
Habitans
primitifs.
Mort.
Sépulture.
» fin, disoyent-ils, nous apprend de Léry, que l’esprit parlast puis après
» dans icelies ; pour íes dedier à cest vsage, ils les faisoyent sonner à
» toute reste. »
Prenant ensuite des feuilles de tabac sec, allumées et attachées au
bout d’un bâton de quatre à cinq pieds de long, ils souffloient à plusieurs
reprises la fumée sur les sauvages, en leur disant : « A fin que vous sur-
» montiez vos ennemis , receuez tous l’esprit de force (1). » Ces cérémonies
duroient plus de deux heures.
Leurs chants contenoient des lamentations sur la perte de leurs ancêtres,
des espérances sur la vie future, des menaces, contre leurs
ennemis, et une tradition grossière du déluge. Cet usage , chez des
peuples privés de l’écriture, de conserver dans des espèces de compositions
rhythmiques la mémoire des faits mémorables de leur histoire,
mérite sur-tout d’être remarqué.
Ces solennités finies, les Caraïbes alioient de village en village, faisoient
orner des plus belles plumes trois ou quatre maracas, lesquels ensuite
étoient fichés en terre dans l’intérieur de chaque maison. On servoit
à manger et à boire, pendant quinze jours, devant ces simulacres, qui
prenoient, croyoient-ils, leurs repas pendant la nuit. « Après cest ensor-
» celement, dit de Léry, les sauvages ont vne opinion si estrange de
» ces maracas ( lesquels ils ont presque tousiours en la main), que leur
» attribuant quelque sainoteté, ils disent que souuentesfois, en les son-
» nans, vn esprit parle à eux. » Ils étoient d’ailleurs persuadés qu’il leur
fût arrivé malheur s’ils eussent mangé des mets offerts à ces maracas.
A la mort de l’un d’entre eux, ils faisoient autour du corps des lamentations
générales et bruyantes ; les femmes sur-tout hurloient plutôt
quelles ne crioient; et jusqu’à ce que le corps eût été enlevé, elles ne
manquoient point de rappeler les faits et gestes du défunt et de citer des
traits à sa louange.
Ceci duroit ordinairement une demi-journée ; leurs morts n’étoient pas
truche vidé, traversée par un bâton d’un pied et demi de longueur , et contenant intérieurement
de petites pierres. Nos Brésiliens avoient souvent cet instrument à la main dans leurs
fêtes; et en le remuant, ils-en tiroient un son «bruyant, plus fort, dit de Léry, qu’vne vessie
» de pourceau pleine de pois. » '
- ( 1 ) De Léry, pag 285.
LIVRE I.cr — D e F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . i 5 5
gardés davantage : on les enterroit ensuite debout dans une fosse circulaire
où l’on jetoit parfois quelques colliers , ornemens de plumes et
autres objets qui leur avoient appartenu.
Dès la nuit suivante, on mettoit sur la fosse de grands plats de farine,
des viandes crues et des vases remplis,de caouin; ce qui se continuoit journellement
, jusqu’à ce que le corps fût complètement putréfié ; attention,
selon eux, propre à distraire le malin esprit, qui n’auroit pas manqué de
dévorer le cadavre, si on ne lui eût pas donné d’autre nourriture.
s. IV.
Industrie.
Chaque chef de famille avoit, dans le voisinage de son habitation,
un terrain destiné à la culture de quelques végétaux utiles : l’entretien en
étoit simple , e t, comme nous l’avons dit, abandonné aux femmes.
Quelques dindons à l’état domestique rôdoient autour de la demeure,
mais ne recevoient aucun soin particulier.
Les hommes seuls s’occupoien't de la chasse, tuoient le gibier avec
leurs flèches, ou le prenoient dans des chausse-trapes et d’autres pièges
qu’ils construisoient avec assez d’art.
Parfois la pêche se faisoit aussi à coups de flèches; mais plus fréquemment
c’étoit à la ligne qu’elle avoit lieu : dans ce cas, une sorte
d’épine naturelle cueillie dans les bois, faisoit l’office d’hameçon. Les
sauvages pêchoient à-la-fois sur les lacs, sur les rivières et à la mer. Des
radeaux de cinq pieds de long sur deux de large leur servoient à naviguer
sur les eaux calmes; ailleurs ils employoient des barques faites d’écorce
d’arbre, et de diverses grandeurs.
Rien n’étoit plus important pour eux que la confection de leurs armes
de guerre. Le feu leur servoit à abattre les arbres; des pierres aiguës et
tranchantes , à les dépecer et à les écarrir. Le tacape' ou casse-tête, composé
d’un bois noir ou rouge fort dur, avoit cinq à six pieds de longueur,
et se terminoit, à une de ses extrémités, par un disque lenticulaire,
tranchant sur les bords comme le taillant d’une cognée. Cette arme
V *
Habitans
primitifs.
Agriculture.
Chasse.
Pêche.
Fabrications
diverses.