
lie Timor, sièrement sculpté, i’animal principal de l’adoration (x) : on la nomme
De l’homme r0Uma pamali [ maison sacrée Ê Elle est à-la-fois la demeure des arus- en société, • , J
pices, et de lieu dans lequel est déposé le trésor du roi; c’est là aussi
que se font les cérémonies d’un intérêt général : l’entrée en est habituellement
fermée au public, excepté aux prêtres et au raja. Les têtes des prisonniers
pris les armes à la main, se déposent encore dans ce temple ; là on
en retire la cervelle, on les suspend à des arbres , et cet horrible trophée
décore parfois le tombeau des rajas que l’on veut honorer. Dans le premier
cas, ces têtes sont exposées pendant neuf jours à la rouma-pamali,
et le peuple, qui alors a le droit d’y entrer, se livre, durant ce temps-
là , à des divertissemens outrageans pour les vaincus.
Est-il question d’une entreprise très-importante, on' consulte les entrailles
des victimes, cérémonie à laquelle les rajas seuls sont admis à
assister. De même, quand l’armée revient d’une expédition heureuse, elle
se rend au temple; le raja la précède, et y présente l’offrande des têtes
de prisonniers qu’il a rapportées. Dampier avoit déjà remarqué cet
usage, et il en fait mention dans ses voyages.
Cérémonies aux grandes époques de la vie. — Il est assez ordinaire que
les enfans des rajas soient portés à la rouma-pamali à l’instant de leur
naissance ; ils y reçoivent un nom qui est bien rarement le même que
celui de leurs parens : on ne manque pas, à cette occasion, d’interroger
les entrailles des victimes, pour savoir tjuel sera le sort futur du nouveau
né.
De même lorsque un raja meurt, il est porté à la rouma-pamali, où
il reste exposé pendant plusieurs jours à la vénération du peuple.
Nous ignorons si les unions conjugales sont consacrées par quelque
pratique religieuse ; mais quoi qu’il en puisse être, il n’est pas douteux, selon
Crawfurd (2), que 1 institution du mariage est universellement répandue
dans l’archipel d’Asie. C ’est sans exception à prix convenu qu’un homme
s’achète une compagne : cependant les femmes ne sont traitées ni avec
rudesse ni avec dédain ; elles mangent avec leurs maris et vivent avec
( 1 ) A Coupang ce sont des crocodiles.
( 2) Op. cit. t. I et III.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 63 9
eux sur le pied d’une égalité parfaite, qu’on â peine à concevoir en
considérant l’état de civilisation peu avancé de ces peuplades.
« Toutefois, la polygamie et le concubinage sont tolérés, et ce sont
les personnes titrées ou opulentes qui ont coutume d’user de cette licence.
Dans le cas de polygamie, la femme du premier mariage est toujours
de fait et de droit la maîtresse de la famille. Personne ne voudroit
donner sa fille pour qu’elle devînt la seconde ou la troisième épouse
d’un homme de sa condition; d’où il suit que, généralement parlant,
aucune femme que la première n’est d’un rang égal à celui de son mari.
» Outre le concubinage licite, dans lequel la concubine est une personne
de bas étage et la simple servante de la femme légitime, il y a
généralement trois sortes de mariages en usage. Le premier, et le plus
commun, se conclut en payant au père ou au protecteur de la jeune femme
uïie somme convenue dont le montant varie selon les usages locaux et la
fortune des parties. Dans quelques tribus, lorsque l’entier acquittement
des stipulations d’intérêt est accompli, la femme devient explicitement la
propriété, ou, en d’autres termes, l’esclave du mari, qui peut la vendre
et disposer d’elle ainsi qu’il le juge à propos. Mais elle a droit d’être considérée
comme l’égale de celui-ci, et peut même demander le divorce, s’il
a négligé de satisfaire de tous points à ses engagemens, ou s’il survient
entre les deux familles quelque motif sérieux de divisions et d’inimitiés.
» La seconde espèce de mariage est aussi une affaire de négoce. Cest
un homme qui sacrifie sa liberté personnelle pour devenir le mari d’une
fille dont la condition est plus relevée que la sienne. En aliénant de la
sorte son indépendance, il est reçu dans la famille de son beau-père,
qui peut disposer de lui comme il lui plaît, et même le vendre comme
esclave.
» Quoique la troisième sorte d’union, fréquemment observée chez les
Malais, les Javanais et les peuplades civilisées de Célèbes, ait encore pour
base un prix d’achat, payé au préalable par le mari, l’égalité des rangs
en établit naturellement une entre lui et sa compagne dans le partage de
l’autorité conjugale. »
Les hàbitans chrétiens ou idolâtres de Coupang ne prennent en général
qu’une seule femme; mais l’extrême condescendance de celle-ci la
De Fhomme
en société.