
Ile Timor.
De l’homme
en société.
Arts chimiques.
traire , est d’une consommation aussi universelle, parmi les insulaires
indiens, que l’est la viande dans nos contrées (i). . ’
Leurs procédés pour la pêche de la tortue, des crustacés et des coquillages,
ressemblent à ce que nous pratiquons nous-mêmes.'
Vin de palmier. — Le vin de palmier, nommé kalou et touak à Timor (2),
et toddy par les Anglais, s’extrait assez généralement de tous les arbres de
la famille des palmiers, mais plus particulièrement du cocotier , du iatanier
et du gomouti, auquel, dans le pays, on donne même aussi quelquefois le
nom de touak. Pour obtenir cette liqueur, dès que les bourgeons de la
fructification commencent à paroître, on les frappe pendant trois jourssuc-
cessifs avec un petit bâton, dans la vue de déterminer l’afflux de la sève
vers la partie blessée (3). Le bourgeon est alors coupé à peu de distance de
sa base, et la liqueur qui en découle est reçue dans des pots en terre cuite,
des bambous ou d’autres vases. Dans le principe, elle est claire et aune
saveur douceâtre qui plaît assez , et lui fait donner alors par les Malais le
nom de manis [sucrée]; peu de temps après, elle devient trouble, blan-
châtre, aigrelette, et tourne promptement à la fermentation vineuse, ce
qui lui communique aussi une propriété enivrante : dans cet état, on
en consomme de grandes quantités à Timor. Cette liqueur n’est pas
désagréable à boire, mais l’usage en est dangereux, sur-tout pour les
Européens, qu’il prédispose à la dysenterie, èt à la fièvre. Au bout de
très-peu de temps, le kalou tourne à l’aigre tout-à-fait, et fournit un
vinaigre médiocre. Si l’on distille la liqueur avant cette altération , on en
obtient un alcool recherché des habitans, quoiqu’il flatte moins le goût
que le tafia ou l’arack.
Les liqueurs spiritueuses de ce dernier nom s’obtiennent ordinairement
par la distillation de la canne à sucre ou de ses produits. Mais les Chinois
de Coupang les dénaturent en y incorporant de l’anis : cest alors
une sorte d’anisette, dont la vente est pour eux l’objet d’un privilège
important et exclusif.
Arack de Batavia. — Le fameux arack de Batavia, qui est aussi un
( i ) Voyez Crawfurd, op. cit.
(2) Touak est le nom malais.
(3) Voyez Crawfurd, op. cit. 1 1.
L I V R E I I . 7-^ Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 6 7 7
produit des alambics chinois, se fait avec un mélange de mélasse, de vin
de palmier et de riz réunis, dans les proportions suivantes (1); savoir:
Mélasse. . .............. 6 2. )
Vin de palmier....................... 3. lesquelles 10 0 parties en donnent
R iz . . . . . . . . . . . 35. -j 2 5 i d ’a r a c k .
. I OO. .
Le procédé de fabrication consiste*à faire d’abord bouillir le riz dans
de l’eau ; après l’avoir laissé refroidir , on y ajoute une certaine quantité de
levain, et l’on presse le tout dans des paniers placés à cet 'effet sur une
ou plusieurs cuves pendant huit jours, afin d’en extraire le liquide qui
fîue abondamment. Celui-ci est ensuite retiré, et mêlé avec la mélasse
et le -vin de palmier qu’on a d’avance combinés ensemble.'Le mélange
reste dans de petits vases un jour seulement, puis est transvasé dans de
larges cuves où on le-laisse fermenter pendant sept jours. La fermentation
terminée , on place la liqueur dans l’alambic, et, sélon le degré de distillation
quelle subit, on obtient en définitive les aracks des première,
Seconde et troisième qualités du commerce.
Bière. — Les habitans de Coupang font encore une boisson spiritueuse
nommée larou, a'vec la racine d’un arbre qui, dit-on, est le kayou-amboin.
On commence par enlever l’écorce de cette racine; puis on la coupe en
morceaux de trois à quatre pouces de longueur, qu’on met dans un vase
rempli d’une suffisante quantité d’eau ; on y ajoute une certaine dose
de sirop ou de sucre de palmier : le tout reste à fermenter l’espace de six
à huit heures. La même racine peut servir pendant- plusieurs mois de
suite ; il en faut environ deux poignées pour faire sept à huit pintês de bière.
La première semaine, la liqueur qu’on obtient est trop forte, et n’e’st
point potable; on la jette ordinairement : mais elle acquiert ensuite un
goût vineux légèrement amer. Les matelots la préfèrent à notre bière
d’Europe. Pour conserver long-temps cette racine, on doit, après l’avoir
ratissée-, la mettre en petits paquets et la tenir à l’air ou dans un endroit
très-sec. Cette espèce de bière seroit d’une ressource précieuse pour nos
équipages européens ; car on la dit être un fort bon antiscôrbutique.
Quand on la laisse fermenter plus de sept à huit heures, elle s’aigrit ; et si
■ ( 1 ) Ibid.
De l’homme
én société.