
Géologie.
perpendiculaires, et, vers la ville, des pentes qui, quoique très-roides
permettent cependant qu’on y gravisse. Toute cette partie est couverte
d’une végétation vigoureuse et pressée, telle qu’est ordinairement
celle des tropiques, et qui ne laisse à nu que les endroits où la terre
végétale n’a pu se fixer, ce qui est rare : dans ce dernier cas, il est
possible de se convaincre que ces masses diverses qui surchargent le sol
de leur énorme poids, ne forment qu’un tout homogène et continu,
sans aucune trace de couches. Quelquefois il arrive cependant que des
fentes accidentelles, plus ou moins régulières, sillonnent le gneiss et
lui donnent une apparence de stratification. On a un exemple, de cette
disposition dans l’Ouest de la ville , au Sud du chemin qui conduit de
Matta-Porcos à San-Francisco-Xavier (voy. pl. 2 ) ; la montagne, entièrement
décharnée, forme comme un mur sur lequel les grands végétaux
ne peuvent croître.
» La pente orientale du Corcovado est coupée par des ravins nombreux
et profonds, dans chacun desquels coule un petit ruisseau susceptible
de tarir dans les grandes sécheresses. Le gneiss dont cette montagne
se compose, pris à son sommet.et à l’endroit où l’aqueduc commence
, est à petits grains ; il se délite très-facilement par l’action des
météores et se sépare en plaques minces et fragiles (1).
» De la décomposition de ces roches résultent des amas considérables
de leurs parties constituantes, accumulées à leur base dans quelque! endroits
, et notamment dans le lieu que traverse l’aqueduc.
» La ville de San-Sebastia5 renferme dans son enceinte, plusieurs
petites montagnes ou collines isolées, dont quelques-unes sont exploitées
pour les constructions; ce qui permet d’en étudier la structure.dans leur
intérieur même. Celle en particulier qui se trouve dans le faubourg du
Catete, derrière le coteau de la Gloria, est formée de gneiss porphy-
roïde avec grenat, dont la couleur, généralement blanchâtre, est agréablement
veinée par de petites couches de quartz, de feld-spath et de mica.
(1) « La force d’agrégation de ces pierres, dit M. Gaudichaud, est si foible en quelques,
endroits, le long de l’aqueduc du Corcovado sur-tout, que la pioche y entre avec autant
de facilité que dans le sable. Les veines de quartz sont dans le même état de décomposition x
si l’on veut admettre toutefois que l’agrégation de ces roches ait jamais été parfaite.
LIVRE I.er — D e F r a n c e a u B r é s i l in c l u s iv e m e n t . 1 0 5
Cette dernière substance étant noire, forme des stries de cette couleur;
mais ce sont les veinules de quartz qui dominent. Les grenats sont petits,
nombreux, assez généralement globulaires, tandis que la roche elle-même
est homogène, très-dure, et offre une cristallisation serrée, sans fissures.
Un filet d’eau ayant filtré vers la base de la colline', a décomposé un petit
espace qui se délite en feuillets minces qui sont, pour ainsi dire, pourris, h
« Quelques-unes des pierres qui servent en ville à la construction
des maisons, à celle des remparts et des fortifications, paraissent, selon
M. Gaudichaud, tenir le milieu entre les granits et les gneiss, et sont
formées en grande partie de feld-spath, de schorl, de mica noir et d’une
forte quantité de petits grènats rosés ; elles sont toutes coupées par des
veines de quartz très-blanc, disposées en tous sens, et formant avec l’horizon
des angles de 70 à 80 degrés. Cette sorte de pierre, qui est peu
compacte, très-cassante, est en même temps facile à étudier, en ce que
ses principes constituans sont presque tous distincts , d’où résulte son
peu de solidité.
» Les plages de la rade que j’ai vues, continue M. Gaudichaud, sont
formées de sable blanc, cristallin, brillant, provenant, à ce qu’il paraît,
du granit ci-dessus. Ce sable serait grisâtre comme les pierres dont il
provient, si le mica noir qui leur donne en grande partie cette couleur,
étant de nature beaucoup plus tendre, ne se divisoit à l’infini,»
« L’île élevée das Cobras et la colline sur laquelle est bâti le couvent
des Bénédictins ( San-Bento., voyez pE 3 ) > reprend M. Quoy, sont de
gneiss porphyroïde à gros grains, avec de grands cristaux ronds ou
oyalaires de feld-spath rose. Cette roche est très-dure, résiste bien à l’air
et fait un bel effet en architecture, où on l’emploie quelquefois.
>■ De l’autre côté de la rade et derrière la ville de Praia- Grande
(voyez pE 2 )> se trouve une petite montagne en partie formée-de Ce
gneiss, mais dont les grains deffèld-spath, plus volumineux, semblent
indiquer avec quelle rapidité la cristallisation s’est faite.
» On remarque la même constitution géologique sur les îles nombreuses
que contient la vaste baie de Rio de Janeiro; elle est particulière
aussi aux montagnes de Tjjouca, voisines de l’habitation de M. le comte
de Gestas, à celles da Estrella et dos OrgaSs.
Voyage de V Uranie. ■— Historique. ^
Géologie.