
Prod. animales.
» Une antre espèce d’oiseau, très-commune dans les parages de Rio de
Janeiro, quoiqu’elle n’y appartienne pas spéciaiement, c’est le. vautour
noir, qui a les plus grands rapports de forme avec le dindon, quoique
un peu moins gros. Très-ombrageux quand il vole, il l’est beaucoup
moins auprès des bêtes mortes dont il fait sa pâture : son odeur est infecte.
Il paroît surprenant qu’un oiseau dont la masse est si lourde et
les ailes fort peu longues, puisse se soutenir en l’air aussi long-temps
qu il le fait et voler avec autant de légèreté.
»Nous citerons encore i’épervier anomal, compagnon parasite des
troupeaux de boeufs ; il les débarrasse des ricins qui leur sucent le sang :
excessivement craintif, il fuit l’homme de très'-Ioin.»
Reptiles. On ne cesse de prémunir les personnes qui voyagent au Brésil
contre la morsure des reptiles. Les lézards (1) sont les plus communs;
mais cm sait combien ils sont innocens et craintifs : le jacaré ou crocodile
américain, qui se rencontre fréquemment dans la vase à l’embouchure
des rivières, est lui-même très-peu redouté , quoiqu’il atteigne parfois
à huit et neuf pieds de longueur. Les serpens seuls seroient à craindre ;
mais ils sont heureusement en petit nombre. « Pendant nos Gourses
réitérées pour l’histoire naturelle, dit M. Quoy, dans les bois les plus
épais, et par conséquent les plus favorables pour servir d’asile à ces
reptiles , nous avons été à même d’apprécier ce qu’on dit de leur multiplicité,
que la crainte a probablement exagérée ; car six seulement
s’offrirent à nos regards : sur quatre que nous pûmes saisir, trois étoient
des couleuvres; un seul étoit venimeux, c’est la vipère brésilienne, et
encore je crois qu’il faut aller au loin pour la trouver. Je pris celle-ci dans
les montagnes voisines de Porto da Estrelia : elle est très - dangereuse ;
quelqu’un m’a assuré avoir vu périr un homme quatre heures après en avoir
été mordu. Un coup de bâton que je lui donnai l’excita à mordre ; je lui
( i ). Des lézards de quatre à cinq pieds de longueur, de forme hideuse, ayant une peau lisse
de couleur grise, se tiennent ordinairement sur le bord des rivières, mais ne sont nullement
dangereux;*la chair en est blanche, délicate, savoureuse, et fort recherchée sur les tables brésiliennes.
ce C ’est l’vne des bonnes viandes que i’ay mangé en .l’Amérique, dit Jean de Léry ;
» vray est que du.commencement fauais. cela en horreur; mais après que fen eus tasté, en
«matière de viandes, ie ne chantois que lézards.» (Histoire d’vn voyage faict en la terre dv
Brésil, pag. 14 7 , édit. de 1585.)
LIVRE I . " — De F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 135?
en présentai le bout, dans lequel elle enfonça ses crochets aigus en
dardant son venin, dont le jet suivi me porta à en estimer la quantité à
plus de six gouttes.
» Ainsi, malgré cet exemple, nous pouvons rassurer sur la crainte des
serpens ceux qui voudront parcourir les environs de la ville de Rio de
Janeiro. Des personnes dignes de foi, qui se sont avancées assez loin
vers l’intérieur, disent quelles n’en ont pas rencontré davantage. Le boa
constrictor, énorme couleuvre qui répand à si juste titre l’effroi, qui
enlace les hommes et les animaux, les brise, les ramollit et les avale,
est un, de ces fléaux heureusement fort rares. »
Le serpent nommé 'souroucoucou ( identique peut-être avec la vipère
brésilienne ) est le plus dangereux ; il se trouve à Tijouca près de
Rio de Janeiro. On cite encore le joreguicoyi et le jararacoussou. II y a
aussi une assez grande variété de couleuvres, mais qui ne sont que peu
oupoint venimeuses, Le serpent à sonnettes a été trouvé sur le revers
septentrional delà Serra do Matto-Grosso, et sur d’autres points aussi.
«Le reptile le plus hideux qui existe peut-être, observe M. Quoy,
c’est le crapaud cornu : large naturellement comme la forme d’un chapeau,
il double son volume en s’enflant à volonté, et semble menacer en dressant
les appendices charnus qu’il porte au-dessus de chaque paupière. Si
on l’irrite, il ouvre une gueule énorme, en faisant entendre un son criard,
et se retourne de tout côté pour mordre. II est difficile de ne pas s’amuser
de sa colère, qui du reste n’a rien de dangereux. »
Poissons. On distingue à Rio de Janeiro deux sortes de poissons de
mer : les uns dont on peut manger sans risques, et les autres dont la chair
se digère difficilement. On appelle les premiers poissons de malade ; parmi
ceux-ci, les espèces suivantes sont les plus estimées : Xanchova, qui, pour
la forme et la taille ressemble assez à notre alose commune ; le rodobaldo,
espèce de bar, très-rare; le-gamba, espèce de vieille, poisson très-gros
et très-court, dont la chair ressemble un peu à celle du merlan. La corvina
de la grande espèce, ou le drum, est excellente et fort rare ; celle de la
petite, au contraire, est abondante mais,médiocre. L'inchada est un
poisson plat en forme de iozange , quelquefois mauvais, d’autres fois
excellent; il a dans le ventre un os de la forme exacte d’une tête et d’un
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Prod. animales.