
Colonie portug.
les marchandises étrangères se vendent ici à long terme, tandis que les
produits du pays ne sont livrés qu’au comptant. D’après un privilège
établi en faveur des Portugais, il est défendu aux étrangers de faire des
envois de marchandises à l’intérieur, du moins en ce qui concerne les
denrées du pays ; ceux néanmoins qui sont propriétaires sur les lieux, ont
la liberté d’expédier, d’une province à l’autre, les produits de leur industrie
, le Gouvernement ne se réservant qu’un droit de surveillance, à
dessein de prévenir les abus qui pourroient résulter d’une telle permission.
Au reste, l’exportation des denrées du sol est permise à quiconque le
desire, moyennant l’acquit d’une taxe déterminée ; à l’égard des productions
exotiques, les, navires portugais peuvent seuls importer celles
qui viennent de l’Inde et de la Chine. »
Beaucoup d’objets, après avoir été débarqués à Rio de Janeiro, sont
ensuite envoyés à Buenos-Ayres, Montévidéo, & c ., ou répandus dans
les provinces de l’intérieur : tels sont sur-tout les produits des fabriques
anglaises.
Les marchandises importées étant ici, en masse, de plus grande valeur
que celles qu’on exporte, il en résulte que les négocians sont obligés de
compléter leurs échanges avec une portion de leurs espèces monnoyées;
c’est en partie pourquoi les pièces d’or de 6 4oo reis [40 francs] valent
8 p. o/o de :pius à Rio de Janeiro qu’à Lisbonne.
Commerce interlope. — « Un commerce interlope a lieu quelquefois
sur les côtes du Brésil, dit M. Requin ; ce sont en général des navires
anglais et anglo-américains qui s’y livrent : il a pour aliment principal
les bois, dont le monopole a été concédé par le Gouvernement à une
chambre de commerce chargée d’expédier en droiture ces bois à Lisbonne,
où les autres nations vont s’en approvisionner. »
Compagnies, exclusives; banque. — L’or, et sur-tout la poudre d’or de
Minas-Geraes, les diamans, le bois de Brésil, la pêche de la baleine, & c .,
sont exploités par des compagnies privilégiées , qui doivent payer annuellement
au ro i, soit une somme fixe, soit une redevance proportionnelle
aux produits : ce sont des espèces de fermes, auxquelles autrefois
le tabac et le sel étoient pareillement soumis.
Si la banque escomptoit, comme elle le doit, les effets de commerce
LIVRE I.er — De. F r a n c e a u B r é s i l in c l u s i v e m e n t . 2 5 5
au taux modéré, de. 6 p. 0/0, il en résulterait pour les spéculateurs et
pour le pays des avantages considérables, que de monstrueux abus réduisent
trop souvent à peu de chose. Il lui arrive parfois aussi de prêter
sur des garanties peu solides. *En 1 8 1 4', afin de diminuer les risques de
ses opérations, elle sollicita et obtint un décret qui, en faveur des re-
couvremens de sa dette active et au préjudice des autres créanciers en
concurrence avec elle, établit certaines clauses de preferences, lesquelles,
en 18 18 , furent converties en un privilège spécial. Une telle
innovation dans les habitudes commerciales ne paraît ni bien fondée en
justice ni conçue selon les principes d’une saine politique. Quoi quil
en soit,- on assure que le dividende de la banque pour 1 annee 1 8 1 6
ne fut pas au-dessous de 20 p. 0/0 ; il étoit de 17 p. ojo au moins en
1 8-17.
La banqile de Rio de Janeiro est placée sous la protection du roi : elle
jouit d’un capital de 1 200 000000 reis [ 7 500 000 francs]. Les fonds
qu’elle prête au gouvernement sont livrés à 6 p. 0/0 : quelque modéré que
paroisse cet intérêt, les négociations de ce genre n’en sont pas moins
très - lucratives pour elle; et des faveurs clandestines la dédommagent
amplement, dit-on, de ce prétendu désintéressement.
Compagnies dassurance. — Il existe, sous la sanction du Gouvernement,
plusieurs compagnies d’assurance pour l’Inde et pour la Chine.
Depuis la guerre avec Buenos-Ayres, elles assurent à 8 p. 0/0 et à 6 p. 0/0
pour- Valparaíso, contre tous risques; pour l’Angleterre, la France et
l’Espagne , en temps de paix, à 4 > 5 et 6 p. ojo : le taux de ces
contrats est au reste très-variable. Mais on prétend que le paiement des
sinistres est sujet à de fréquentes et interminables chicanes, et qu’il
seroit prudent de se faire assurer contre les assureurs eux-mêmes. Aux
yeux de ceux-ci, la prévoyance des chargeurs est dictée par une sorte
de mauvaise fo i, et ils ne négligent aucun moyen de leur opposer la
même arme.
Meilleur emploi à faire des fonds. — Une personne qui, d’Europe,
voudrait aller s’établir au Brésil et désirerait faire de son argent l’emploi
le plus avantageux, devrait commencer par se pourvoir des marchandises
du meilleur débit pour les vendre à son arrivée. Mais comme Rio de
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