
De l’homme
en société.
porte à ne s’inquiéter nullement du commerce habituel du mari avec
ses esclaves.
Les alliances, ainsi que nous le verrons ailleurs, sont un des élé-
mens principaux de la force des rois timoriens, et l’on y procède de la
manière suivante. Quand un raja a pris la résolution d’envoyer demander
pour lui ou pour son fils la main de la fille d’un raja voisin, il en fait
publier l’annonce dans tout le royaume. Le message est accompagné
d’un présent, qui consiste en une lance, un sabre et un croissant de bon
or. Aussitôt que l’union est conclue, on rasserqjple dans les états du
mari une grande quantité d’or, des sabres, des lances et des buffles, qui
doivent être donnés en cadeau au père et aux parens de l’épouse. Ceux-
ci offrent à leur tour au mari et à ses proches quelques pagines du
pays, des porcs, et les esclaves qui doivent suivre la princesse. Lorsque
le mariage a lieu entre des souverains de royaumes considérables, dh
voit fréquemment le nombre des buffles s’élever à plus de cent,
i Le üen du mariage n’est pas indissoluble, et le mari qui a des griefs
contre sa femme a le droit de la renvoyer, à son père ou à ses parens,
qui peuvent à leur tour la remarier à un autre : cependant les cadeaux
donnés de part et d’autre ne. se restituent point.
Il est rare que les hommes du peuple aient plus d’une femme; mais
les formalités préliminaires, à la somptuosité près -, sont les mêmes pour
eux que pour les riches.
Sépultures. — Au nombre des diverses coutumes qui sont communes à
tous les insulaires du grand archipel d’Asie, il n’en est pas de plus universelle
que la vénération pour les tombeaux des ancêtres. Le corps des
personnes opulentes est ordinairement renfermé dans un cercueil en bois
de tek ou de cèdre, dont tous les joints sont exactement bouchés avec
un mastic d’une composition particulièré. S’agit-il d’un roi ou d’un autre
grand personnage, on peut, si on le juge convenable, garder dans une
chambre de la maison les dépouillés mortelles du défunt ainsi ensevelies,
jusqu’à ce que le temps les ait consumées. Celui qui les feroit
porter en terre, fût-il roi lui-même, seroit obligé de faire les frais, des
largesses d usage à toute la parenté, frais dont l’importance y fait regarder
à deux fois. En effet, nul homme marié ne peut être inhumé sans que
LIVRE II. — D u B r é s i l à T im o r in c lu s i v e m e n t . 6 4 1
tous ses parens aient été invités à venir' pleurer sur sa tombe. Tous
se font un devoir de s’y rendre; et les parens de la veuve y sont en
outre conduits par un motif d’intérêt ; car s’ils sont tenus d’apporter des
pagnes et des porcs , la famille du mort doit en revanche un tribut
de buffles et d’or, pareil à celui1 qu’elle avoit déjà fait à l’époque du
mariage. S’il arrivoit que la cérémonie funèbre eût lieu sans que tous les
parens fussent rassemblés , ou sans que du moins ils y eussent donné
leur consentement, il faudrait payer, en forme d’amende, une certaine
quantité d’or et de- buffles à ceux qui se seroient trouvés absens, faute
d’avoir été prévenus. L’or et les pagnes sont distribués aux assistans ; les
buffles, les porcs , les volailles , &c. servent à les régaler. La cherté toujours
„excessive de ces funérailles fait qu’il se passe souvent plusieurs
années avant qu’elles puissent avoir lieu. La même chose se pratique
parmi le peuple, c’est-à-dire qu’on y est libre également de conserver
chez soi le corps d’un membre de la famille qui vient à décéder, ou de
le faire inhumer en se résignant à supporter des dépenses relativement
fort lourdes aussi.
Les morts sont enterrés, tantôt près de la cabane qu’ils habitoient de
leur vivant, tantôt en pleine campagne ou dans un cimetière commun. II
y a des rajas sur là fosse desquels on élève des tombeaux en pierres sèches,
même en maçonnerie dans les lieux où les Européens et les Chinois ont
transporté leur industrie. A Coupang, quelques personnes ont des caveaux
uniquement réservés à leur famille. Mais les monumens funèbres
les plus ordinaires consistent en un petit tertre dressé sur la fosse, figurant
au sommet un parallélogramme, et que quelques pierres soutiennent
tout autour. Des offrandes de riz, de maïs et d’eau sont faites sur ces
tombés, et renouvelées à de certaines .époques, sans doute dans la persuasion
que. le malin esprit, rencontrant là une pâture facile, ne cherchera
point à tourmenter i’ame du défunt. Nous avons vu sur quelques-uns de
ces tombeaux des vases remplis de cendres, dans lesquels on brûioit des
parfums de temps à autre.
T a plus grande partie des Malais de Timor qui n’ont pas embrassé le
christianisme, sont musulmans , si l’on peut appeler de ce nom des
hommes dont la croyance est basée sur un mélange absurde de dogmes
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De l’homme
en société.
Religion
des Malais,