
Non - seulement ces. clous resisteroient mieux à l’action corrosive de
la mer que ceux en cuivre forgé (1), mais ils coûteraient moins cher,
seraient plus vite fabriqués , et résisteraient davantage sous l’effort
du marteau. Quant à leur pointe, il seroit facile de la rendre flexible
en lui faisant subir l’opération de la trempe (2), et l’on conserverait à
la tête et à la tige du clou toute la dureté que présente l’alliage dont
il s’agit.
Si l’on vouloit fabriquer les feuilles de doublage et les grands clous
des vaisseaux avec du bronze, il conviendrait d’employer à cet usage les
vieux canons hors de service, et de réserver les métaux neufs et purs
pour la fonte des pièces d’artillerie; on aurait ainsi de bons clous et de
bons canons. Les vieilles monnoies en métal de cloche pourraient être
encore employées au même usage.
Tandis qu’on travailloit aux réparations de ïUranie, M. Smith voulut
que nous allassions visiter sa campagne de Bagatelle, située dans un des
quartiers les plus agréables de l’île, celui de Moka. Perspective ravissante,
riche végétation, cascade, rien n’y manque pour en former un
séjour délicieux, sur-tout lorqu’un propriétaire affable et bien né en fait
les honneurs.
Nous prolongeâmes notre promenade en nous rendant aux plaines de
Willems, à la belle habitation de M. Saulnier, qui nous avoit invités
à y passer quelques jours, et qui nous accueillit avec tout ce que la
prévenance la plus ingénieuse peut imaginer de gracieux.
On a souvent célébré le caractère hospitalier des habitans de l’Ile-de-
France. Dans aucun pays, peut-être, cette noble vertu n’est poussée à
un plus haut degré : l’étranger, celui sur-tout qui a connu le froid égoïsme
d un si grand nombre de nos villes européennes, s’étonne de se voir reçu
(1) Les grands clous en- cuivre forgé, tels qu’ils sont employés au bordage des vaisseaux,
coutoient, en 18 1 3 , 6 fr. 23 cent. le kilogramme; ceux en bronze coulé ne coûteroient au
plus que 2 fr. pour un poids égal.
(2) La trempe du bronze, ainsi que M. d’Arcet nous l’a démontré, produit un effet contraire
a celle de 1 acier.
Des expériences sur des clous en bronze de neuf pouces, ainsi préparés, ont été faites à
herbourg, par M. Cachin, ingénieur en chef des travaux maritimes, et ont donné les résultats
les plus satisfaisans.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v e m e n t . 361
avec tant d’aménité et comme une ancienne connoissairce ; il cherche à
s’expliquer les causes de cette effusion bienveillante dont il est tout-a-
coup devenu l’objet : bientôt il peut se croire au milieu de sa famille
chérie ; et son coeur, ouvert aux plus aimables impressions, aux senti-
mens de la plus tendre reconnoissance, ne sauroit oublier jamais ces
momens de bien-être et de joie qu’il se retrace toujours avec delices!
J ’eus le bonheur de revoir, à l’Ile-de-France, plusieurs de mes anciens
amis, et de me lier avec quelques personnes que je n’avois point encore
connues. Que ne puis-je leur payer nominativement ici le tribut de
ma profonde gratitude pour le touchant intérêt qu’ils m’ont si constamment
témoigné ! Plusieurs d’entre eux ont facilité mes recherches sur
le beau pays qu’ils habitent; et j’aurai, par la suite, plus d’une occasion
de citer les noms de MM. Delisse, savant pharmacien et mon ancien
compagnon de voyage dans l’expédition du capitaine Baudin ; Maure ,
agent de change très - distingué ; Thomy Pitot, que la mort a trop tôt
enlevé aux lettres, qu’il cultivoit avec tant de succès ; et Mallac, juge à
la cour d’appel, non moins recommandable par les .précieuses qualités
de son coeur, que par les ressources d’un esprit v if et cultivé.
Indépendamment des réunions particulières chez nos amis, où tous
les agrémens et les plaisirs d’une société choisie nous étoient offerts ,
nous assistâmes aussi au bal du gouverneur et au repas de corps des
officiers du 22.* régiment, donnés à l’occasion de la fête de Sa Majesté
Britannique.
Plus tard eurent lieu les courses de chevaux. D’après le goût bien
connu des Anglais pour ce genre d’amusement, ils en ont amené la mode
à l’Ile-de-France. Ces exercices annuels durent ordinairement trois jours ,
et ont lieu sur un vaste terrain appelé le Champ de Mars, à l’une des
extrémités de la ville. Comme moyen de réunion, c’est une grande affaire
pour les dames , le bon ton étant d’y venir chaque jour avec une toilette
différente et d’y briller autant qu’on le peut. Les familles les plus aisées
font construire des tribunes ou loges couvertes et un peu élevées, à
l’effet de mieux jouir du spectacle. M. Smith avoit eu le soin d’en faire
préparer une à notre intention ; nous vîmes tout de là très - commodément
: mais j’avoue que l’assemblée occupa mes yeux autant que les
zz*
1818.
Mai.
Juin.
Juillet.