
méthodiquement l’état physique, moral et politique de l’homme. Il nous
a mis en état d’apprécier les avantages de cette classification, en nous
présentant la grande masse de données qu’il a recueillies sur le. groupe
des îles Mariannes. On ne saurait donner assez d’éloges à ce tableau d’un
pays qui est enrichi par les plus belles productions de la nature, qui
offre parmi ses habitans les restes malheureux d’une nombreuse population,
et qui est lié, par sa position, par les moeurs des indigènes, par
leur langue, et peut-être même par les débris de ses monumens, à l’archipel
des Grandes-Indes. La variété des matières qui font l’objet de ce
rapport, nous empêche de nous arrêter à ces travaux intéressans ; mais,
à une époque où les langues des peuples sont considérées comme les do-
cumens ï historiques les plus précieux, nous devons rappeler le zèle
louable avec lequel M. de Freycinet et ses collaborateurs ont recueilli
tout ce qui a rapport aux racines , aux formes grammaticales, et à cette
ingénieuse variété de signes dans lesquels se reflète la pensée chez les
sauvages, comme chez les peuples civilisés.
Ce qui donnera un charme particulier à la relation du voyagé de
M. de Freycinet, c’est l’atlas pittoresque,, dans lequel on réunira les paysages
, les vues nautiques, les représentations de costumes, dus au talent
et à la grande activité de M. Arago, dessinateur de l’expédition. L ’archipel
peu connu des Mariannes; Tinian , couvert de monumens d’une
origine problématique ; les vallées ombragées des Montagnes-BIeues .de
la Nouvelle-Hollande; l’île Ombai, habitée par des peuples anthropophages,
offriront des objets d’un intérêt nouveau et varié. Les dessins
étonnent d’autant plus par leur nombre, qu’ils ont été faits en plein air,
et souvent dans les circonstances les plus difficiles. Vifs et spirituels d’exécution,
ils portent ce caractère de vérité que l’on desire sur-tout dans
l’atlas pittoresque d’un voyage lointain.
Dessins.
La Commission, ayant cru devoir s’abstenir de juger elle-rtiême l’ensemble
des dessins que M. de Freycinet lui a présentés, a prié M. Gérard,
premier peintre du R oi, et membre de l’Académie des beaux-arts, de
vouloir bien se charger de ce soin. Ce. qui suit est extrait textuellement
de la note que ce grand peintre nous a remise.
« La collection de dessins que M. le commandant Freycinet a rap-
» portée de son voyage autour du monde, fait par ordre du R o i, est une
« des plus remarquables quon ait vues, et par le nombre, et par la variété
» des sujets. Elle prouve que le zèle de M. Arago, dessinateur de l’ex-
» pédition, ne s’est jamais ralenti, et que son intelligence l’a toujours
« secondé. 1
» Elle se compose d’environ cinq cents dessins représentant des sites ,
» des vues de côtes, des objets de zoologie et de botanique. Elle offre en
» outre une suite considérable de dessins faits d'après les naturels des
» différentes îles dans lesquelles l’expédition a stationné, de leurs cos-
» tûmes, de leurs usages, de leurs armes, t
» La publication d’une partie des dessins que renferme ce riche porte-
» feuille, donnera l’ouvrage le plus intéressant et le plus complet que
» la navigation ait encore produit. » W
Conclusions.
D’après l’exposé que nous venons de faire, on voit qu’aucune partie
des sciences physiques, nautiques ou naturelles, sur lesquelles l’Académie
avoit dirigé l’attention de M. de Freycinet, n’a été négligée:1a
multitude des observations dé tout genre qui ont été faites par cet
officier et par ses collaborateurs, le grand nombre d’objets ^divers qu’ils
ont rapportés, montrent quels ont dû être leur zèle et leur constance. Il ne
reste maintenant à l’Académie que deux choses à desirer : la première,
c’est qu’une publication prompte , quoique suffisamment détaillée , fasse
bientôt jouir les sciences des résultats qu’elles doivent retirer de ce
voyage ; la seconde, c’est que des travaux aussi pénibles et d’un aussi
grand intérêt appellent sur ceux qui les ont exécutés, les justes récompenses
du Gouvernement. Ces récompenses deviendront pour les officiers
et pour toutes les personnes attachées au service de notre marine, un
nouveau motif d’encouragement à cultiver tous les genres de connois-
sances qui peuvent les mettre en état d’être si utiles aux sciences, par