
Rio de Janeiro, nages d’un haut rang ont à leurs gages* Au reste, ces femmes, à bien
Description. . » . . .
^ , . peu dexceptions près, ne jouissent daucune considération, et ne sont
v-olome.portug. 1 '
admises que dans ia société des gens du peuple. »
« Ce qui m’a beaucoup étonné, dit M. Laborde, c’est de voir exécuter
sur le grand théâtre des danses lascives et obscènes : un soir,
entre autres, j’y fus spectateur d’un exercice de ce genre connu dans nos
colonies de l’Inde sous le nom de chéga; on redemanda cette danse trois
fois de suite ; et à chaque reprise, les figurans y mettoient plus d’action,
des gestes plus animés, plus expressifs J ’avoue franchement, au reste,
que cette scène bouffone m’amusa beaucoup. Mais j’étois sur-tout émerveillé
de l’espèce de ravissement qui se peignoit sur toutes les figures des
dames et même des demoiselles qui garnissoient encore les loges. » Je dois
ajouter cependant que beaucoup de personnes, soit par une honnête pudeur,
soit par respect humain, ont soin de se retirer avant que ces jeux
indécens commencent.
D’après ce qui m’a été assuré par des gens dignes de foi, il paroî-
troit que peu de villes contiennent un plus grand nombre de contrebandiers,
de voleurs et même d’assassins, que Rio de Janeiro. Les
meurtres y sont extrêmement communs : l’ivrognerie, la jalousie et la
propension au vol sont, dans les basses classes du peuple, des causes
sans cesse renaissantes d’événemens tragiques. L’usage qu’ont les Brésiliens
de porter toujours un stylet à leur ceinture, ainsi que nous en avons fait
plus haut la remarque, ne facilite que trop ces déplorables désordres.
Les habitans de Campos passent pour avoir l’humeur singulièrement litigieuse,
et la plupart, dit-on, dépensent annuellement en procès une grande
partie de leur revenu. « L’assassinat prémédité est plus fréquent chez eux,
» dit M. Tavares ( i ), que le simple meurtre ; et l’on trouve parmi ces hommes
» d’un caractère froid, plus chagrins que colères, plus susceptibles de ven-
» geance que d’emportement, des personnes absolument intraitables. »
Education. Allaitement. Nous avons peu de chose à dire sur l’éducation physique.
« Les femmes, en général, ainsi que le remarque M. Gaimard, font
nourrir leurs enfans par des négresses. Quelques dames portugaises de
distinction ont voulu se soustraire à un usage qui leur interdisoit les
(i) Dans la Thèse déjà citée.
LIVRE I;ei — D e F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 2 0 1
vraies fonctions maternelles; mais on assure que la foibiesse de leur
santé ne leur a pas permis de terminer ce quelles avoient si glorieusement
entrepris. Les étrangères seules allaitent leurs enfans.
Instruction. Passant du premier âge à celui où le développement des
facultés intellectuelles est susceptible de s’opérer, nous allons faire con-
noître ce qui se rapporte à l’instruction publique.
Les écoles primaires sont assez multipliées : on y apprend aux enfans
à lire, à écrire, et le calcul, en suivant une certaine méthode allemande
qui consiste à faire, en quelque sorte, chanter les leçons (1).
-On comptoit dans la capitale, à notre arrivée à Rio de Janeiro,
deux séminaires ou collèges pour les jeunes gens : celui de San-José et
celui de San-Joachim. « Les dépenses du premier, dit M, Gaimard,
sont à la charge du roi et de i’évêque ; le gouvernement paie les maîtres
de français, d’anglais, de mathématiques et de chimie; l’évêque , les
professeurs de latin, de philosophie, d’histoire , de géographie, de
théologie dogmatique, &c.
» Le séminaire de San-Joachim a été supprimé, dans le mois de janvier
18 18 , par le ro i, d’accord, avec ïévêque, ce sont les expressions de
l’ordonnance royale, à cause de quelques déréglemens qui s’y étoient
glissés et du peu d’instruction qu’on y recevoit (2).
» En générai, les études se sont beaucoup améliorées depuis l’arrivée
du roi. On enseigne maintenant, dans quelques écoles publiques (3},
le latin, le grec, le français, l’anglais, la rhétorique, la philosophie,
les mathématiques, le dessin et le commerce. Il y a , en outre, trois
académies ou écoles spéciales, savoir, une pour la marine, une autre
destinée à former des officiers du génie et de l’artillerie, une troisième
médico-chirurgicale.
» Toutes les écoles publiques sont en vacances depuis le 2 1 décembre
jusqu’au 8 mars; à cause des grandes chaleurs.
(1) Depuis la déclaration de l’indépendance, une école d’enseignement mutuel a été établie.
(2) Selon 1 auteur de la Corografía brazilica, on n’y enseignoit que le latin et le plein-chant.
Lors de la suppression de- ce séminaire, les troupes nouvellement arrivées de Portugal y furent
logées ; mais, depuis le départ de celles-ci, il a repris sa première destination, pour l’instruction
des jeunes orphelins, auxquels il est particulièrement affecté.
(3) E t même g ra tu ite s, selon que me l’a assuré M. d’AImeida.
Voyage de TUranie. — Historique. r r
Colonie portug.