
Rio de Janeiro, gais leurs voisins , qui leur font donner la torture pour le plus léger
Habitans motif, ou qui chassent même de leurs propriétés ceux qui sont parvenus
indigènes . - ' 1 1 1 r
actuels. à en acquérir de quelque importance. On les a vus empoisonner des
familles entières d’indiens ,* en assommer publiquement, ou leur communiquer
sciemment des maladies dangereuses pour les faire mourir.
Ont-ils dessein de s’approprier les denrées que les Indiens leur proposent
en échange, ils les enivrent avec de l’eau-de-vie, et profitent de cet état
d’ivresse pour les voler.
» Des ecclésiastiques ignorans et cupides contribuent eux-mêmes à
retarder la civilisation des Indiens. Au lieu de les instruire avec douceur
des préceptes de la religion, et de leurs devoirs sociaux, ils refusent de
baptiser les enfans et d’enterrer les morts, lorsqu’on ne les paie pas
d’avance : aussi a-t-on vu souvent de ces infortunés ; n’ayant à donner
en paiement qu’un poulet ou une pièce de gibier, se priver de leur
subsistance pour satisfaire à des devoirs de piété. Doit-on beaucoup
s’étonner, d’après cela, que ces hommes refusent les secours de la religion
, et préfèrent d’enterrer leurs morts dans les forêts plutôt que dans
le cimetière d’une église chrétienne l
» Le gouvernement, en permettant aux Portugais de s’établir dans les
aidées, avoit l’espoir d’en accélérer la civilisation ; mais ces nouveaux
hôtes, que l’avarice des directeurs fit mai choisir, s’approprièrent peu
à peu les terres des Indiens : d’où il arriva constamment que la population
indigène de ces aidées diminua, tandis que celle des Portugais,
au contraire, y alioit en augmentant.
S » Ces abus scandaleux n’ont point été ignorés du roi ; mais en vain
a t-il cherché à y apporter d’efficaces remèdes : l’immoralité de la plupart
des directeurs , et les faux principes de ceux qui étoient en relation
d’affaires avec les Indiens, furent une source toujours active de déprédations
et de désordres.
» La junte spéciale établie à Viliarica (i) dès l’arrivée de la famille
royale au Brésil, fut autorisée à mettre en oeuvre tous les moyens qu’elle
croiroit propres à conduire à de plus heureux résultats (2). Cette junte
( i ) Capitale de la province de Minas-Geraes.
(2) Elle reçut le titre de Juntada conquista e civilisaçao dos Itidios, do commercio e navegaçao
LIVRE I.er — De F r a n c e a u B r é s i l i n c l u s i v e m e n t . 3 3 7
débuta par ordonner la formation de six divisions de soldats, composées
chacune de six cents hommes, et fit paroître une déclaration de guerre
en règle contre les Botocoudes : d’après le manifeste, la guerre devoit
durer jusqu’à ce qu’on eût conquis leur pays, et que ces mangeurs d’hommes
fussent soumis aux lois sages du gouvernement portugais. Les comman-
dans de ces six divisions eurent ordre, en même temps qu’ils pénétre-
roient dans la contrée, d’ouvrir des routes larges et de les entretenir, afin
de recevoir avec plus de promptitude et de facilité les avis et les secours
qu’on pourroit avoir à leur envoyer des ports de mer voisins.
» Mais les résultats sont loin d’avoir répondu à l’attente du gouvernement.
Les dépenses nécessaires à l’entretien de ces divisions de
soldats furent considérables (1); et cependant le pays des Botocoudes,
qui contient un espace d’environ douze cents lieues carrées, couvert de
forêts impénétrables, n’est ni conquis, ni soumis ; aucune route non
plus n’a été ouverte, et la navigation du Rio Doce est toujours accompagnée
des mêmes dangers. « On pourroit demander quels seront les
» fruits de ces dispositions nouvelles : mon avis, dit Eschewege, est
» qu’on a tout perdu; qu’il n’y a point de dédommagement à attendre
» pour l’argent qu’on a dépensé si mal à propos, et que jamais on ne
» parviendra à éteindre 1a haine implacable qui existe aujourd’hui entre les
« Botocoudes et les Portugais. »
Mais la conduite qu’on a tenue envers les Puris mérite-t-elle plus
d’éloges ? e’est ce qui nous reste à examiner.
«L a tribu guerrière et sauvage connue sous ce nom, lasse d’être persécutée
par les Portugais, demanda la paix quelques années avant' 1 8 1 3 ,
et elle lui fut accordée (2). On ne put venir à bout.cependant de forcer
ces Indiens à demeurer dans un lieu fixe et à s’y occuper de cultures
régulières et suivies. Dans l’espoir d’arriver plus sûrement à ce but, on
do Rio Doce, ou Junte de ia conquête et de la civilisation des Indiens, du commerce et de
la navigation du Rio Doce. Le Rio Do ce , qui sert de limite aux provinces maritimes de
Espirito-Santo et de Porto-Seguro, a son embouchure par environ 190 j- de latitude méridionale.
( 1 ) Eschewege assure que ces dépenses n’ont pas été au-dessous d’un million de cruzados
[ 250000 fr. ] par an.
(2) Ces détails sont également empruntés du Journal von Brazilien.
Voyage de l’Uranie. — Historique. y y
Habitans
indigènes
actuels.