
R io de Janeiro. Il y a auprès de plusieurs églises ( i ) des espèces de petites cours que
Description. i . . T » « . . r les maisons voisines cernent de toute part, et ou Ibn enterre quelque-
Colonie portug. r # J . . . \ 1
rois les esclaves, ainsi que les personnes qui ne peuvent pas payer leur
sépulture dans des tombes et des caveaux particuliers. Les fosses où on
les dépose sont bien souvent recouvertes à peine d’un peu de terre. Les
ossemens déplacés sont ensuite amoncelés à l’air libre dans ces mêmes
enceintes ou renfermés dans une pièce souterraine ou contiguë à l’église,
appelée casa dos ossos [caveau des os]'.. Quelques t uns de ces foyers
pestilentiels ont cependant été déjà supprimés.
Les usages suivis pour le deuil diffèrent peu de ceux qui s’observent
en France,, si ce n’est que les ascendans le prennent aussi pour leurs
descendans. Quant aux veuves , elles ne doivent jamais le quitter, ni
orner leurs coiffures de plumes, de fleurs , & c ., à moins quelles ne se
remarient; ce qui, dit-on-, arrive rarement.
■ Usages Chez, les Brésiliens, riches de Rio de Janeiro, l’emploi du temps est
particuliers. , . , , , - ■ r ■ *
Amusemens. d’une nature assez monotone. A neuf heures ils se lèvent, déjeûîient à
dix, se livrent à leurs affaires jusqu’à trois heures, dînent al ors, font
ensuite une longue sesta, et prennent à huit heures le thé en famille.
Lorsqu’il leur arrive d’ailer passer ia soirée en société , ils partent à sept
heures et rentrent chez eux à onze, à moins qu’il n’y ait un bal, q u i,
dans ce cas, se prolonge jusqu’à deux ou trois heures du matin.
Tous les jours, les personnes titrées vont à ia cour, soit à midi, soit
à huit heures du soir , pour faire leur baisé-main au roi, et reviennent
ensuite au logis reprendre leur train de vie accoutumé.
Un des vices habituels parmi les gens des classes inférieures, c’est la
paresse : ils ne se lèvent pas avant huit heures, laissant autant que possible
travailler leurs nègres. Une Ue leurs récréations favorites est de
regarder, de leurs fenêtres, lés passans dans la rue. Du reste, les femmes
sur-tout sont d’une excessive saleté ; elles se meuvent nonchalamment
dans leurs maisons, au milieu de leurs négresses. Le soir, il n’est pas
rare de les voir occupées, sur le seuil de la porte, à peigner leurs maris,
tandis que ceux-ci, à demi étendus sur une natte, chantent en s’accompagnant
de la guitare.
(6) Voy. T avares, Thèse citée.
LIVRE I.er — D e F r a n c e a u B r é s i l in c lu s i v e m e n t . 2 1 1
L’exercice de la promenade est rare, sur-tout pour les nobles, et n’a
jamais lieu qu’à ia fin du jour. Le jardin public n’est fréquenté que par les
étrangers; mais jamais on n’y voit de femmes. En général, on préfère aller
prendre l’air sur les quais, sur la place do Paço et celle du Campo de
Santa-Anna. D’après l’ordre adopté pour ces promenades, la plus jeune
fille va devant, les autres viennent ensuite par gradation d’âge, puis la
mère, les tantes, les hommes, enfin les esclaves, et tout cela rangé sur
une seule ligne, car jamais homme ne donne le bras à une femme. Quelquefois
des négrillons ou de petits mulâtres privilégiés, entremêlés parmi
les enfans blancs, font partie de cette bizarre procession.
,t ," Qui ne verroit Rio de Janeiro que de jour, dit M. Gabert, seroit tenté
de croire que la population n’y est composée que denègres. Les gens comme
il faut, à moins d’un motif extraordinaire ou de devoirs religieux, ne
sortent guère que ie soir, et c’est alors sur-tout aussi que les femmes se
montrent ; pendant ie jour, elles restent presque constamment chez elles et
partagent leur temps entre le sommeil et la toilette. Le théâtre et les églises
sont les seuls endroits où un étranger puisse jouir de leur présence. «
Les réunions de société sont fréquentes, bruyantes, et toujours on y
voit de belles parures, pour lesquelles les Brésiliens ont un attrait particulier;
mais les hommes s’y tiennent séparés des femmes (1). Au bai,
l’usage veut que ce soit le maître de ia maison qui désigne aux messieurs
les dames avec lesquelles ils doivent danser, et qui les conduise
lui-même auprès d’elles.
Ce sont ordinairement les danses françaises et anglaises que l’on
exécute dans les salons. Ailleurs on préfère bien souvent les danses
lascives nationales, qui sont fort variées et se rapprochent beaucoup
de celles des nègres d’Afrique. Cinq ou six sont très-caractéristiques ;
le landum est la plus indécente ; viennent ensuite ie caranguejo et los
fados, au nombre de cinq : celles-ci se dansent à quatre, six, huit,
et jusqu’à seize personnes; quelquefois elles sont entremêlées de-chants
très-libres; il y a des figures de plusieurs sortes, toutes très-voluptueuses.
(1) Dans certaines familles de haut parage, les demoiselles ne peuvent voir d’hommes en
société que leur père, leurs frères, leurs cousins germains ou dés parèns d’un degré aussi rapproché;
mais cet usage portugais est très-peu observé au Brésil.!' I
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