
Colonie porta £
Habitations.
usage, qui a pris naissance en Portugal, donne iieu à de fréquens assassinats,
qui arrivent souvent à la suite de rixes peu importantes.
A Mangaratiba (1), selon M. Eschewege (2), le costume ne diffère
guere de celui qui est usité en Portugal. Les femmes portent des manteaux
courts dont les manches de diverses couleurs descendent plus bas
que les mains : celles qui veulent se distinguer ont un manteau pareil,
de couleur jaune de soufre, bordé d’un velours noir, large et parsemé
de quelques ornemens en argent. D’autres manteaux, garnis de la même
étoffe, laissent presque tout le visage découvert. Les femmes les plus
riches suivent les modes de la capitale.
L habillement des négresses esclaves est sur-tout d’une excessive simplicité
: il se borne à un méchant jupon, avec une chemise, ou même
une sorte de fichu qui retombe carrément sur la poitrine ; car presque
jamais elles n’ont de camisole. Celui des esclaves mâles se compose uniquement
aussi d’un langouti ou d’un caleçon en coton, rarement d’une
veste. Ce sont pour la plupart des guenilles d’une saleté dégoûtante.
Les uns et les autres n’ont ni chaussure ni rien pour se couvrir la tête.
Sans doute il y a des maisons bien bâties à Rio de Janeiro; quelques
édifices même se feroient distinguer en Europe par leur solidité et leur
élégance : mais ce sont des exceptions, et nous ne voulons ,en ce moment
nous occuper que de généralités.
Ordinairement les maisons de la capitale n’ont qu’un étage ; il y en a
peu qui en aient deux, et un moindre nombre encore qui en aient trois.
Celles qui ont trois fenêtres de face, ou deux fenêtres et une porte, sont
distribuées ainsi que l’indique le dessin que nous en donnons ( pl. p ) ;
cette distribution est la même, quelle que soit la quantité des étages.
S’il arrive qu’il y ait sur le devant une fenêtre de plus, les pièces, dans
ce cas, sont plus grandes, ou bien il y a un petit cabinet à côté du
salon. En général, toutes les maisons sont faites sur ce principe, d’avoir
un grand salon toujours sur la rue, et le reste de l’appartement distribué
en alcôves et en corridors. Je pense qu’on peut attribuer un tel vice de
construction a deux causes. La première tient aux moeurs et aux habi-
(1) Bourg dans le district d’IIha-Grande; voy. pl. 1.
(2) Journal von Brazilien.
LIVRE I.er — D e F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . i 7 9
tudes des citadins, qui, passant la majeure partie de leur vie à dormir,
à se promener, à regarder par la fenêtre et à recevoir quelquefois leurs
amis, n ont, au fait, besoin que de leur salon et de leur alcove. La
seconde cause provient de la cherté des terrains dans l’intérieur de la
ville; l’élévation de leur valeur engage les acquéreurs à y bâtir beaucoup
de logemens dans le moindre espace possible, en ne leur donnant, en
conséquence, que la largeur strictement nécessaire pour que, tant bien
que mal , la lumière puisse arriver du devant au derrière de l’édifice.
Pour faire une habitation jolie et commode, il faudrait employer le
terrain de quatre des maisons ordinaires de Rio de Janeiro, et cependant
le prix de location ne serait guère augmenté alors que du double.
Ce mauvais système, adopté par les habitans long-temps avant l’arrivée
de la cour au Brésil, a été maintenu par la nécessité de bâtir promptement,
et à portée des affaires, un grand nombre de logemens pour les
personnes qui arrivoient en foule du Portugal et des différentes contrées
du Brésil.
Presque toutes les maisons sont construites en pierre ; les collines
abondantes en granit qui ayoisinent la ville, fournissent pour cela d’excei-
lens matériaux. Le mortier est composé de chaux de coquillage, de sable
de mer, ou de terre grasse, dans des proportions qui varient et dépendent
des vues plus ou moins économiques du propriétaire. L ’usage veut que
celui-ci dirige ses ouvriers à sa guise : de là dérivent les irrégularités sans
nombre qui’ déparent les édifices ; on en a vu de très-avancés où l’on
avoit oublié l’escalier. Cette partie de la maison est ordinairement la plus
défectueuse ; parfois ce sont de vrais casse-cous. Le défaut de bons
architectes donne lieu journellement à Une foule d’accidens trop souvent
funestes aux ouvriers, aux locataires et même aux passans.
Le gouvernement a ouvert enfin les yeux sur cet abus; et l’intendant
de police a fait des réglemens de prudence, qui, par malheur, n’ont été
suivis que dans le commencement, comme il arrive dans les pays où les
lois sont exécutées avec mollesse.
Les planchers des maisons reposent presque par-tout sur des poutres
d une grosseur démesurée et beaucoup trop rapprochées ; ce que les
propriétaires affectent par ostentation, pour montrer qu’ils n’épargnent
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Colonie portug.