
Colonie portug.
Causes
des maladies.
ie développement des facultés vitales : aussi n’est-il pas rare de voir ici
les garçons parvenir à la puberté à i’âge de quatorze, treize et douze ans ;
les filles à celui de onze, dix et neuf ; on a même vu des exemples
de filles nubiles à huit ans et neuf mois. De cette maturité précoce, il
résulte que les jeunes personnes ont atteint tout leur éclat à l’âge de
quatorze ou quinze ans; à seize elles commencent à se faner, et à vingt
ans on leur en donneroit trente.
In growth a women , though in years a child,
As-childhood date within our colder clime ,
Where nought is ripened rapidiy save crime ( 1 ).
Lord BYRON, the Island.
L’époque de la puberté étant toujours en rapport avec la durée de la
vie, on doit trouver et l’on trouve en effet peu de vieillards à Rio de
Janeiro; dans les parties montueuses du Brésil, où la chaleur est moins
forte et l’air plus pur, les exemples de longévité sont beaucoup plus
multipliés. On a cependant observé quelquefois,, dans cette province, des
individus âgés de cent ans et même au-delà, mais ces phénomènes ont
toujours eu lieu chez des personnes renommées par la régularité de leur
vie et par leur tempérance.
Si l’aptitude à devenir mères est plus hâtive chez les femmes du
Brésil, elles sont ait contraire en général moins fécondes que dans les
climats tempérés d’Europe. « L’usage quotidien des bains tièdes, dit
M,. Gaimard, et une extrême propension à l’amour physique, les énervent ;
d’ailleurs l’état habituel de transpiration où les tient la haute température
de l’atmosphère est bien peu favorable à la conception. Les mêmes
causes déterminant la mollesse des organes, rendent les accouchemens
plus faciles; et par une conséquence naturelle, l’hémorrhagie utérine est
plus dangereuse et a souvent des suites funestes.»
Ici les causes qui prédisposent le plus aux maladies sont : l’humidité
du sol ; la présence de nombreux marais ; dans l’été, une chaleur excessive
; les variations quelquefois brusques de la température ; tous les
excès qui tiennent à la dissolution des moeurs ; l’usage assez général des
( i y ce. Femme par sa taiüe, enfant par les années, selon la date de l’enfance dans nos climats
» plus froids où rien que le crime ne mûrit rapidement. »
LIVRE I.er — De F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 163
boissons chaudes théiformes, l’abus de certains alimens et des bains
de pieds chauds; la malpropreté des habitations, et des rues sur-tout,
poussée, même dans les quartiers les plus fréquentés de la capitale, à
un excès presque incroyable ; la petitesse et la construction mal entendue
des maisons, dont la façade ordinairement étroite et la profondeur considérable
(yoy. pl. p .) contribuent à gêner la circulation de l’air; tel est
encore le défaut d’exercice, principalement chez les femmes, &c. En
considérant l’action puissante des causes que nous venons d’énumérer,
on ne sera plus étonné que des endémies et des épidémies meurtrières
viennent assaillir de temps à autre les habitans de Rio de Janeiro.
« La nourriture ordinaire de la classe peu fortunée, qui est très-nombreuse,
dit M. Gaimard, consiste en farine de manioc, viandes de mauvaise
qualité, morue, stockfisch , salaisons et poissons à demi putréfiés :
aussi les individus qui la composent sont-ils sujets, aux dartres et gales
rebelles, à l’éléphantiasis et aux diverses affections du système cutané,
maladies ordinaires aux peuples ichthyophages.
» Les changemens subits de température occasionnent souvent des
dysenteries épidémiques dans ce pays humide et chaud, et l’on a vu,
en quelques circonstances, la répercussion de la sueur produire des
coliques atroces.
» Des fruits non mûrs, des alimens indigestes et trop irritans, sont une
nouvelle cause de dysenteries, d’affections saburrales, d’érysipèles, &c.
» La chaleur, relâchant tous les tissus, débilite l’estomac ; la digestion
ne s’exécute plus qu’imparfaitement; il se forme une disposition leuco-
phlegmatique; les jambes deviennent oedémateuses, le corps s’infiltre,
des hydropisies se manisfestent ; ou i’érysipèle, se joignant à l’engorgement
des membres inférieurs, concourt, après de trop fréquentes récidives
, à la production de i’éléphantiasis.
» Souvent les fièvres intermittentes et rémittentes les plus intenses
font des ravages sous le climat brûlant et humide de Rio de Janeiro, à
cause des exhalaisons putrides de la vase, et du gaz hydrogène sulfuré
et carburé qui s’en dégage. »
Mais ce n’est pas lè seul fait de l’habitation près d’un marais qui en
rend le voisinage si insalubre, puisqu’on sait, par l’intéressant et curieux
Colonie portug.