
De l’homme
en société.
Amusemens.
cordia. Autrefois ii existoif un temple plus régulier; mais un tremblement
de terre l’ayant détruit, ii n’en reste plus maintenant que les ruines.
Comme 1 église catholique de Dillé, d’une architecture.fort simple, n’a
point de clocher, la cloche destinée à appeler les fidèles à la prière
est posée sur des poteaux à hauteur d’homme, de manière à pouvoir
être tintée extérieurement avec un marteau : on a vu que la même pratique
est suivie en Chine par les sectateurs de Fo.
Les mariages, chez les métis hollandais riches, sont accompagnés de
fêtes brillantes, où beaucoup deluxe est déployé,; festins somptueux,
réunions bruyantes, danses, rien n’y est épargné. L’usageyeut qu’avant la
célébration de la noce, le mari fasse construire une maison : chacun
de ses amis lui envoie, à cette occasion, une branche d’arbre ornée "de
fleurs et chargée de présens, qui consistent pour l’ordinaire en pagnes,
mouchoirs, gâteaux de riz, noix d’arec, feuilles de bétel, &c. Ces
branches se plantent devant la maison nouvelle, au son d.es instrumens,
et l’on exécute alentour plusieurs danses. Celui à qui ces presens sont
offerts donne en retour une fête , où un grand nombre d’individus des
deux sexes sont invités.
Ainsi qu’il étoit anciennement d’usage en France, les dames métisses
portugaises prennent le deuil à dater du décès de leur époux, et le cou---
servent tant quelles ne se remarient pas; on en voit même qui font le
voeu de ne Jamais contracter d’autre alliance, et qui en conséquence
portent à leur cou, même du vivant de leur mari, une médaille de fidélité
de veuve : Dona Joachim (pl. 17 ) étoit de ce nombre. :
Jungor, P a u le , tuo, fie discessura cuhili.
In lapide hoc uni nupta fu isse legar.
P ro p e rc e , clig. x i , iib. iv.
Nous placerons les réunions de société au nombre des passe-temps
les plus recherchés des habitans de Timor. Les métis européens se visitent
le.soir. Chiquer le bétel, boire du thé, causer de choses futiles ou d’aventures
amoureuses ? telles sont les occupations qui retiennent souvent les
convives jusqu’au milieu de la nuit. Quelquefois des esclaves chantent en
choeur en s’accompagnant du tambour timorien et du tamtam chinois. II
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . ¿ ¿3
n’est pas rare non plus que certains jeux de cartes ou de combinaisons
viennent ajouter à la diversité des amusemens. La réunion a lieu habituellement
sous la grande varangue qui sert de péristyle à leur demeure.
Le charme des communications familières n’a pas moins d’attraits pour
les indigènes; c’est sous l’épais feuillage d’un grand arbre qu’ils ont coutume
de se rassembler. Des danses de divers caractères, des chants langoureux,
les combinaisons . du tchonka, sont les récréations qu’ils préfèrent
et auxquelles iis se livrent avec le plus de constance. Mais là comme
ailleurs, sans bétel le plaisir ianguiroit.
C’est au bétel, je l’ai déjà dit, que semble attachée toute leur existence.
Parmi les preuves du grand cas qu’ils font de ce régal de prédilection,
bornons-nous à en citer une : quelque dégoût qu’elle soit capable
d’inspirer, je l’ai jugée trop caractéristique pour la passer sous silence.
Un supérieur veut-il donner à son subordonné une marque signalée
de sa bienveillance, il lui présente un reliquat de chique, qu’il
retire de sa bouche ; et celui-ci le met avec empressement dans la sienne,
en témoignant par ses démonstrations combien il se tient honoré d’une
telle faveur ( 1 ). La jeune fille envoie un semblable cadeau, enveloppé
d’une feuille de bananier, au jeune homme qu’elle préfère ; une esclave
fidèle est chargée du message; et celle-ci rapporte en échange à sa
maîtresse ùn gage d’amour du même acabit.
Danse. — Les Timoriens ont pour la danse un goût décidé : cet exercice,
sur lequel ils savent répandre les agrémens de la diversité, consiste
bien moins pour eux dans le mouvement cadencé des jambes, que dans
celui des bras et du corps. La plupart de leurs danses sont lentes et graves ;
quelques-unes représentent certaines actions de la vie, comme des guerres,
des chasses, &c. ; toutes ont de la grâce, de la noblesse, et exigent parfois
beaucoup de souplesse, ou même, ce qui est ici plus rare, de la vivacité.
Tantôt.c’est la voix qui règle l’exécution des figures, tantôt c’est le son
bruyant du tambour malais et du tamtam, &c. 'Nous avons été témoins
d’une danse de caractère : d’abord, tous les figurans se tiennent par la
main et sur une seule file ; la personne qui est à la tête chante des paroles,
dont le refrain est répété en choeur; une autre, armée d’un bambou, a
( i ) Voyez Crawfurd, op. cit.
D e l’homme
en société.