
Hoiiande à la France, les Anglais, en guerre avec cette dernière puissance
, cherchèrent à lui enlever les colonies qu’elle venoit d’acquérir de
la sorte. En 1 8 1 1 , ils se présentèrent donc en force devant Coupang,
et s’en rendirent les maîtres : cette fois-ci néanmoins ils crurent devoir se
borner à en conserver la suzeraineté, laissant à l’ancienne administration
le soin de gouverner ie pays ; quant à eux, il leur suffit de régir les choses
de plus haut, en tenant Timor sous la dépendance immédiate de Batavia,
qui étoit aussi en leur, pouvoir’. Les choses restèrent en cet état jusqu’en
1 8 1b , époque à laquelle Coupang fut rendue àux Hollandais .»en
conséquence du traité de paix de 1 8 x4- **
Ces événemens avoient empêché qu’on ne s’occupât des préparatifs
de guerre désormais indispensables pour ramener le raja d’Amanoubang
à l’obéissance. Le gouverneur de Coupang réunit enfin toutes ses troupes
et celles de ses alliés, tant à Timor que sur les îles qui en dépendent, et
marcha, en 1815, contre le prince rebelle. Cette première expédition ne
produisit aucun résultat de quelque importance. ' .
Dans l’année suivante, l’armée alliée se remit en campagne : ayant voulu
risquer lé sort d’une bataille, elle éprouva un violent échec, qui la força
à prendre la fuite ; sa perte s’éleva à quatre-vingts hommes, tandis que
celle du raja né fut que de six morts, et de trois prisonniers auxquels, suivant
l’usage du pays, on coupa la tête. Le mauvais temps empêcha les deux
partis de faire, en 18 1 7 , aucun mouvement militaire; mais, en 181.8,
des démonstrations hostiles s’étant renouvelées, nous apprîmes à notre
arrivée à Coupang que les deux armées étoient en présence. Le raja
d’Amanoubang avoit, dit-on, six mille combattans , tandis que les alliés,
sous le commandement de M. le résident Hazaart, en comptoient au
moins dix mille. Quoiqu’on s’attendît de jour en jour à quelque engagement
décisif, les parties belligérantes, lors de notre départ, en étoient
encore à s’observer mutuellement.
Sur d’autres points, M. Hazaart déployoit une activité plus efficace
pour rattacher a son gouvernement quelques-unes des places soumises
aux Portugais.-C’est ainsi que des émissaires chinois, partis de Coupang,
avoient* préparé les habitans d’Atapoupou à un changement d’autorité,
dont- ils leur faisoient espérer de grands avantages. Enfin une embar-
LIVRE II. — Du B r é s i l à T iMo r in c l u s iv e m e n t . 539
catiori Ingère, convenablemént armée, se rendit devant cette ville, et,
le 20. avril 1818, trente soldats, descendus sur le rivage, enlevèrent
au son du tambour le pavillon portugais, qu’ils remplacèrent par les
couleurs hollandaises (1). Quelques soldats métis, qui avoient fait mine
d’opposer de la résistance, furent rudement fustigés.
Aussitôt que le-gouverneur portugais apprit cet attentat inouï contre
le droit dés gens, il envoya un officier a- Atapoupou, pour se plaindre
d’une pareille agression : celui-ci fut bientôt suivi du capitaô mor, qui,
porteur d’une protestation en forme, étoit chargé de demander une con-
férénce au résident lui-même : n’ayant pu l’obtenir, l’acte juridique fut
confié à un officier de sa suite, pour aller le notifier à cet administrateur,
et y joindre toutes les explications verbales nécessaires. Cette démarche
fut encore en pure perte : M. Hazaart se borna constamment à dire qu’il
avoit trouvé le pavillon hollandais à Atapoupou, et qu’ainsi ce port lui
appartenoit.
Ne voulant pas rompre la paix .qui ëxistoit alors entre le Portugal et
la. Hollande, fe gouverneur de Dillé crut devoir s’adresser directement
à la tégence de. Batavia. Indépendamment du, nouveau grief dont il demandent
le redressement, il énuméroit dans ses lettres les tentatives du
même genre faites à d’autres époques par le même Hazaart, pour s’emparer
du. fort de Batouguédé ou faire révolter plusieurs rajas soumis à
far puissance p'ortugaise..Point de pratiques; perfides qui n’aient été mises
.en.eeuyre.-pour,-parvenir à ses fins : tantôt ce sont des officiers hollandais,
tantôt, et.-ie phiscsouvent, des Chinois, qui sont détachés auprès des
rajas qu’on sait être njéçontens de la domination portugaise ; on leur
remet en secret le. drapeau hollandais, et, lorsqu’ils consentent à le recevoir,
on en prend acte sur un registre, p.our s’en autoriser ensuite comme
d’un droit à la possession des places dont il s'agit. Enfin le gouverneur déclare
que, forcé de tirer satisfaction de pareilles insuites et de défendre les
droits de son souverain, il a déjà réuni sous les armes quatre mille hommçs
de troupes, et que, s’il ie faut, il en équipera huit mille; II.n’en viendra
pourtant aux dernières extrémités, ajoute-t-il, qu’après avoir employé
( i ) Tendant notre navigation dans Iè canal d’Ombai, nous avions été étonnés nous-mêmes
de voir les couleurs hollandaises arborées à Atapoupou. ( Voyez plus haut, chap. X V I , §. il. )