
De l’homme
en famille.
Occupations
domestiques.
dessins dans la relation du Voyage aux Terres australes (i). Le bambou
sert à faire de petits étuis, qui, ornés de sculptures et de dessins réguliers
assez agréables, sont employés ,jà renfermer/la. noix d’arec, le
gamber, la feuille de bétel, & c ., qui entrent dans la composition du
masticatoire connu lui-même sous le nom de bétel-, de petites calebasses
servent enfin à contenir la chaux qui fait également partie de ce mélange.
« A en juger par la grande affluence-des individus qui, du matin
au soir, encombroient la cour de notre observatoire, et qui, pour des
épingles, des aiguilles, des boutons, de petits couteaux, & c .,■ alloient
nous chercher au loin des- oiseaux, des coquilles, des lézards, des insectes,
ou autres objets que nous leur demandions, il paroîtroit, dit
M. Gaimard, que les occupations ordinaires des-Timoriens sont peu
étendues. » Lorsqu’ils ne sont mus ni par un sentiment de curiosité-;
ni par l’aiguillon de la vengeance, ils donnent la plus grande partie de
leur temps au repos; qui est, on peut le dire£ leur inclination dominante;
inclination que la chaleur excessive du climat rend en effet concevable
: c’est sur leurs femmes qu’ils laissent peser les embarras et les
travaux du ménage; ce sont elles qui fon.t les paniers et les nattes, qui
battent le riz , qui vont chercher l’eau à la rivière, préparent les alimens,
tissent les étoffes, &c. &c. Les hommes, il est vrai, fabriquent
exclusivement leurs armes et leur coiffure guerrière; on.en voit même,
de temps en temps, quelques-uns s’occuper nonchalamment à faire des
étuis, des sachets pour le bétel, ou d’autres menus ouvrages.
Les personnes riches, les rajas, et particulièrement les métis européens,
portent encore l’indolence à un plus haut degré Atout ce qui est un peu
pénible reste abandonne au soin des esclaves. Les femmes mêmes-d’un
certain rang s’occupent peu ; on les voit sans cesse chiquer le bétel avec
une langueur et un flegme qu’un Européen a de la peine, à concevoir. Ja mais
elles ne se livrent à l’exercice de la promenade, si ce n’est , le soir,
pour aller au bain, devoir prophylactique indispensable ici, et qu’elles
mettent beaucoup d’empressement à remplir. Le nombre considérable de
leurs esclaves rend d ailleurs tout-a-fait superflus les soins qu elles seroient
tentées de donner à leur ménagei
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c lu s i v e m e n t . 6 2 5
, La manière d’être des Chinois et leur grande activité forment le contraste
le plus singulier avec l’apathie du reste des habitans.' Forgerons,
charpentiers, orfèvres, .cultivateurs, commerçans , brocanteurs, & c .,
appartiennent presque tous à cette population infatigable et industrieuse.
Leurs femmes sortent fort peu, et sur-tout ne se montrent que rarement
aux étrangers.
. Méridienne. — Pour dépenser le temps, non moins peut-être que
pour se soustraire aux fatigues du jour, les habitans de toutes les classes
ont en général l’habitude de faire la méridienne, depuis midi jusqu’à
trois heures..En revanche, ils se couchent tard et se lèvent matin, seuls
instans où l’on puisse jouir de la fraîcheur, de l’atmosphère.
Propreté. — C’est un usage universel chez tous les habitans de l’archipel
d’Asie de se baigner journellement, usage conseillé non moins
par la propreté que par l’hygiène. Les hommes en particulier ont grand
soin de Se faire laver fréquemment les cheveux avec une eau de lessive ;
à cet effet, ils. se placent sur le dos, ainsi qu’on l’a représenté pl. 20;
et quand l’opération est finie, ils se frottent la tête, et souvent même
tout le corps, avec la râpure huileuse d’une vieille noix de coco.
Longueur des ongles. — Quelques personnes riches ont emprunté des
Chinois l’usage de laisser croître leurs ongles à une longueur démesurée,
ce qui est regardé comme un agrément : il est permis de douter que c’en
soit un; mais on ne sauroit se dissimuler que ces excroissances superflues
et incommodes doivent rendre presque inhabiles à tout travail les doigts
qui en sont armés. - *
Dents d’or.-— A cette bizarre coutume, nous ajouterons celle qu’ont
adoptée certains rajas de revêtir une ou plusieurs de leurs dents
incisives d’une lame d’argent ou d’or. Déjà Péron (1) i’ayoit remarquée;
mais n’ayant pu découvrir par quel procédé le métal étoit plaqué, il crut
qu’un mastic particulier, d^nt il regrettoit de n’avoir pu connoître la
composition, servoit à l’assujettir sur,l’émail même de la dent. D’après
M. Gaimard, tout le secret se borne à percer la dent et le métal, et à
fixer celui-ci avec de petites goupilles de la même matière, dont
on rive les pointes par derrière. M. Duperrey, sans s’appuyer sur
( 1.). Voy. aux Terr. austr. Historiq. t. I , p. 322.
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De l’homme
en famille.
Usages
p a r t i c u l ie r s .