
« Nous trouvâmes, sur la côte orientale, un tronc d’arbre qui, par sa
grosseur, ne nous parut pas être le produit de cette île. D’après l’état
ou il etoit, tout nous fit présumer que la marée l’avoit déposé sur ce
point depuis un grand nombre d’années. » [M . Duperrey.)
Ile Dirck-Hatichs.— Prévenu contre l’aridité des terres de Dirck-Hatichs,
M. Quoy ne s’attendoit pas à y trouver une végétation aussi abondante.
« Elle est, dit-il, toute particulière au sol, et composée d’arbres
et d arbrisseaux, je ne dirai pas rabougris, ce qui ne seroit pas le mot
propre, mais d’une petite stature. Onremarque là diverses espèces de
mimosas, vrais arbres, mais qui, n’atteignant guère à plus de dix pieds
de hauteur, prolongent horizontalement leurs branches tortueuses jusqu’à
vingt-cinq pieds et plus de distance du tronc: c’est à sa dureté que ce bois
doit la propriété de résister, long-temps après qu’il est mort, aux causes
desorganisatrices de 1 atmosphère ; on en trouve beaucoup qui, par cette
raison, ne peuvent servir que de combustible.
» Parmi les végétaux que j’ai rencontrés, je signalerai un mélaleuca
dont les touffes, peu elevees, s étendent beaucoup horizontalement, et
dont le port ressemble assez d’ailleurs à celui des .bruyères de nos pays.
Un cyperüs, diverses espèces d’immortelles, une plante qui a quelques
rapports avec I absinthe, sans en avoir 1 odeur : tels sont à-pçji-près les
sujets dont l’ensemble compose la physionomie végétale de l’île. Sans
vouloir faire ici une nomenclature qui se trouvera naturellement dans la
partie Botanique du Voyage, nous citerons encore un petit arbrisseau
dioïque, à fleurs d’un vert glauque; un fort bel althéa à fleurs d’un bleu
tendre, une bourrache, non moins agréable a 1 oeil, Sec. Tous ces végétaux,
dont le développement est subordonné au terrain mobile dans lequel
ils croissent, se pressent davantage dans les vallons abrités, et quelquefois
on a beaucoup de peine à se frayer un passage à travers leurs
branches enlacées. Ces voûtes naturelles servent de retraite aux kanguroos,
et à quelques autres petits animaux, seuls habitans de ces bords. » •
Nous n’avons trouvé nulle part, soit ici, soit à la presqu’île Péron,
une seule production alimentaire végétale; car « on ne peut considérer
comme telles, selon la judicieuse remarque de M. Gaudichaud, les nombreuses
algues que la mer jette sans cesse sur les plages ; les sommités
LIVRE II. — Du B r é s i l À’ T im o r in c lu s i v e m e n t . 479
charnues des mesembryanthemum, des salicornia; un hibiscus à feuilles glabres,
et un lepidium dont l’espèce est assez multipliée. Néanmoins, dans une
nécessité absolue, comme celle qui pourrait résulter d’un naufrage, ces
plantes seroient à-peu-près les seulés dont on devroit faire usage.» Il paraît
cependant que les sauvages mangent la gousse d’une espèce de mimosa.
Le petit nombre de mammifères qui habitent cette triste contrée, et
beaucoup d’oiseaux mêmes, sont évidémment forcés de boire de l’eau de
mer : la chose est incontestable pour ceux de ces premiers animaux qui
vivent sur les îles Dirck-Hatichs, Doore et Bernier, et ils ne paraissent
pas avoir d’autre moyen de se désaltérer sur la presqu’île Péron et sur
l’île Faure, qui en est voisine.
Le kanguroo à bandes, décrit par Péron, se trouve sur les trois grandes
îles situées à l’entrée de la baie ; il y a encore sur Dirck-Hatichs une,
grande espèce de péramèle, et beaucoup de kanguroos-rats, connus sous
le nom de potoroos par les naturalistes. .
Sur la presqu’île , on a vu des kanguroos grisâtres de la taille d’un gros
lièvre, des péramèles-bougainviiie, des phalangers et des chiens sauvages.
• La classe des oiseaux offrait un champ moins restreint à l’activité de
nos chasseurs : ils tuèrent beaucoup de colombes fort belles, des corneilles
, des aigles, des traquets, des pluviers, des passereaux de plusieurs
espèces , dont les couleurs sont riches et variées, &c. Les rivages abondent
en mauves toutes blanches , en courlis, huîtriers, chevaliers, pélicans,
&c. Sec.; et l’on voit, sur tous les points delà baie, quantité de plongeons
, de pétrels et de fous. M. Railliard croit avoir reconnu des cygnes
noirs dans le havre Montbazin : s’il ne s’est pas trompé, ce fait doit être
cité comme une singularité bien remarquable dans un pays où nulle part
jusqu’ici on n’a pu découvrir de trace d’eau douce.
Le nid de l’aigle , ou autour à ventre blanc, observé par M. Quoy sur
l’île Dirck-Hatichs, étoit d’une dimension colossale : nous en avons déjà
parlé dans le chapitre précédent, et notre planche n.°' 13 en contient
un dessin. Cook fait mention d’un nid semblable qu’il vit sur la côte
opposée de la Nouvelle-Hollande, et M. Duperrey en a trouvé un aussi
dans le voisinage de la pointe des Hauts-Fonds, sur la presqu’île Péron.
« Des poissons de plusieurs espèces, et d’un goût agréable , pullulent
Voyage de VUranie. — Historique. p p p
Productions
an im a le s.