
Colonie portug.
neiro provient d’Angoie et de Benguela. Les Brésiliens ont cru pendant
long-temps, à ce qu’on assure, devoir leur donner la préférence, à
cause de la patience qui les distingue et de la facilité avec laquelle ils
supportent les travaux les plus pénibles. Mais peut-être cet accroissement
de leur nombre tient-il uniquement aux facilités pour s’en procurer que
les établissemens portugais, dans ces royaumes africains, fournissent au
Brésil. Les Angolais proprement dits sont brutaux ; éminemment paresseux,
ils travaillent avec une grande nonchalance; ce sont les plus
lents de tous les nègres. Ils apprennent le portugais avec beaucoup de
facilité : cette aptitude naturelle leur est commune avec les Bengueiais.
On a remarqué que ces derniers sont plus disposés que les autres esclaves
à s’enfuir de chez leurs maîtres. Généralement très-dispos, vifs,
fort gais, sans rancune, les Cabindais sont aussi pourtant assez paresseux
, parce que, dans leur pays, ce sont presque toujours les
femmes qui s’occupent des gros ouvrages : néanmoins, en les prenant
au-dessous de vingt ans, et en les dirigeant bien, on peut les employer
à tout; ils se font éminemment distinguer par leur adresse. Les
nègres du Congo ont à-peu-près les mêmes qualités et les mêmes vices :
il en est peu qui soient de haute taille. Les individus de. cette nation
(ou de ces nations, car ils sont subdivisés à l’infini) , forment des
dessins bizarres en se tatouant sur diverses parties du corps, mais ; rarement
au visage. Les nègres de Mosambiquè passent pour être de fort
bons travailleurs ; ils conviennent sur-tout aux professions de matelot, de
batelier, &c. &c. : mais ils ont la réputation d’être excessivement menteurs.
On a remarqué à ce sujet que presque tous les nègres contractent
plus de défauts par leur séjour à Rio de Janeiro, qu’ils n’en avaient
en arrivant de leur pays. Ces funestes progrès sont dus aux tableaux de
dépravation qu’ils ont journellement sous les yeux, dans la capitale, et
à la mauvaise compagnie qu’ils y hantent. Rien n’est tenté par l’administration
pour ramener ces malheureux à de meilleures moeurs, soit
par de sages réglemens de police, soit par les bienfaits de l’éducation.
A très-peu d’exceptions près, les Mosambiques conviennent aussi
bien que les Européens à tous les genres de services ; cependant on a
recueilli peu de marques de leur dévouement pour leurs maîtres ; chez
LIVRE 1.“ — De F r a n c e a u B r é s i l in c lu s i v e m e n t . 1137
eux, le simple attachement est même une chose assez rare. Cette in- Rio de Janeiro,
différence est due sans doute ,en grande partie à la manière dont ils “ cription. 1 Colonie portug.
sont traités, aux mauvais principes qu’on leur donne, et sur-tout à la
contagion de l’exemple.
Au nombre des élémens dont la population de Rio dè Janeiro se
compose, rien, sans contredit, n’est plus digne de piquer la curiosité
que la présence d’individus de cette nation cosmopolite, désignée en
France sous les noms impropres à’Egyptiens et de Bohémiens ( 1 ), et
connue ici, comme en Portugal, sous celui de Ciganos (2). Dignes descendais
des Parias de l’Inde, d’où il ne paroît pas douteux qu’ils tirent
leur origine, ainsi que s’attache à le prouver M. Grellmann dans ses
curieuses recherches sur cette matière (3), les Ciganos de Rio de Janeiro
affectent comme eux l’habitude de tous fes vices, une propension à
tous fes crimes. La plupart possesseurs de grandes richesses, étalant un
luxe considérable en habiliemens et en chevaux , particulièrement à
i’époque de leurs noces qui sont très - somptueuses , se plaisent communément
au milieu de fa débauche crapuleuse et de la fainéantise.
Fourbes et menteurs, iis volent tant qu’ils peuvent dans le commerce ; ils
sont aussi de subtils contrebandiers. Ici, comme par-tout où l’on rencontre
cette abominable race d’hommes (4), leurs alliances n’ont jamais
lieu qu’entre eux. Ils ont un accent et même un jargon particuliers (y).
Par une bizarrerie tout-à-fait inconcevable, le gouvernement tolère cette
(1) Les Espagnols les connoissent sous le nom de Gitan os, qui, ainsi que celui de Gipsies que
leur donnent les Anglais, est une corruption du mot Egyptien. En Allemagne, on les appelle
Zigeuner; Heyden [païens], en Hollande; Zingani, en Italie, & c . &c .
(2) C'est du Portugal qu’ils sont venus au Brésil.
(3) Voyez JDic ^igeuner, & c ., dissertation d’Heinrich Moritz Gottlieb, Grellmann, traduite
depuis peu en français, sous le titre d’Histoire des Bohémiens, &c .
(4) Elle est répandue à-Ia-fois en A sie , dans les paTties septentrionales de l’Afrique, ainsi què
dans tous les états de l'Europe, principalement en Espagne, en Italie et en Allemagne. Par
des calculs modérés, Grellmann a trouvé qu'en 178.3 on ne pouvoit pas en porter le nombre
en Europe, à moins de 7 à 800 000 individus. C et essaim de vagabonds a commencé à s’y introduire
en i4 *7 » c’est-à-dire, peu après les fameuses et sanglantes guerres de Tamerlan dans
l’Inde; dix ans plus tard, ils parurent en France, où ils sont au reste moins répandus qu’ailleurs,
si ce n’est peut-être en Alsace et sur-tout en Lorraine.
(5) C e langage offre des'similitudes frappantes et multipliées avec les langues indiennes.
( Voyez Grellmann, ouvç. cité; A. Balbi, Atlas ethnographique, tab, V I , et introd. t. I , ch.3 .)