
1818.
Juillet.
CH A P IT R E XIII.
Traversée de l ’Ile-de-France a l ’île Bourbon| séjour dans cette
dernière colonie.
L a distance qui séparé l’Ile-de-France de Bourbon, est, comme on
sait, très-courte; les vents contraires nous obligèrent cependant à mettre
près de trois jours pour la franchir; nous ne pûmes mouiller à Saint-
Denis que le ip juilfèt, vers six heures du soir. Après être restés huit
jours sur cette rade /et cinq à celle de Saint-PauL, où il fallut aller compléter
1 embarquement de nos vivres, étant enfin le 2 août en mesure de
continuer notre voyage', on remit sous voiles à huit heures et demie du
soir, et nous fîmes route pour la baie des Chiens-Marins, à la Nouvelle-
Hollande, ou nous appeloit la suite de nos opérations.
Je passerai rapidement sur les circonstances,*d’ailleurs peu notables;
de notre relâche; à peine avons-nous eu le loisir de jeter sur le pays un
coup d oeil superficiel. Mais qu’il me soit permis de payer d’abord le
juste ^ribut de notre reconnoissance aux administrateurs de la colonie,
ainsi qu’à ceux des habitans qui ont daigné nous accueillir et favoriser
nos recherches. M. le chevalier de la Fitte du Courteil, gouverneur,
nous donna des témoignages d’intérêt; mais nous eûmes sur-tout à nous
louer de l’urbanité de M. le baron de Richemont, intendant de la colonie,
qui voulut bien me recevoir chez lui. La brièveté de notre séjour
à Saint-Denis, où cet administrateur avoit sa résidence, ne nous laissa
jouir que peu de temps dès attentions prévenantés de M.me de Riche-
mont, qui, par ses grâcës spirituelles, savoit donner du prix même aux
moindres choses,
A Saint-Paul, M.me Desbassayns , mère de l’intendant de l’île, et
M. de Villèle son beau-frère, ne se montrèrent pas moins empressés à
nous faire politesse, et à nous faciliter les moyens d’investigation qui
leur parurent devoir nous être utiles.
Quelque précieuse que puisse être une topographie générale de l’île Bourbon
, on conçoit-que mes prétentions sont loin de vouloir l’entreprendre :
LIVRE II, — Du B r é s i l à T im o r i n c l u s i v e m e n t . 43 5
toutefois , parmi les faits que nous avons recueillis, un petit nombre
n’étant pas dénués d’intérêt, nous les consignerons dans le paragraphe
qui va suivre.
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Remarques sur l ’île Bourbon.
y ents. — La rade de Saint-Denis, située au Nord de l’île, est
ouverte presque entièrement aux vents alisés, qui y soufflent parfois
d’une manière peu commode et y rendent le débarquement trop souvent
impossible. Les mêmes inconvéniens n’ont pas lieu dans la baie de Saint-
Paui, qui en est voisine : les brises de terre et de mer y sont en général
bien réglées ; dans le jour, on a la brise du large, et, la nuit, celle de la
direction opposée. L epoque ou elles s établissent n est pas parfaitement
fixe; on peut compter cependant que leurs périodes arrivent peu d heures
après le lever du soleil, et peu d’heures après son coucher.
Pendant les mois de juillet et d’août, on y éprouve par intervalle des brises
de Sud-Est assez fortes; on les a vues durer trois jours de suite , sur-tout
à l’époque de la Saint-Louis. Rarement éprouve-t-on de ces brises plus de
deux ou trois fois dans le cours de l’hiver : l’une d’elles se fit sentir pendant
notre séjour, mais la mer ne cessa point d’être belle ; à Saint-Denis,
en pareil cas , il m’eût fallu dérader.
Les coups de vent, dans la baie de Saint-Paul, ne commencent jamais
à souffler du large; ils débutent, soit du Nord-Est, soit du Sud-Est; et
lorsque ensuite ils tournent du côté du large, la force du vent est toujours
diminuée : c’est ce qu’on remarque sur-tout dans les ouragans, i
Il résulte de cette disposition qu’un navire qui seroit à l’ancre et qui
ne voudroit pas attendre le coup de vent au mouillage, pourrait toujours
appareiller d’assez bonne heure pour gagner le large, manoeuvre qui
doit être à plus forte raison préférée, quand on est menacé d’une de ces
grandes convulsions atmosphériques. On a vu cependant un navire rester
à l’ancre sans éprouver d’avarie, lors de l’ouragan de 1 8 1 8 , qui fut
si funeste à l’Ile - de - France; il est vrai qu’il ne se fit pas ressentir avec
1818
Juillet.
Observations
de physique.