
De l’homme
en société.
Éducation.
colons, selon Crawfurd ( j ) ,. peuvent être signalés à-ia-fois comme entre-
prenans, fins, laborieux, luxurieux, sensuels, débauchés et pusillanimes. »
Iis sont pour ia plupart livrés au commerce, dans lequel iis se montrent
irîteiiigens, experts et judicieux. Leur capacité supérieure et leur activité
ont mis entre leurs mains le recouvrement des revenus pubiics,
dans presque toutes les portions de i’archipel placées sous ia dépendance,
soit des naturels , soit des Européens : ce sont eux encore qui se chargent
d’une grande partie du trafic avec les états éloignés qui environnent ces,
parages (2).
S’il est vrai qu'ils fournissent les meilleurs ouvriers et lés plus expéditifs
pour les ouvrages en bois et en fer, il faut dire aussi que nulle part on ne
sauroit trouver des gens moins consciencieux. Le constant appât du gain
ou d’un avantage évident doit indispensablement leur être offert lorsqu’on
veut qu’ils remplissent leurs engagemens, sans quoi ils cherchent toujours
à les éluder (3). On les a souvent comparés aux Juifs;-en effet, on découvre
en eux la même cupidité, la même astuce, la même propension à tromper ;
aussi sont-ils également méprisés des habitans, dont ils escroquent l’argent
ou les denrées, et des Hollandais, qui leur font payer presque tous les
frais des établissemens qu’ils administrent. Malgré les hypocrites démonstrations
de politesse qu’ils affectent, leur physionomie est généralement
empreinte de ce caractère indéfinissable qui inspire la méfiance.
Les femmes des Chinois se montrent peu en public. « Celles que j’ai
vues, dit M. Paquet, avoient un air touchant de candeur et de bonté;
timides et réservées, elles tenoient constamment les yeux baissés, en
présence des étrangers qui les regardoient; enfin, toutes leurs manières
dénotoient la vertu. »
En 1818, il existoit, à Coupang, trois écoles : une de Chinois, où l’on
instruîsoit vingt écoliers ; une école chrétienne de Malais, avec dix écoliers
: on leur apprenoit à lire et à écrire, et particulièrement le haut-malais,
qu’on leur faisoit étudier dans la Bible« La troisième école, consacrée
aux métis hollandais, n’avoit que huit écoliers. La rétribution exigée
( i ) Op. cit. 1 . 1.
(2) Ibid.
( 3 ) Ibid.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 6 35
des élèves étoit très-peu de chose ; et même ceux qui appartenoient
à des parens pauvres étoient instruits gratuitement.
Indépendamment'de ces établissemens d’instruction primaire, il y
avoit encore dans la ville un maître de harpe; c’étoit un homme libre
de Macassar qui avoit été instruit lui-même à Banda.
Les personnes les plus distinguées, parmi les métis hollandais, vont
ordinairement finir leur éducation à Batavia; là elles prennent une teinture
légère de calcul, de commerce et de musique. Plusieurs d’entre
elles, à Coupang, jouoient passablement de la guitare, de la harpe et
du piano. Parmi les esclaves des maisons opulentes se trouvoient encore
quelques joueurs d’instrumens , formés soit à Java, soit à Timor même.
Plusieurs écoles élémentaires existent aussi à Dillé ; ordinairement ce
sont les prêtres catholiques qui les tiennent.
Croyance.. — La religion la plus généralement répandue à Timor n’est
qu’un pur paganisme. L’extrême crédulité de ces peuples, et le défaut
absolu de culture et d’instruction, les rendent superstitieux au degré le
plus étonnant; mais, ainsi que le dit' S. Augustin, la superstition est un
instinct religieux qui ne se trompe que dans son objet, et non pas dans sa
croyance. Les Timoriens croient aux songes, aux augures, aux jours
heureux et malheureux, aux sorts jetés à la naissance, aux dons d’un
talent surnaturel, aux sorciers, aux enchantemens, aux charmes,
aux talismans et aux amulettes. II n’y a pas une forêt, une montagne,
un rocher ou une caverne, qui ne soit supposée être la demeure de
quelque être invisible. Selon eux encore, les bois, les eaux et l’air sont
peuplés de bons et de mauvais esprits, objets de crainte ou d’adoration
( 1 ) ; quelques - tins sont réputés habiter dans le corps de certains
animaux, tels que le crocodile, par exemple, auquel, à Coupang, on
rend un culte superstitieux.
Avant l’arrivée des Arabes et des Européens, ia religion des peuples de
l’archipel d’Asie avoit par-tout un même caractère. Ils ne connoissoient
point le vrai Dieu, mais soutenoient que chaque province a ses
démons chargés d’en tourmenter ou protéger, selon leur bon plaisir,
les habitans, et dont, pendant 1e danger ou l’affliction, ceux-ci ne
( i ) Voyez Crawfurd, op. cit. t. I.
De l’homme
en société.
Religion
des Timoriens,