyage de VUranie, — Historique, 5
Prod. animales