
De l’homme
en société.
à la Chine ces mollusques si recherchés. Toutes les îles de l’archipel d’Asie,
depuis Sumatra jusqua la Nouvelle-Guinée (i ) , en possèdent des pêcheries.
Les tripangs, qui se plaisent sur les récifs de corail, fuient au-contraire
les rivages plats et vaseux : les plus considérables de ces établis-
semens de pêche, du côté, de l’Est, sont donc répartis depuis Célèbes
jusqua la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Hollande, dont la constitution
physique convient le mieux à leur développement. Les lieux les plus
productifs en ce genre sont les îles Arou et le golfe de Carpentarie, ou
plutôt toute la cote Nord-Ouest de la Nouvelle-Hollande, nommée
M âredjépar les Bougis (a), et Lam-hai par les Chinois.
Il y a des,tripangs qui atteignent jusqu’à la longueur de deux pieds
et à une circonférence de sept à huit pouces : mais un palme de longueur
et deux à trois pouces de contour en sont les dimensions ordinaires-. La
qualité ou la valeur de ce mollusque ne dépend toutefois point de son
volume, mais de certaines propriétés spécifiques dont il n’est point donné
de reconnoitre les signes a quiconque n’a pas acquis- sur ce point une
expérience consommée; les marchands chinois sont presque les seuls qui
passent pour la posséder : aussi est-ce a eux que les pêcheurs indigènes y
qui n y entendent rien eux-memes, laissent toujours, en revenant au
port, le soin de trier et_dassortir a leur fantaisie les différentes parties de
la cargaison. Cette classification est curieuse et singulière. Dans le mar-r
ché de Macassar, où se trouve le plus grand dégôt de cette denrée,
on ne distingue pas moins de trente variétés de tripangs, qui se vendent
depuis 5 jusquà yo piastres le pikol [ de 45 à francs les cent kilogrammes
] , et dont chacune est désignée par des noms bien connus.
Voici quelques-unes de ces variétés, avec leurs prix ordinaires.
( 1 ) Tous ces détails sur ie commerce des Tripangs sont tirés de Crawfurd ( op. cit. t. III ).
Depuis 1820, ces pêcheries ont été portées encore plus dans l’Est.
(2 ) Bougis, nom d’un peuple de l’île Célèbes.
NOMS ,
DES. VARIÉTÉS
de tripangs.
PRIX ORDINAIRES,
NOMS ' h
DES VARIÉTÉS
de tripangs.
PRIX ORDINAIRES
. DÇJ PIKOL. DES.CENJ
KILOQJIA M. r DÛ PIKOL. DES CENT
KILOGRAM.
En piastres. •■»En francs. En francs. En piastres. En francs. En francs.
Ta tcheritang........... M Ê 3 ^ 9 ^ ,2 4 e 6 1 I > Djapon....................... 1 2 . • P f y i i i 1 0 8 .
Batou-bâsar............. 5 4 . 4 8 5 .
Batou-tângah........... 2 2 . , 1 1 9 ,4 6. 1 9 8 . Kawasa....................... 5 - 127* ,.1 5. | 45 -
Batou-kâtchil. . . . . A 4 - 7 6 ,02. 1 2 6 . Patch an g-goreng. . • w j - 27 >;W‘ | 4 ; '- ■
Itam-bâsar................ 3 0 . 16 2 ,90. 2 7 0 . Gama. ....................... I A- 7. . 6 7 ,8 7 . 1 1 2 .
Itam-tângah.. . . . . J 1 5 .
oc
4*.
n i - T a ik o n g to n g .. ' . . . 1 3 7 3 BBS 12 1 .
i Itam-kâtchH............. ; 8 . 43 >44- •7:2. Maredjé t . . . . . . . . 19 . io 3 >r7-
T o u d an g . . . . . . . . 2 4 . l 3° > 3 2 * 2. 1,6 . Ka you-djawa .......... Êmk 1 4 1 , 1 8 .
Kounyït.....................
30
bo
4
8 v - m m
D o n ga .............................
7 * •. 3 8 ,0 1 . B
■ ■ I 8 0 .
De l’homme
en société.
On voit, par ce qui précède, que le commerce des tripangs est une
industrie dans laquelle aucun étranger ne peut s’immiscer avec quelque
sécurité; il reste donc presque entièrement, d’après de vieilles habitudes,
entre les mains des Chinois. Cependant la pêche n’en est faite que par
les indigènes, qui prennent ces mollusques sur des bancs de corail,
ordinairement à la profondeur de trois à cinq brassés. Lorsqu’il y a peu
d’eau, on pique quelquefois les individus de la grande espèce avec une
sorte de lance; mais la manière la plus usitée est de plonger comme pour
la pêche des perles, et de prendre l’animal avec la main. La quantité de
tripangs qu’on envoie chaque année de Macassar en Chine, est d’environ
7000 pikols'[,42.3 op4 kilogrammes]. Les prix, dans les marchés
de Chine , varient depuis 8 piastres jusqu’à 2 0 , 5 0 / 7 5 , n o 'e t
même 1 1 5 piastres le pikol [de 72 à 1 0 3 5 fr. les 100 kilogr’.].
Après lé commerce des tripangs, les Chinois attachent un très-haut
prix au dendeng, qui est, ainsi que nous l’avons dit plus haut, de la chair
de cerf, de buffle, de boeuf ou de cochon, séchée et très-légèrement
salée : on en prépare de grandes quantités, tant à Coupang qu’à Dillé,
qui sont ensuite exportées en Chine. D’après Crawfurd, le meilleur
dendeng peut être acheté au prix de 6 piastres le pikol,- ou s A francs
les cent kilogrammes. •