
naturel d’espérer que M. de Freycinet et ses collaborateurs ajouteraient
quelques nouvelles particularités à l’histoire des peuples sauvages.
Les manuscrits de l’expédition, qui ont été déposés au secrétariat de
l’Académie, forment trente-un volumes in-4 ° Nous en avons examiné
tôutes les parties avec le’* plus grand soin ; mais n’ayant pu , faute de
temps, calculer la totalité des observations, nous serons réduits, sur beaucoup
de points, à présenter, pour ainsi dire, le simple catalogue des richesses
que M. de Freycinet nous apporte. Pour procéder avec ordre,
nous réunirons dans des paragraphes distincts tout ce qui est relatif à
chaque genre particulier d’observations.
Itinéraire.
L ’expédition lit voile de Toulon le 1 7 , septembre 18 17 .; elle arriva à
Gibraltar le 1 1 octobre, et en partit le 14 pour Ténériffe, où elle séjourna
du 22 au 28 du même mois. L ’Uranie jeta l’ancre à Rio de Janeiro
le 6 décembre. Cette ville ayant paru une station convenablement placée,
tant pour les observations du pendule que pour celles des boussoles,
M. de Freycinet y séjourna près de deux mois. La relâche suivante, celle
du Cap de Bonne - Espérance, dura du 7 mars au 5 avril 1 8 18 , et fut
employée à des travaux analogues, d’autant , plus importans, qu’ils pourront
être directement comparés, à ceux de La Caille. Cette même considération
donnera aussi de l’intérêt aux observations de l’Ile-de-France ,
où tUranie aborda le 5 mai 1 8 18 , et qu’elle ne quitta que le 16 ¡juillet,
Après avoir séjourné fort peu de temps à l’île Bourbon, M. de Freycinet
fit voile, le 2 août, pour la baie des Chiens-Marins,'quil avoit déjà
visitée dans son premier voyage avec le capitaine Baudin. II y arriva le
12 septembre, et en partit le 26 pour Coupang, chef-lieu des établisse-
mens hollandais dans l’île Timor. On verra plus bas i’énumération des
observations de divers genres faites dans ce port depuis le, 9 octobre x 818
jusqu’au 23 du même mois, jour du départ de 1 expédition pour Dille.,-
où réside, au Nord de l’île, le gouverneur de la portion portugaise.
I En quittant Dillé, le 22 novembre, /’Uranie se dirigea, vers la petite
île Rawak, située près de Vaigiou (Nouveüe-Guinée), presque exactement
sous i’équateur ; elle y séjourna depuis le 1 6 décembre 1 8 1 8«jusqu au
5 janvier 18 19 . La relâche suivante eut lieu aux Mariannes, et fut de
près de trois mois, tant à raison de l’importance des opérations qu’on
exécuta dans ces îles, que parce qu’il fallut renouveler les provisions, et
laisser aux malades, qui étaient alors en assez grand nombre, le temps
de se rétablir. Le 5 juin 1 8 1 9 , l 'Uranie fit voile de Guam ; elle jeta l’ancre à
Owhyhi, la plus considérable des îles Sandwich, le 8 août ; le 16 , elle visita
Mowi ; le 26, elle aborda à Wahou, et quitta définitivement cet archipel
le 30 août pour le Port-Jackson, où l’on devoit radouber le bâtiment et
faire les observations ordinaires relatives à la pesanteur et au magnétisme.
L’expédition partit, le 25 décembre 18 19 , de la Nouvelle-Galles du
Sud, pour la Terre-de-Feu ; mais à peine avoit-on jeté l’ancre dans la
baie de Bon-Succès le 7 février 18 20 ,. qu’un ouragan furieux força de
couper subitement le câble et de se, laisser aller à sec de voiles pendant
deux jours consécutifs. Lorsque la tempête fut apaisée, il restait à choisir,
vu l’importance des observations du pendule dans les hautes latitudes
australes, entre le retour à la Terre-de-Feu, dont on étoit déjà assez
éloigné, et une relâche aux îles Malouines : c’est ce dernier parti qu’adopta
M. de Freycinet. L’Académie a entendu de la bouche de cet habile
officier tous les détails relatifs au naufrage de l’Uranie, qui eut lieu dans
la baie Française, le 15 février 18 2 0 , et au séjour de l’équipage sur
cette terre déserte ; il nous suffira conséquemment de dire que l’expédition
quitta les Malouines le 27 avril 18 2 0 , sur un bâtiment américain
que le hasard avoit amené dans ces parages et dont M. de Freycinet fit
l’acquisition ; qu’elle relâcha d’abord à Montévidéo : que, le 7 juin , après'
un séjour d’un mois dans la rivière de la Plata, la Physicienne, c’étoit le
nom qu’on avoit donné au nouveau bâtiment, fit voile pour Rio de Ja neiro
, et qu’elle y aborda le 19. Pendant un séjour de trois mois , nos
navigateurs répétèrent à Rio les observations de divers, genres qu’ils y
avoient faites dans leur premier passage. Enfin, le 13 septembre 1820 ,
la Physicienne quitta le Brésil ; le mauvais temps la força, le 1 o novembre,
de relâcher à Cherbourg ; le 12 , elle quitta ce port, et arriva, le 13 , au
Havre, où elle a été désarmée. La durée du voyage a donc été de trois
ans et près de deux mois; la longueur totale de la route que l’expédition
a parcourue se monte à environ 23Ù00' lieues, de 25 au degré. .