
Habitans
primitifs.
teirible entie íes mains dun sauvage se manioit a-peu-près comme nos
sabres.
Lare des Toupinambas, de six pieds de longueur, fait des mêmes
bois que le tacape, avoit une extrême roideur, et telle même qu’un Européen
n’eût pu parvenir à le bander. A l’égard des flèches, dont le fût
étoit un roseau, elles étoient armées, soit d’os pointus, soit d’éclats de
bambou affilés, ou de l’aiguillon barbelé d’une queue de raie.
Indépendamment des barques employées à la pêche, il y en avoit
d’autres pour la guerre, plus grandes, mais faites aussi d’écorce, et pouvant
contenir jusqua quarante ou cinquante personnes ; - aucune de ces
barques ne portoit de voiles ; on les manoeuvrait avec des pagayes
doubles qu’on tenoit par le milieu. Ces pirogues, faciles à conduire,
s’enfonçoient peu dans l’eau, mais n’eussent soutenu ni un fort vent ni
le choc des lames. Cependant on a vu des flottes de soixante de ces
pirogues parcourir jusqua vingt-cinq ou trente lieues, le long de la côte,
pour aller chercher l’ennemi.
Pour finir ce qui, dans cet article, a du rapport avec la guerre,
nous n avons plus a citer quune espece de grand cornet servant à
donner le signal aux troupes; une flûte'faite avec l’os du bras ou de la
cuisse d’un ennemi, et dont ils jouoient lorsqu’ils étoient en marche,
pour s’exciter à la vengeance; enfin, des rondèles en cuir de tapir dont
ils se couvraient en combattant pour parer les coups de flèches.
Passant à des fabrications d’un genre différent, nous citerons les poteries
variées de formes et de dimensions, dont fa plupart, vernies intérieurement
, et quelquefois ornées de dessins assez agréables, pouvoient
résister au feu.
Ils faisoient de menus ustensiles de ménage avec des bambous et des
calebasses, et des coffrets avec la carapace du tatou. Les femmes tres-
soient des coffins de plusieurs grandeurs et des paniers variés.
Nous remarquerons encore l’adresse de celles-ci à filer le coton ,
à faire des cordes , des hamacs en filets ou en toile grossière. Le
métier qu’elles employoient pour ce dernier objet étoit placé verticalement
et d’un mécanisme fort simple p elles commençoient à tisser par
le bas.
La méthode pour faire le sel consistoit à retenir l’eau de la mer dans
des fosses, et a la laisser évaporer ensuite naturellement.
£ V.
Gouvernement.
Les Toupinambas et les Tamoyos, assure de Léry, vivoient dans un
état d égalité parfaite : les vieillards seuls, à cause de leur expérience,
étoient chargés du commandement à la guerre ; c’étoient eux qui prescri-
voient le lieu du rassemblement, qui dirigeoient la marche des troupes,
donnoient l’exemple pendant l’action ; et dans ces circonstances, leur autorité
étoit assez bien respectée.
Si quelque dispute particulière survenoit, les deux champions vidoient
leur querelle sans empêchement; mais s’il arrivoit que l’un des contes-
tans fût blessé, celui qui avoit porté le coup étoit traité de la même
manière par un des plus proches parens de l’offensé : « tellement, selon
» de Lery, que, pour le dire 'en vn mot , c’est vie pour vie , oeil pour
» oeil, dent pour dent, &e. »
Toute l’action du gouvernement se montrant donq ici à la guerre,
nous allons en suivre les développemens et en montrer les conséquences.
Ce n’étoit pas pour agrandir leur territoire , pour s’enrichir des dépouilles
de leurs voisins, que ces barbares prenoient les armes; le désir
de la vengeance étoit leur seul mobile. Leur haine étoit implacable et
inextinguible. Jamais dans leurs combats ils ne se faisoient de quartier ;
quiconque tomboit vivant entre leurs mains étoit assuré d’être assommé
et mangé.
Les villages, en général, n’étoient défendus par aucune espèce de fortifications,
si ce n’est toutefois ceux de l’extrême frontière, qti’on-entouroit
d une palissade en madriers de six pieds de hauteur. Les avenues et les
chemins qui y conduisoient étoient tortueux et semés de chevilles pointues
en bois plantées à fleur de terre. L ’ennemi, venant à s’y engager
de nuit, comme cetoit leur coutume, éprouvoit un grand embarras
Habitans
primitifs.