
De I’hpmme
en société.
Administration
portugaise.
ces sortes de traités; aussi cherchent-ils, autant qu’ils le peuvent, à les
multiplier. Il résulte de ce système, que tels rajas dont les états n’occupent
pas un grand espace sur la carte, sont cependant des potentats redoutables.
S’ils n’entretiennent pas habituellement des ambassadeurs dans
les autres cours, ils y en envoient quand les circonstances fexigent ; c’est
ordinairement un toumougom qu’on choisit pour remplir ces fonctions.
Soit qu’on examine le nombre des royaumes qui sont alliés ou tributaires
des Portugais, soit qu’on étudie la forme administrative de leur-
colonie sur ces bords, on est obligé de convenir que les Portugais ont à
Timor une importance bien plus grande que les Hollandais ; et cette
importance acquerroit sûrement plus d’étendue, si l’on pouvoit revenir
sur les abus administratifs que nous avons déjà signalés. ,
Le gouverneur de Dillé prend le titre ¿illustrissime seigneur, gouverneur et
capitaine général des îles Solor et Timor. L’officier qui oceupoit ce poste,
lorsque nous visitâmes ces contrées, étoit D. José Pinto Alcoforado
d’Azevedo e Souza, chevalier proies de l’ordre du Christ, et lieutenant
colonel d’artillerie. « Sur les cinquante à soixante officiers qui étoient
sous ses ordres, dit M. Lamarçhe, trois seulement avoient des grades
supérieurs ; l’un, sous le titre de capital mor, commandort en chef la province
de Bellos et la portion de celle des Vaïkénos soumise au Portugal
: c’étoit proprement la seconde autorité de la colonie. Un autre,
D. Raymundo José Cardoso Couttinho, étoit chef du secrétariat de
Dillé : habitant de Timor depuis vingt-cinq ans, il èn connoissoit parfaitement
la statistique ; nous lui devons plus d’un renseignement précieux.
Sur la quantité d’officiers dont il vient d’être parlé , un petit nombre
résident habituellement à Dillé; les'autres sont répandus dans les diverses
parties de l’île où le besoin du service l’exige. A l’époque où nous visitâmes
ces lieux, les Portugais entretenoient, dit-on, sur la côte, une quarantaine
de postes militaires,.¡commandés par des officiers ou des sous-
officiers; et à quelques lieues de distance dans l’intérieur, ils avoient un
camp d’observation de 2 000 hommes, où plusieurs officiers portugais
étoient employés. Ce camp, destiné à tenir les Hollandais en échec,
devoit aussi repousser au besoin par la force les empiétemens continuels
LIVRE II. — Du B r é s i l à T im o r in c l u s iv e m e n t . 7 13
qui paroissent faire ici l’objet de la politique familière à ces derniers (1).
Nous nous sommes convaincus que le gouverneur portugais exerçoit
une influence beaucoup plus grande sur les rois ses tributaires que ne
le faisoit le chef de la colonie de Coupang. Chez les premiers, tout
est mené militairement ; les rajas alliés sont traités avec une distinction
que les Hollandais trop souvent leur refusent. Ici on leur accorde des
grades, des titres, qui, en les honorant à leurs propres yeux, cachent
du moins la dépendance dans laquelle on les tient : chacun d’eux porte le
titre de comte et a le brevet de colonel ; sous ses ordres immédiats se
trouvent un commandant de la cavalerie, un lieutenant-colonel, un
major, un capitaine-commandant, un capitaine en second, et deux officiers
subalternes ; de plus , quand un des rajas a rendu à l’état quelque service
signalé, en l’élève au grade de brigadier ou de maréchal de camp.
En cas de guerre entre ces princes, le gouverneur est l’arbitre né
des contestations; il condamne l’agresseur à l’amende ou à toute autre
peine, dont la détention dans un des forts de Dillé est ordinairement
la plus forte. Mais , dans les relations - sociales , lorsque les rajas
viennent à Dillé, ils sont reçus à sa table, et entourés de toute la considération
qui est due à leur rang.
Administration de la justice. — Toute l’autorité civile et militaire est
entre les mains du gouverneur : cependant il y a à Dillé un magistrat
chargé d’examiner et de juger les contestations qui s’élèvent entre les
particuliers; il doit surveiller aussi tout ce qui est relatif à la perception
des droits du fisc, et en rendre compte au gouverneur, de qui il tient
sa mission.
Des personnes dignes de foi assurent que Goa est pour les Portugais
un lieu de déportation, et qu’ils sont dans l’usage d’envoyer à Timor
les plus mauvais sujets que l’on expulse de la première de ces colonies.
Dillé, Batouguédé et Okoussé sont plus particulièrement les points vers
lesquels on les dirige; et, ce qui est malheureux, c’est qu’on est souvent
obligé de prendre dans cette classe perverse les personnes qui doivent
occuper les rangs secondaires de l’administration.
Finances. — Indépendamment des tributs qu’ils reçoivent en nature,
( 1 ) Voyez, p. 538, ce qui a été dit à ce sujet dans le chapitre précédent.
De l’homme
en société.