
pendule, à trois autres chronomètres de Louis Berthoud et à celui de
M. Bréguet : on seroit dès-lors en mesure de tirer parti des observations,
quand même la marche du garde-temps n.° 72 auroit été quelquefois un
peu irrégulière.
Pour s’assurer que le trépied en fer qu’emportoit M. de Freycinet, et
sur lequel devoit reposer l’appareil durant l’expérience, avoit toute la solidité
convenable, on suspendit successivement un des pendules à ce trépied
et à un support épais-en fer forgé, fixé sur deux fortes traverses du
même métal scellées avec soin dans un des murs de l’Observatoire, et
fortifiées encore par deux arcs-boutans. Le nombre d’oscillations du pendule
en vingt-quatre heures étoit exactement le même dans les deux cas.
Ceux qui ont été témoins des curieuses expériences, faites récemment par
notre confrère M. Bréguet, sur les influences que deux horloges appuyées
au même mur exercent l’une sur l’autre, ne considéreront pas la vérification
dont nous venons de parier comme superflue.
Les angles horaires destinés à régler la marche du chronomètre n,° 72
ont ete pris quelquefois avec des instrumenS à réflexion, le plus souvent à
laide dun cercle répétiteur astronomique; nous ajouterons enfin que partout
on a déterminé la température avec les mêmes thermomètres, et qu’il
ne pourra y avoir conséquemment aucune incertitude sur lés corrections
qui en dépendent, puisque avant le départ on avoit soigneusement comparé
ces instrumens avec ceux de l’observatoire de Paris.
Rio de Janeiro est le premier lieu de relâche où le capitaine Freycinet
ait séjourné..assez long-temps pour établir les appareils du pendule. En
janvier 18 18 , il observa dans cette ville le pendulen.0 1 à tige cylindrique
de cuivre, et le pendule n.° 2 à tige plate ; à ’son second passage à R io,
en août 18 2 0 , il y a fait successivement osciller les quatre pendules.
Au Cap de Bonne-Espérance, où La Caille avoit déjà mesuré le pendule
absolu en 17 5 2 , M. de Freycinet a déterminé le nombre d’oscillations
de ses quatre pendules invariables. Le calcul que l’un de nous a fait
de ces observations nous permet d’annoncer qu’elles ne confirment pas
la conséquence qu’on avoit déduite des opérations de La Caille sur la dissemblance
des deux hémisphères.
Les observations des trois pendules en cuivre qui ont été faites à l’ilede
Franee, et sur-tout celles du Port-Jackson, fourniront aussi sur cette
question des.données précieuses. Ces dernières, comparées aux observations
faites au Cap, presque sous la même latitude, mais à 1 34° de différence
en longitude g nous apprendront, autant du moins que ce genre
d’observations le comporte, si, dans l’hémisphère austral, les parallèles
ont un aplatissement sensible.
Les opérations de M. de Freycinet auroient été imparfaites, s’il n’avoit
pas déterminé sous i’équateur même, ou du moins très - près de cette
ligne, le nombre d’oscillations de ses pendules, C est a Rawak, petite île
dépendante de la Nouveile-Guinée, et située par 1 ' 4 seulement de latitude
Sud, qu’ont été faites les observations des quatre pendules invariables,
auxquelles toutes les observations analogues devront être comparées lorsqu’on
voudra calculer la valeur de l’aplatissement des deux hemispheres.
Cet aplatissement, soit quon le tire des longueurs différentes du pendule
absolu, soit qu’on le déduise du nombre d’oscillations qu’exécute en
vingt-quatre heures un même pendule de longueur invariable dans divers
lieux, est déterminé avec d’autant plus de précision que ces lieux sont plus
éloignés en latitude. On devine, d’après cela, tout le prix qu’auroient eu,
dans cette recherche, des observations faites au cap Horn , dont la latitude
australe est de 55° 5p' : malheureusement, comme on a v u , une
violente tempête ne permit pas à l’expédition d’y séjourner.. Les observations
des Malouines auroient pu remplacer celles du cap Horn ; mais de-
voit-on espérer qu’à la suite d’un naufrage, jetés.sur une île entièrement
déserte, forcés de pourvoir par ia chasse à la nourriture de cent vingt
persqnnes, occupés de préparer en toute hâte, la chaloupe sur laquelle
devoient s’embarquer ceux qui, malgré tous les hasards de l’entreprise,
s’étoient présentés en fouie pour aller en Amérique réclamer de prompts
secours, nos navigateurs auroient assez de temps et de tranquillité d’esprit
pour compter minutieusement, durant des journées entières, les oscillations
de leurs pendules ? Nous ajouterons d’ailleurs que, pendant le séjour
de l’expédition dans la baie Française, on n’obtint que de loin à loin
les angles horaires destinés à régler la marche des montres, le soleil ayant
été presque continuellement caché par d’épais brouillards le matin et le soir.
Dans une telle réunion de circonstances, faudra-t-il beaucoup compter
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