
» Moi porte mon ia-case, et ii ré<f mon ii-pié ( r)
» Mais c’est égal, moi va parié,
» Moi connois comment moi va faire :
» Mésuré vous cimin; chaqu’ein son l’esprit (2). »
Quand fini mesuré, à v’Ià Ii té (3) parti.
P ’tit papa lièvr’ crié Ii : ce Mort commère,
» Einmen’ (4) la gazett’ , prend gard’ vous ennuyé !
» Quand vous trouvé galant, n’a pas besoin causé ;
» Quand mêm’ couroupas (5 J, vous p’tit frère (6),
» Passé vous à côté,
» Ou bien moi va gagné. »
Et p’tit papa lièvre amisé [7) ,
Cassé bouquet (8) pross’ (9) la rivière,
Dans l’herbe frais (10) roulé, sauté,
Et torti là touzour marcé.
Lièvre à la fin guetté ( 11)
Li voir torti dans bitte ( 12 ) .'
L i voulé galoppé ( 13 ) bien vite,
Mais son nation ii trop tourdi ( 1 4),
Et li té perdé (15 ) son pari.
Après un tel essai, ii est permis de concevoir ia possibilité de reproduire
en créole un grand nombre de morceaux de notre littérature. Je
at et• .gÉfh
( 1 ) Moi porte ma maison, et lui roide mon pied.
(2) Chacun a son esprit, ou, chacun voit les choses à sa manière.1
( 3 ) L i te, elle été. L i , signifie indistinctement lui ou elle. ,
(4) Emmen’ , emportez,
(5) Couroupas, limaçon.
(6) Vous p ’tit frère, votre petit frère. II y a en effet quelque ressemblance grossière
entre une tortue et un limaçon, chargés l’un et l’autre de ce qu’on nomme vulgairement
leur maison.
( 7 ) Amisé, s’amusoit,3
(8) Cassé, bouquet, çueilloit des fleurs.
(9) Pross’ , proche de, au bord de.
(10) Frais, fraîche. I
( 1 1 ) Guetté, regarder.
(12) Dans bitte, au but.
(13) Galoppé, courir.
(14) L i trop tourdi, est trop étourdie, trop légère.
( 1 5 ) L i té perdé, lui été perdu, i l ’a perdu. .
LIVRE II. — Du B r é s i l X T im o r i n c l u s i v e m e n t . 4 1 3
pourrais en citer plusieurs autres du même auteur, et c’est à regret que
je me vois forcé de les supprimer ici.
V.
Industrie commerciale.
Je dois à M. Maure la plus grande partie des notes*qui mont servi
à rédiger ce paragraphe; et cet habile négociant mérite dautant plus ma
reconnoissance, que, n’ayant point eu le loisir de les reunir pendant
mon séjour dans la colonie, il a eu l’extrême bonté de me les expédier
plus tard en France. On peut compter sur leur exactitude.
Substances minérales. — La mine de fer est abondante dans iile ;
mais le haut prix de la main-d’oeuvre empêchera toujours d’y avoir des
fonderies : quelques essais dispendieux faits autrefois ont été abandonnés.
. Substances végétales. — Plusieurs végétaux fournissent ici d’avantageux
produits au commerce :■ le froment y vient très-bien, et il est de bonne
qualité, ainsi que le maïs et l’avoine ; mais les habitans aiment peu la
culture des céréales. Un arpent de cannes petit donner de deux à six
milliers de sucre, qui, vendus à 7 piastres, font au moins 14 piastres,
tandis que deux milliers de blé, revenu probable du même terrain, n’en
rapporteraient que 10 : encore ne pouvant guère exporter ce grain, on
le verroit bientôt tomber à vil prix, s il etoit cultive en grand.
Le cacao est d’un petit produit; le tabac réussit, mais il est dune
qualité inférieure à celui de Virginie; le coton (1), le café, le girofle,
la muscade, le tamarin même, offrent des avantages plus considérables
et plus certains ; la culture du safran a peut-être été négligée à tort.
Parmi les bois d’ébène qui sont portes en Chine, le plus recherche
est celui qui provient de l’Ile-de-France : il vaut en place dune piastre
à une piastre et demie le quintal ; mais il ne paie guère, à ce taux, les
frais de transport.
« On trouve naturellement dans les bois, assure M. Delisse, 1 arbre
(1) Le coton des Seychelles est beaucoup plus estimé que celui de I Ile-de-France ; on en
retire annuellement sept à huit cents balles d’environ trois cents livres pesant chacune.