
Colonie portug.
ticuiièrement sur les genoux, le dos du pied et de la main : chacune de
ces parties est bientôt couverte entièrement par une seule vésicule; une
hémorrhagie sympathique de la membrane buccale se manifeste; l’hémoptysie
et i’hématémèse surviennent, et le malade succombe sans altération
de son entendement.
» Cette maladie mérite-t-elle bien le nom de petite vérole! . . . Je
m’abstiens de toute réflexion à cet égard, continue M. Gaimard, et je
joins à la courte description que je viens de faire, l’autopsie d’un vario-
lique mort à l’hôpital de la Miséricorde , due à un médecin italien
attaché à cet établissement.
».Le larynx, la trachée-artère et les bronches étoient d’une couleur
naturelle et sans altération de tissu, mais remplis d’un sang fluide, qui
conserva, pendant près de deux heures, un reste de chaleur. Les
poumons n’étoient pas engorgés dans leur parenchyme; le coeur étoit
dans l’état naturel ; les intestins seulement avoient tine couleur un peu
noirâtre. La cavité cérébrale ne fut pas ouverte.
» Les vomitifs sont très-employés, pour le traitement de cette maladie
, dans la vue de débarrasser les premières voies, de prévenir la
complication gastrique, et de favoriser l’éruption par la sueur. On se sert
très-fréquemment de la mixture saline composée de Sylvius, qui n’est
autre que le citrate de potasse joint à une infusion de menthe» avec deux
grains de tartrate antimonié de potasse, d’après la pharmacopée générale
de Portugal : cet éméto-cathartique est répété deux ou trois jours de
suite. L’ipécacuanha n’est guère employé, s’il n’y a pas de dysenterie. On
administre ensuite la limonade de quinquina ( c’est une infusion de kina
uni à des écorces de limon), la décoction de kina mêlée à celle de
fedegosa ou bien de serpentaire de Virginie : on termine la cure au moyen
de bains.
» Quant à l’ophthalmie qui complique la variole, on emploie la teinture
de safran, et l’on s’en sert pour humecter les yeux, lorsque les
pustules sont parvenues à la période de dessiccation.
Vaccine, fc II existe un comité de vaccine à Rio de Janeiro, composé
du premier médecin du Roi, qui en a la présidence , de trois chirurgiens et
d’un inspecteur. On vaccine, dit-on, deux fois la semaine, dans une maison
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désignée à cet effet ; mais d’après ,ce que j’ai v u , poursuit M. Gaimard,
je puis bien assurer que ce n’est pas au Brésil que la découverte de Jenner
trouve de zélés propagateurs.»
Cependant la vaccine réussit assez à Rio de Janeiro, quoique moins
bien qu’à Bahia. A la vérité, le virus vaccin est conservé avec une très-
grande négligence ; et de plus il est rare qu’il ne soit pas infecté de gale
ou d’autres maladies encore plus dégoûtantes ; d’autres fois il n’est que
la petite vérole même, ce qui change alors la vaccination en inoculation ( 1 ).
Erysïp'elès. Suivant le docteur Antonio Joaquim de Medeiros (2), ces
éruptions n’épargnent personne ici, pas même les nouveau-nés. Ceux
des habitans qui néprouvent pas cette incommodité sont en très-petit
nombre ; et à tel point, que beaucoup d’entre eux ne la' regardent pas
comme une maladie : la plupart du temps ils se traitent avec des remèdes
domestiques, sans avoir recours aux gens de l’art. De ce mauvais
régime, il résulte bientôt de nouveaux désordres justement à redouter
à Rio de Janeiro; car l’érysipèle se termine fréquemment par la gangrène
et la mort, ou laisse à sa suite des infirmités.
« Cette maladie, selon M. Gaimard, revient presque toujours après
qu’on en a été affecté une première fois. Elle est ordinairement symptomatique
et dépend du mauvais état des premières voies; il peut arriver aussi
qu’elle se manifeste après une suppression de transpiration. Elle attaque
plus généralement lés jambes et le scrotum, comme dans les fièvres
gastro - adynamiqués d’un caractère insidieux; la tendance à la gangrène
est très-grande, et fréquemment suivie de l’éléphantiasis, du sarcocèle
et des hydropisies. Lorsque l’érysipèle affecte les jambes, et ce cas est le
plus fréquent, il se manifeste avec une douleur très-vive des glandes
inguinales, qui se propage ensuite le long de la partie interne du membre
abdominal jusqu’au gros orteil; le malade y éprouve une contraction
qu’on diroit produite par une corde tendue : cette espèce de cordon,
sensible quelquefois au tact et même à la vue, tantôt ressemble à un
chapelet dont les grains glanduleux sont séparés par des intervalles
Colonie portug.
( 1 ) Le Journal universel des sciences médicales, année 1816 confirme la vérité de cette
observation,
(2) Voyez le j,ôurnal 0 Patriota.