
D e l’homme
en société.
en sont la suite, ni des jeux de cartes ou autres importés de i’Europe ou
de ia Chine. L’esjpace qu’il nous est permis de consacrer à cette matière',
sera convenablement rempli par la description d’un jeu de combinaison
fort en vogue à Timor,' où il est appelé tchonka ou tjonka. Connu dans
l’Inde et même à l’Ile - de - France ; où les Malabares qui l’y ont introduit le
nommentpanangouni, ce jeu est aussi répandu, je crois,-dans certaines
provinces russes.
L ’instrument qui sert à le jouer consiste en uñe table ou en un petit
meuble de bois qu’on peut placer sur ses genoux; plusieurs cases hémisphériques
y sont creusées, et sont destinées à recevoir des billes ou
de petites coquilles. On donne au tchonka des formes plus ou moins
élégantes; mais un parallélipipède en bois pourroit suffire.
Voici celle qui est la plus ordinaire :
Deux grandes cavités également hémisphériques, A et B , nommées
roumas ou magasins, se trouvent placées à chaque extrémité du tchonka;
la capacité doit en être calculée de manière que l’une et l’autre puissent
contenir la totalité des billes dont on fait Usage. Chacun des joueurs a son
rouma à droite ( i ) , et devant lui une série de cases plus petites, en
nombre arbitraire, que, pour fixer les idées, nous supposerons être de
sept (2).
Chacune de ces petites cases est garnie d’un nombre de billes égal à
celui de 1a série (3). Les deux partners commencent la partie en même
temps. A cet effet, ils prennent dans la main droite toutes les billes qui
( i ) Voyez dans l’Atlas les planches n.os 1 8 et 25,.
(2 ) Nous avons vu des tchonkas où le joueur n’avoit devant lui que six cases-, d’autres où
il en avoit neuf; mais, ainsi que je l’ai dit, ce nombre est. tout-à-fait arbitraire. Cependant,"
comme il sera facile de le concevoir, les combinaisons du jeu sont d’autant plus difficiles, qu’il y
a une plus grande quantité de cases.
( 3 ) Ces billes ont environ 3 lignes de diamètre.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c lu s i v e m e n t . 6 6-j
sont dans une de leurs cases propres, ad libitum, en exceptant toutefois la
case de l’extrême gauche : on en verra plus tard la raison. Partant ensuite
de cette case, le joueur dépose, en allant de gauche à droite, une bille dans
chaque case qu’il rencontre; .y compris son rouma, et il continue de la
même manière dafis les cases de son adversaire, quil parcourt alors de
droite à gauche, jusqua ce qu’enfin sa dernière bille ait été posée. Arrivé
à ce point, ii relève toutes les billes qui se trouvent dans la- case où est
cette dernière bille, et il continue à parcourir, dans le sens prescrit, le
reste des cases de son adversaire, puis les siennes propres, et ainsi de suite.
II faut remarquer qu’on ne doit point, en passant, mettre des billes
dans le rouma de son adversaire.
Lorsqu’il arrive qu’un des joueurs place sa dernière bille dans une case
vide , il doit s’arrêter et rester là comme en prison; mais pour se dédommager
, il prend, à titre de consolation, toutes les billes qui se trouvent
vis-à-vis de celle-là, et les met dans son rouma. L’autre joueur alors continue
seul la partie, jusqu’à ce qu’un hasard pareil le constituant prisonnier
à son tour et aux mêmes conditions, son adversaire recouvre la liberté.
Dans cette lutte préliminaire, on a marché en aveugle; il s’agit maintenant
d’avoir recours aux combinaisons. Pour recommencer à jouer, il
vous est loisible de prendre les billes dans celle de vos cases qu il vous
plaît; mais si, en distribuant ces billes ainsi qu’il a été dit, la dernière
tombe dans votre rouma, comme vous ne devez pas relever les billes qui
s’y trouvent, vous êtes en droit de recommencer à prendre des billes dans
une autre case à votre choix. Cette circonstance de finir sa distribution
dans son rouma, est une des plus avantageuses du jeu ; aussi l’habileté
consiste-t-elle à la faire naître le plus souvent possible. Elle peut survenir
au commencement de la partie, c’est-à-dire, avant que l’un des partners ait
été obligé de suspendre son jeu : elle donne lieu aux mêmes conséquences.
Après tout, il n’est pas toujours facile de placer sa dernière bille dans
le rouma : y arriver directement est rare; le faire par une suite de coups
tient à un calcul fort compliqué : aussi est-ce là que la routine du joueur
et sa sagacité doivent venir à son aide. En thèse générale, lorsqu’on recommence
à jouer, il est avantageux de prendre des billes dans celle de ses
cases où elles sont le plus amoncelées.
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