
De l’homme
en société.
rain, pour y écraser par leurs piétinemens les plantes et les mauvaises
herbes; le sol est nettoyé ensuite avec la houe, avant d’y semer le riz (i).
Quand celui-ci est assez grand, on le transplante; opération qui se fait
ordinairement quarante jours après le semis. Trois mois plus tard encore,
le riz macassar est bon à couper, tandis que le riz bougis exige un mois
de plus. On commence à semer cette graminée dans la saison pluvieuse,
c’est-à-dire, en janvier.
Dans toutes les parties de l’archipel d’Asie (2), on récolte deux espèces
distinctes de riz : l’une croît sans l’immersion préalable deda semence
dans l’eau ; cette immersion est indispensable pbur l’autre. Ces espèces
diffèrent très-peu, soit quant à la configuration du grain, soit quant à-la
qualité : cependant le riz de marais se vend généralement plus cher ; le
grand avantage qu’il y a de le cultiver ne vient donc que de <?e qu’il rapporte
plus de grain. A Java, on distingue deux variétés importantes de
chacune de ces espèces : le grain de l’une'est gros, productif et délicat,
mais n’arrive à une complète maturité qu’au bout de sept mois; le
grain de l’autre est plus petit, moins agréable et moins abondant, mais la
moisson s’en fait'deux mois plus tôt; .on cultive constamment celle-ci
dans des terres substantielles, où l’on ne retire qu’une récolte dans l’année;
celle-là en donne deux, et vient dans des terres bien arrosées, et de
qualités supérieures. Ces variétés, mais plus particulièrement le- riz de
marais, sont partagées en un grand nombre de; sous-variétés, telles que
celles dont le grain est rond ou long, celles dont la couleur est noire,
rouge ou blanche, &c.
J ’ignore si toutes ces qualités de riz croissent à Tinjor; nous n’en
avons observé que de deux sortes, le riz macassar, qui est oblong, et le
riz Rougis, dont le grain est arrondi. ( Voyez pag. 580.) •
Après les Chinois, les Malais sont, de tous les habitans de Timor,
ceux-qui entendent le mieux les travaux agricoles, quoiqu’ils s’en occupent
avec leur indolence accoutumée. Mais, à proprement parler, ce
(-1 ) II m’est démontré que Péron avoit eu des renseignemens inexacts sur le mode de culture
du riz, dont il parle dans le troisième volume du Voyage aux Terres australes (pag. 403 et404,
Zfijdition ).
(2 ) Voy. Crawfurd, op cit. 1 .1.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 673
sont les esclaves, chez les uns comme chez les autres , qui supportent le
poids du labeur; les femmes de cette classe sur-tout en ont dans leur lot la
part la. plus pénible; les hommes se chargent tout au plus de conduire
les bestiaux qui doivent donner la première façon au sol (1).
Récoltes. — Le maïs, qui est une des ressources les plus importantes
de Timor, y est cependant confié à des terres d’un très-foible rapport.
Selon Crawfurd, on pourroit, dans un bon terrain, obtenir quatre cents
et même cinq cents pour un ; tandis que, dans un mauvais sol, on ne retire
quelquefois pas au-delà de soixante à soixante-dix fois la semence.
Quand le riz a été coupé, les femmes piétinent dessus ou le battent
pour en extraire le grain, que l’on conserve ensuite sans le dépouiller
de sa glume, qui le préserve contre les atteintes de la chaleur et de l’humidité
de l’air. On sa‘it en effet qu’en cet état, le riz est, pour ainsi dire,
inaltérable, et qu’on peut le garder très-sain pendant un grand nombre
d’années. Le dépouiller de cette enveloppe et le vanner font partie des
attributions des femmes, qui s’en occupent dans leur ménage au fur et à
mesure du besoin. Un pilon et un mortier en bois sont les ustensiles consacrés
à cet usage : deux et quelquefois trois d’entre elles procèdent à la
trituration des capsules du grain, en frappant en cadence. [Voyez pl. 18.)
Le riz, cultivé dans un sol vierge dont on a brûlé les arbres,- les
broussailles et les mauvaises herbes, peut, dans de favorables circonstances
, rendre de vingt-cinq à trente pour un ; celui de montagne , dans
une terre arable ordinaire, quinze pour un, et c’est ce qu’on regarde
comme une bonne récolte. Quoi qu’il en soit, diverses causes, telles
que la constitution atmosphérique, la qualité du sol, le soin donné à la
culture, l’espèce même du grain, concourent à rendre cette donnée fort
douteuse (2).
Les plantes légumineuses, qui forment une partie essentielle de la
nourriture des habitans, le tabac, qui a pris rang parmi leurs plus pressans
besoins, sont soumis à des procédés agronomiques dont la simplicité rus-
( r ) Les travaux de la charrue, de la herse et de la bêche, ainsi que tout ce qui se rapporte à
1 importante opération de l'irrigation , sont exécutés, à Java, par1 les hommes; mais les travaux
plus légers de semer, de transplanter, de moissonner et de battre le grain, appartiennent prësque
exclusivement aux femmes. ( Crawfurd, op. cit. 1 .1 .)
(2) Voyez Crawfurd, ibid.
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