
Habitans
indigènes
actuels.
Une des beautés qu’on prise le plus chez les femmes consiste à avoir le
bas des jambes très-mince : aussi, dès l’enfance, les leur serre-t-on très-
fort avec des liens vers cette partie.
La plupart de ces Coroados n’entendent point le portugais et n’ont aucune
cohnoissance de la religion chrétienne. Leurs moeurs se ressentent
de la barbarie dans laquelle ils vivent. Il règne parmi eux une abominable
polygamie, ou, pour parler plus exactement, l’union des sexes, à l’instar
des brutes, n’y connoît aucune règle : il n’est pas rare. qu’un Coroados
soit à-la-fois Je père, le frère et même le gendre de son fils. On voit souvent
aussi le père et la mère battus par leurs enfans, lorsque ces derniers
sont les plus forts. Hospitaliers envers leurs amis , ils sont implacables
et féroces dans leurs inimitiés; ce n’est qu’en dévorant les membres de
l’offenseur que leur vengeance peut être assouvie. . . .
La religion des Coroados ne paroît pas différer beaucoup de celle des
anciens Tamoyos ( voy. chapitre VII ). Ils croient à l’immortalité de
l’ame, et pensent que chaque homme trouvera dans l’autre monde ce
qu’il a laissé dans celui-ci; que les méchans seront obligés de parcourir
sans cesse les forêts; enfin que les défunts ne goûteront de repos dans
aucun endroit, s’ils n’ont pas été ensevelis dans leurs propres demeures.
Voilà pourquoi on a tant de peine à les forcer d’habiter sur un point fixe ;
car chez eux , lorsqu’un chef de famille meurt, on lui brise les bras et les
jambes, et il est placé ainsi dans un grand vase en terre, qu’on enfouit
au.centre même de sa cabane; on dépose auprès de lui, dans la fosse, les
armes dont il s’étoît servi : la cabane est abandonnée ensuite, et l’on
va en établir ailleurs une autre.
Les Puris, selon Eschewege (1), sont plus beaux, ont une constitution
plus robuste que les Coroados, quoique dans les combats ces derniers
remportent souvent sur eux la victoire : les traits de leur visage sont plus
doux et plus agréables ; mais leurs yeux sont sans expression et leurs
regards stupides. Les Puris que le prince de Wied - Neuwied a rencontrés
sur la rive septentrionale du Parahyba,- en face de San-Fidelis
(voyez pl. 1 ) , étoient petits ou trapus: ce qui paroît confirmer l’opinion
( 1) Les faits rassembles sur les Puris, dans cet article, sont empruntés du Journal vôn
Brazilien, de M. Eschewege, et du Voyage au Brésil, du prince dé Wied-Neuwied.
LIVRE I.CI — De F r a n c e a u B r é s i l i n c l u s i v e m e n t . 333
que ces Indiens forment plusieurs tribus distinctes , et même ennemies Rio de Janeiro,
entre elles. Hinadbigitè.anness
. Une cure singulière faite sur une femme Puris, qui paroissoit presque actuels,
morte , est rapportée par Eschewege. Plusieurs Indiens, étant allés chercher
une pierre plate et très-large, allumèrent du feu tout autour, et-la
chauffèrent assez fortement. Ensuite on plaça dessus la malade accroupie ;
et plusieurs femmes, qui avoient fait chauffer de l’eau dans de grands
vases, s’étant rangées en cercle, prirent de cette eau dans leur bouche et
en jetèrent continuellement sur la pierre chaude: : la malade, promptement
enveloppée de vapeur, commença bientôt à transpirer d’une façon
extraordinaire. Lorsque les sueurs eurent duré quelque temps, on l’enve-
foppa pour la ressuyer, et elle s’en alla guérie, du moins en apparence.
Ce qui est fort remarquable, .c’est, que les liqueurs spiritueuses dont
les Coroados se montrent si avides, sont en horreur aux Puris (1). Ces
derniers font cuire leurs viandes dans des fours semblables à ceux des
insulaires du Grand-Océan; en quoi il diffèrent des Tamoyos et des
Tupinambas , qui les faisoient griller sur des boucans.
L’opinion générale est que les Puris sont cannibales et mangent leurs
ennemis. II paroît cependant que leur naturel est moins féroce que celui
des Botocoudes (2).
On retrouve ' chez les femmes Puris l’usage de se serrer le haut et le
bas des jambes; mais en se mariant, elles se débarrassent de ces espèces
d’entraves. Elles ont en commun avec les hommes l’usage de se barioler
le corps de diverses couleurs et d’une manière bizarre.
* ('1 ) Journal von Brazilien.
(2) Nation étendue et barbare, anciennement connue, avons-nous dit ailleurs, sous le nom
ÜAymures. Éminemment anthropophages, les Botocoudes habitent les vastes plaines de Minas-
Geraes, Espirito-Santo, Porto-Seguro et Ilheos : aucune différence physique très-notable ne
les distingue des'autres peuplades brésiliennes. Un'ornement qui leur est propre consiste à
placer à leur lèvre inférieure, fendue à cet effet, un disque en bois, ayant ordinairement de
2 pouces et demi à 3 pouces, mais parfois jusqu’à 4 pouces; 4 lignes de diamètre.^ Les Por^
tugáis donnent à ce disque le nom de botoque [ bonde ] , d’où est venu celui de Botocoudes,
par lequel ces Indiens sont aujourd’hui généralement désignés. Ils se font aussi un trou au lobe
de chaque oreille, et y introduisent une rondelle en bois qui, remplacée de temps en temps par
une autre graduellement plus grosse, finit par donner à l’oreille une extension démesurée. Leur
coiffure ressemble entièrement à celle des anciens Tamoyos , c’ést-à-dire qu’ils conservent une
couronne de cheveux au sommet de la tête, tout le reste étant soigneusement rasé.