
Géologie
et minéralogie.
précieux, n’en recèle pas en réalité autant que telle autre où c’est à la
seule industrie de l’homme, au hasard peut-être, qu’on a dû vraisemblablement
l’avantage d’en dévoiler l’existence.
■■ Eu égard à son gisement géologique, l’or des îles indiennes se
trouve, comme dans les autres parties du monde, en veines et en lits
minéraux , aussi bien qu’en dépôts d’ailuvion. Celui de la première
catégorie existe dans le granit, le gneiss , le schiste micacé et le schiste
argileux; et celui de la seconde, dans de l’argile et du sable ferrugineux.
Le minerai contient toujours une quantité considérable d’argent, et assez
généralement aussi un peu de cuivre.
» Une très-petite partie de l’or livré au commerce par les insulaires
indiens, est obtenue par le procédé du minage dans les1 veines et les lits
minéraux ; on s’en procure aussi en lavant le sable et la vase des ruisseaux
ou des rivières aurifères ; mais la récolte la plus productive est
celle qui se fait en lavant les dépôts d’or dans les terres d’alluvion. La
première méthode (inconnue ou du moins tout-à-fait inusitée à Timor)
est principalement suivie par les tribus les plus civilisées de l’archipel ; la
seconde est celle que préfèrent les sauvages ; et la troisième est sur-tout
pratiquée par les colons chinois répandus dans ces îles.
» Les naturels sont tout-à-fait inhabiles à juger de la qualité du métal
qu’ils exploitent : complètement étrangers à tout procédé chimique, ils
ne possèdent aucun moyen de séparer l’or pur des matières hétérogènes
qu’il contient; ils ne soupçonnent pas même un pareil amalgame. Suivant
leur naïve et grossière conception, l’or plus ou moins allié est tou -
jours le même métal parvenu à différens degrés de maturité. »
L’or produit par les îles d’Asie est à-peu-près, dit encore Crawfurd,
le huitième de celui que fournit le monde entier. Nous ignorons dans
quelle proportion celui de Timor se répand dans le commerce, mais
nous savons qu’il est un de ses plus importans objets d’exportation.
Cuivre. — Ce métal est encore ici une production d’un haut intérêt.
On le connoit dans le commerce sous le nom sanskrit de tambaga, et à
Coupang sous le nom malais de loyan. Il est très-abondant sur plusieurs
points de l’île (1), soit en minerai, soit à l’état natif : celui de cette-
( 1 ) Tous ces échantillons de minéraux on; été déposés dans la -collection géologique du
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v e m e n t . 5
dernière espèce se trouve communément dans les ravins ou au milieu
des éboulemens occasionnés par les pluies. Les échantillons de mine
de cuivre que j’ai rapportés, provenoient du royaume de Vémassé. Dans
celui de Fialara, non loin de Batouguédé , on déterre fréquemment
aussi d’assez gros morceaux de cuivrîP'iiatif, en fouillant seulement à
la profondeur de deux pieds jUË Pendant long-temps on n’auroit trouvé
ce métal, dans les îles d’Asie, qu’à Sumatra et à Timor; mais, depuis
peu, on-en a aperçu des traces à Bornéo.
Fer. — L’existence du fer à Timor est encore problématique : des
personnes dignes de foi cependant m’ont assuré y avoir vu du minerai
de ce métal, et même, si elles ne se sont pas trompées, il y en auroit,
au fond de quelques ravins, une quantité assez considérable pour en
rendre l’exploitation avantageuse ; mais ce qui est certain, c’est qu’aucun
essai e'n ce genre n’a été fait. Jusqu’à présent on n’avoit découvert le fer,
dans les îles d’A sie, que sur la presqu’île malaise, à la côte Sud de
Bornéo, à Banca et à Billiton (2). Les mines de cette dernière île , qui
est petite, rocailleuse et stérile, sont les plus productives de l’archipel ;
le fer qu’on en extrait est, dit-on, d’excellente qualité.
Soufre. — Il seroit difficile qu’un pays hérissé de volcans éteints
ou en activité, ne contînt pas quelques mines de soufre propre à être
livré au commerce; je n’ai pas ouï dire cependant qu’aucune exploitation
de ce genre ait eu lieu jusqu’à ce jour.
Sel. — II n’en est pas de même du sel ;: car, indépendamment des
salines ou lacs salés d’où l’on retire cette utile substance, Timor possède
des mines de sel gemme ; j’en ai rapporté des échantillons, provenant de
celles du royaume de Laga. II y en a encore sur d’autres points, et
notamment dans le royaume de Vémassé, où elles sont réputées susceptibles
d’un bon rapport.
Muséum d’histoire naturelle. A ma demande, M. le professeur Cordier les a décrits ainsi :
« JV.° 3 6 , catalogue B . — Cuivre natif, en partie amorphe et en partie cristallisé en octaèdres
»superficiellement recouverts d’un peu d’oxide rouge de cuivre ou de carbonate vert; il est
» mêlé à un peu de gangue,1 soit calcaire, soit quartzeuse. »
( 1 ) « JY.° 3 7 B . — Minerai de cuivre en masse amorphe, composé d’un mélange de sulfure
» de cuivre, d’oxide rouge, et d’un peu de carbonate vert ( dit malachite) ; il ne contient point
» de parties minérales stériles, ce qui semble annoncer des gîtes très-riches, »
- (2 ) Les Anglais se sont fait concéder la propriété de ces deux dernières îles.
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Géologie
minéralogie.