
taie de l’état ou province de Bellos (i) ; les autres étaient soumis au roi de
Veale, d origine étrangère, et ayant sa résidence dans la partie opposée
de l’île (2). Plusieurs de ces souverains payoient cependant aux Portugais
des droits sur les denrées de consommation, et de foibles taxes sur l’entrée
et la sortie des marchandises ; sommes qui fournissoient à l’entretien et
aux dépenses de la colonie. En cas de guerre, un contingent de troupes
était aussi fourni, armé, équipé et nourri par leurs chefs immédiats.
Dans plusieurs circonstances, les habitans de Timor se montrèrent
tres-affectionnes aux rois de Portugal et fidèles à leurs représentans -,
auxquels ils obeissoient sans contrainte : tant le système primitif de leur
administration avoit été modifié. Ainsi, lorsque Vincento Ferreira, qui
gouvernoit Timor en 17 5 9 , jugea à propos de vendre lâchement Léfao
aux Hollandais, et que ceux-ci en eurent pris possession, le roi régnant,
révolté d’uhe lâcheté aussi infâme, courut aux armes, et, après avoir
passé ces nouveaux possesseurs au fil de l’épée, il remit la place entre
les mains du nouveau gouverneur que les Portugais envoyèrent de Goa.
Quoi qu’il en soit, cet attachement des rajas timoriens pour les Portugais
fut plus dune fois altéré. Francisco d’Hornay, devenu roi d’Okoussé,
et soutenu par son parent Antonio d’Hornay, arrivé dans ce dessein de
Malacca, ne méditoit rien de moins que la destruction de la puissance
portugaise à Timor : cependant ces troubles furent apaisés. Il est fort
à remarquer que, lorsque les rajas de la province de Bellos sont en
guerre, soit entre eux,.soit contre les Hollandais ou les Portugais eux-
mêmes, leurs troupes marchent toujours sous les couleurs çle cette dernière
nation.
A la suite d’une guerre de ce genre, qui fit-naître quelques inquiétudes,
le gouverneur D. Antonio José Tellos da Silva transporta le siège du
gouvernement portugais de Léfao à Dillé : changement funeste, qui
contribua beaucoup a la decadence de la colonie ; car ce dernier point,
dont le seul avantage est un mouillage assez bon, est néanmoins mal
arrosé et beaucoup plus malsain que Léfao. C’est là cependant que, par
( 1 ) Voyez pl. 15., par 1230 43' de longitude.
(2) Ibid. par 12 20 22' de longitude.
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 5 3 5
suite d’une détermination un peu précipitée, -furent envoyés plus de
douze cents habitans de Léfao, hommes, femmes et enfans.
En 1 790, un événement d’un autre genre vint porter un coup funeste
au commerce des Portugais (1).- Goa, chef-lieu de leurs possessions dans
l’Inde, avoit jusqu’à cette époque envoyé en droiture à Floris et à Timor
les vaisseaux qui devoient en rapporter les marchandises préparées
à l’avance ; mais les réclamations et lès jalouses menées des colons dé
Macao, étàyées sur une économie mal entendue, firent alors décider que
désormais la correspondance commerciale de Timor n’auroit plus lieu
qu’avec cette place secondaire, qui eut ainsi seule l’avantage d’une communication
directe avec Goa : mesure déplorable, qui contribua puissamment
à la décadence de la colonie de Timor !
En effet, la cupidité de la plupart des-hommes placés successivement
au timon des affaires de cette île , les portant à s’approprier ie monopole
du commerce de d’intérieur, empêcha toujours que des spéculateurs
probes et aisés ne cherchassent à s’y établir; et cette circonstance, jointe
à là difficulté extrême des communications, fit qu’il ne vint plus à Timor,
ië gouverneur excepté, que des gens avilis par les fautes les plus graves ,
et privés souvent même tout-à-fait d’éducation et de connoissanc.es :
cependant, faute de mieux, c’est à de telles gens qu’on fut obligé de confier
les premiers emplois de l’administration! De monstrueux abus en furent
la suite; le poison enleva quelques gouverneurs trop rigides, ainsi qu’un
petit nombre de.bons officiers. Enfin une longue série d’exactions et de
crimes fit perdre à la nation portugaise le reste d’affection et d’estime
que les habitans avoient conservé pour elle : de toute part on refusa de
payer les redevances jusqu’alors volontairement octroyées, et bientôt la
colonie fut hors d’état de suffire à ses dépenses et de se maintenir sur
un pied respectable. Les officiers militaires, réduits à une sorte de détresse
, éprouvant à-la-fois des difficultés pour se rendre à Timor et pour
en revenir, cherchoient à se dispenser d’y prendre du service, avec le
même-empressement qu’ils eussent mis naguère à en solliciter (2). Le
nombre des ecclésiastiques eux-mêmes se réduisit aussi rapidement :
( i ) A. Balbi, manuscrit cité.
•(2 ) Ibid. ' %