
Colonie portug.
tièdes, régime si contraire à l’hygiène dans un pays où tant de causes
étrangères concourent à: énerver le corps. Le docteur Gomez (1) a remarqué
que les pêcheurs, qui joignent à un travail salutaire la pratique
des bains froids , sont exempts de la phipart des maladies que nous
venons de décrire. On ne sauroit donc trop recommander ce double
usage dans les pays où l’insalubrité du climat porte par tant de causes
à i’affoiblissement de la fibre.
« Les moyens porphylactiques qu’on pourrait indiquer au gouvernement
brésilien, consisteroient,. selon M. Gaimard,. à travailler avec un
zélé éclairé au dessèchement des marais, à donner un écoulement facile
aux eaux bourbeuses et croupissantes, à faire assainir les villes en
y facilitant la circulation de l’air et sur-tout l’effet des brises périodiques
, en faisant enlever soigneusement les immondices et les matières
animales putréfiées , en ne permettant l’inhumation des morts
que dans des cimetières suffisamment éloignés de la ville, en faisant
niveler et paver les rues, &c. : ils consisteroient, en un mot , à se conformer
aux lois de l’hygiène publique. Alors, sans doute, les maladies
endémiques et épidémiques deviendroient plus rares et pourraient même
disparoître peu à peu.
» Si un ministre, dirigé par l’amour du bien public, prend la résolution
d’exécuter-un jour les différ'ens travaux dont nous venons de tracer
l’aperçu, il aura certainement bien mérité de son pays ; et s i, au moyen
d’utiles institutions, il peut parvenir à faire régner la propreté dans les
rues de la capitale, dans les maisons et chez tous les individus, il
n’acquerra pas moins de gloire, dans une aussi belle entreprise, que
n en obtint jadis le fils d’Alcmène en nettoyant les étables d’Augias. »
• S. II.
Rapports domestiques : nourriture, vêtemens, habitations, dre.
Nourriture. La manière de vivre des colons portugais se rapproche beaucoup de
celle qui est suivie dans la mère - patrie : nous n’aurons donc que de
( 0 Voyez ie journal 0 Patriota.
LIVRE 1. " — D e F r a n c e a u B r é s i l in c lu s i v e m e n t . 1 7 5
légères observations à faire à cet égard. Selon M. Fabré, « les Brésiliens
ne font ordinairement que deux repas, où l’abondance des mets a coutume
de régner plutôt que l’élégance du service. » J ’allai une fois dîner
chez 1 eveque, et fus d abord un peu surpris de voir que nous étions
placés autour d’une table fort grande, quoique le nombre des convives
fut peu considérable; mon étonnement redoubla, lorsque, sans m’offrir
d aucun mets, on me servit une portion copieuse de chacun : je me
trouvai bientôt ainsi entouré de huit à dix assiettes remplies , dont
on me laissa le choix d’user selon mon goût et ma volonté. Cet
usage, qui seroit déplacé et peu agréable dans un climat froid, n’avoit
réellement ici aucun autre inconvénient que d’exiger plus de place
autour de chaque convive : il paroît être général dans les familles portugaises.
Labus des liqueurs fortes , dans un pays où il n’est pas rare de voir
régner tous les genres d’excès, est fort répandu ; les personnes les'
moins aisées usent sur-tout d’une sorte d’eau-de-vie de canne appelée
ici cachaça [ tafia], qui abrutit et change le moral de l’homme plus encore
que les autres liqueurs spiritueuses.
La sieste se fait toujours après le.repas; elle est, pour ainsi dire, sacrée
dans toutes les classes, et dure de deux à trois heures au moins.
Nous avons fait connoître plus haut les denrées de toute espèce
qui s’offrent ici à la consommation du pauvre et du riche; par défaut
de soins cependant la qualité-n’est pas toujours unie à l’abondance.
La viande de boucherie en est un exemple, car presque toujours on
la de mauvaise qualité. Les bestiaux sont fournis à la ville par un
entrepreneur qui , étant privilégié et ne craignant pas la concurrence,
s arrange de manière à gagner le plus possible sur son marché.
Voici comment se fait l’exploitation des boucheries. Dans un espace
entouré de barrières, sont placés les boeufs que l’on doit tuer, au nombre
de trente, quarante, cinquante et même plus; des noirs esclaves, une
douzaine environ, tous armés de haches, se placent pêle-mêle avec
les boeufs; à un signal donné, ils les frappent avec leurs haches sur
le cou , derrière les cornes : la bête tombe presque toujours au premier
coup; mais, s’il le faut, on lui en assène un second; le nègre