
Rio de Janeiro, menter leur territoire et à nuire au commerce ainsi qu’à la navigation
Esq^u isse histor. di es Pr»o rt.ugais.
Une escadre fut immédiatement envoyée à Bahia, avec ordre au gouverneur
général, Mem de Sa, qui y commandoit, de partir en personne,
et d’aller effacer par une victoire ce qui p’aroissoit être une tache au
pavillon portugais.
II mit à la voile, en conséquence, le 1 6 janvier 1 5do, avec deux
vaisseaux de guerre, huit ou neuf navires de transport, et vint mouiller à
l’entrée de Rio de Janeiro, où, après avoir demandé et reçu quelque renfort
de San-Vincente, il entra dans la baie le 2 1 février de la même année.
D’abord on établit à terre une batterie de canons de gros calibre, et ,
pendant deux jours et deux nuits consécutifs, on tira sur le fort Coligny,
mais sans beaucoup de succès. Enfin, le 1 5 mars, le feu s’étant communiqué
au magasin à poudre de cette forteresse, il se fit une explosion
terrible qui coûta la vie à plusieurs Français : cet événement désastreux
décida l’action, et obligea nos compatriotes à se retirer sur le continent.
Enorgueillis et surpris à-la-fois de ce succès rapide, les Portugais se
hâtèrent de mettre à la voile pour la capitainerie de San-Vincente v après
avoir fait détruire préalablement les fabriques et les plantations que leurs
adversaires avoient établies dans le voisinage.
Échappés à un danger aussi imminent, les Français ne cherchèrent pas
à revenir sur l’île Viliegagnon ; mais iis se fortifièrent à Uraçu-Mirim,
et bâtirent le nouveau fort de Parana-Pucuy, sur l’île de Cat (x).
Les colons , toujours en bonne harmonie avec les Indiens , parvinrent,
au bout de quelques années, à relever leur établissement et
à devenir encore redoutables aux Portugais. La régente, aïeule du
Roi Sébastien I.er, instruite de ces circonstances, fit partir, avec deux
galions, Estacio de Sa, neveu du gouverneur général du Brésil; le
chargea d’intimer l’ordre à Mem de Sa, son oncle, dé faire attaquer de
nouveau les établissemens français de Rio de Janeiro, de les détruire de
(i) II m’a été impossible de déterminer précisément la position qu’occupoit le fort Uraçu-
Mirim. Je suppose cependant qu’il devoit être, soit sur le coteau de la Gloria, soft -sur celui du
couvent de San-Bento. ( Voyez pl. 2 et 3. ) A l’égard de l’île de Cat, il me paroît a-peu-près
certain qu’elle n’est autre que celle qui se nomme aujourd’hui das Cobras. ( Voyez pl. 2. )
LIVRE I.er — De F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 4 7
fond en comble, et de fonder sur ce point une colonie portugaise. Estacio
de S a , ayant augmenté son armée de toutes les forces dont on pouvoit
disposer à Bahia, parvint à Rio de Janeiro, et mouilla près de l’île Viliegagnon
, en avril i 565. La crainte d’échouer dans son entreprise le fit
repentir presque aussitôt de cette démarche, et il alla à San-Vincente
pour chercher de nouveaux renforts. Ces préparatifs employèrent un
temps considérable , et ne lui permirent d’entrer à Rio de Janeiro qu’au
mois de mars de l’année: suivante. Ses forces consistoient alors en six
bâtimens de guerre, en plusieurs embarcations légères , et neuf pirogues
armées de mulâtres et d’indiens. L’armée débarqua entre Paô de Assucar
et les hauteurs de San-Joa5 ( voyez pl. 2 ) , où, après avoir établi quelques
fortifications, on jeta les fondemens d’une bourgade appelée depuis
Villa- Velha [ Ville-Vieille].
A peine ces dispositions étoient-elles prises , que, le 6 mars 1566 ,
Estacio de Sa fut attaqué par les Français et les Tamoyos réunis ; maisCce
combat n’eut aucun résultat décisif. Quelques jours plus tard, les Portugais
prirent l’offensive, et envoyèrent des détachemens dans les alde'es du
voisinage, où ils commirent d’étranges cruautés. Cependant, malgré leurs
puissans moyens d’attaque, les succès de la guerre furent balancés dans le
cours de cette année. Estacio de Sa fit part à son oncle du mauvais état de
ses affaires ; et celui-ci, craignant de voiréchouer une entreprise au succès
de laquelle il attachoit un si grand prix, réunit de nouvelles forces et vola
lui-même au secours de son neveu, près duquel il arriva le 18 janvier 1 5 67.
Informé qu’Uraçu-Mirim étoit la retraite principale des Français, Mem
de Sa se décida à l’attaquer sur-le-champ avec toutes ses forces. La bataille
fut terrible ; mais bientôt tout dut céder au nombre et à la supériorité
de l’armée portugaise.' La valeur des Français et des Tamoyos , leurs
alliés, fut inutile, et la plupart préférèrent mourir les armes àla main que
de tomber vivans entre les mains d’un ennemi implacable, qui se faisoit
un barbare plaisir de livrer ses prisonniers aux plus horribles tortures.
Le fort Uraçu-Mirim fut détruit ; celui de Parana-Pucuy eut le même sort,
après une attaque très-vive qui coûta beaucoup de monde aux Portugais ,
et dans laquelle Estacio de Sa lui-même fut mortellement blessé. Peu
de Français échappèrent à ce désastre; quelques-uns cependant, s’étant