
He Timor.
De l’homme
e i i société.
Mesures
et monnoies.
des outils, de la porcelaine commune, de la soie, et quelques objets d’une
moindre importance. L’introduction de la poudre et des armes à feu
par cette voie, est prohibée par les Hollandais et.sévèrement surveillée.
Mesures de longueur. — Les Timoriens, comme presque tous les peuples
connus, emploient pour mesures de longueur des quantités prises des
diverses parties du corps humain, telles que la brasse, le pied, le doigt,
&c. : mais aucune de ces mesures n’est fixe ; chaque individu, chaque
ouvrier en invente pour son usage et les subdivise à sa guise, en sorte
qu’il est tout-à-fait impossible d’établir entre elles et les nôtres aucun
rapport constant.
On a 1 habitude de compter ici' les mesures géographiques, ou de
grandes distances, par journées de marche d’homme ou de cheval. Ainsi
de Coupang à Amanoubang/par exemple, on estime qu’il y a trois jours
de marche à pied et deux jours de marche à cheval; il faut donc en conclure
que la journée à pied est de huit lieues à-peu-près, et celle à cheval
de douze. Crawfurd ne compte la première que de six à sept lieues:
rien, comme on voit, n’est plus vague.
Mesures de surface.— S’il est vrai que la mesure des surfaces ait pris
naissance chez les peuples agriculteurs, on sera peu étonné que ces
sortes de mesures soient tout-à-fait inconnues à Timor, où la propriété
territoriale est tellement incertaine,-qu’il serait permis d’en mécon-
noître tout-à-fait l’existence.
Mesures de capacité'. -— Ordinairement les peuples européens' portent
avec eux, dans leurs colonies , les usages de la mère * patrie ; mais
la nécessité de se faire entendre des populations indigènes doit leur faire
adopter aussi les idées qui, depuis un temps immémorial, sont suivies
par les nations qu’ils fréquentent: telles sont, par exemple, celles qui,
dans l’archipel d’Asie, se rapportent aux mesures de capacité et aux poids.
Nous citerons, à l’égard des premières , le tchoupa, le koulah et le gantang,
qui servent à mesurer les matières sèches et les liquides. Peu d’exactitude
règne dans leur détermination, ainsi que nous l’ont appris les recherches
auxquelles nous nous sommes livrés pour avoir leur valeur
relative en mesures françaises.
Marsden, dans Son Dictionnaire malais, assure que la capacité du
LIVRE II. — Du B r é s i l À - T im o r in c l u s iv e m e n t . 7 0 1
tchoupa est presque exactement égale au quart du galon anglais (de
celui sans doute qui sert en Angleterre à mesurer les matières sèches);
nous en avons conclu que la capacité, du tchoupa est d’un litre et 10
centilitres.
Le koulah se compose d’une branche de bambou, que Crawfurd dit
être d’une capacité égale à celle du galon anglais (1), valant conséquem-
ment, d’après ce qui précède, 4 litres 4 ° centilitres; et puisque le même
auteur veut que le gantang soit double du koulah, celui-ci vaudra donc à
son tour . 8 litres 80. centilitres.
Poids.— L’incertitude qu’on remarque dans les mesures de capacité
se retrouve en grande partie dans les mesures de pesanteur, qui sont en
général d’origine chinoise. Le bongkal, nommé plus fréquemment par les
Chinois tahil, est la dixième partie du kati, égal lui-même à la centième
partie ¿xt pikol (2); il faut enfin 30 pikols pour faire un koyati.
D’après Crawfurd (3), le pikol est égal à 13 3 livres ÿ. anglaises,
avoirdupois , ce qui revient en mesures françaises à 60 kilogrammes
442 grammes : cette valeur, et les rapports exprimés plus haut, nous
ont servi à déterminer celle du tahil, du kati et du kcryan.
Mais ce seroit une erreur de croire que ces difFérens poids ont dans
toutes les parties de l’archipel la valeur rigoureuse que nous leur donnons
ici ; des différences souvent fort grandes s’y remarquent : celles du
pikol et du kati cependant sont les moins sujettes à variation.
, La valeur du pikol, que nous venons de fixer, diffère un peu de celle
( 1 ) Marsden, au contraire ( op. cit. ), veut que le gantang soit la même mesure que le koulah,
et que leur capacité commune soit égale à la huit-centième partie du koyan, qui est.une mesure
de pesantëur dont nous parlerons bientôt.
II dit encore que la quatrième partie d’un koulak, d’un bambou et d’un gantang3 mesures qu’H
considère toutes les trois comme égales, sont équivalentes à un poids d’environ une livre et demie
de riz, poids anglais (sans doute avoirdupois); le koulah, selon Iui,peseroit donc 6 livres,poids
anglais, ou 2 kilogrammes 720 grammes. Or, pour que-cela fut d’accord avec ce qui précède,
il eût fallut que ces 6 livres ou 2 kilogrammes de riz, pussent:occuper une capacité de
8 litres -j^, ce qui est évidemment impossible, puisque, par une expérience facile à répéter, on
trouve que 8 litres de rizjde la Caroline pèsent au-delà de 7 kilogrammes au lieu de 2 kilogrammes
et, si l’on suppose qu’il s’agisse du riz dë Piémont, près de 6 kilogrammes 1/2.
(2) Nous verrons plus bastjue 5 pikols valent 500 livres hollandaises; il nous faudra donc en
conclure que la livre hollandaise et le tahil sont la même chose, du moins dans les possessions
hollandaises de l’archipel d’Asie.
(3) Op. cit. t. I.
De l’homme
en société.