
Colonie portug.
Lorsque le nègre est arrêté après une seconde désertion , il porte un
collier avec deux branches perpendiculaires l’une à l’autre. Je n’en ai
pas vu, ajoute-t-il, qui en portassent plus de deux, et je ne sais à quelle
punition on soumettroit l’esclave qui seroit arrêté après une troisième
désertion. » ( Voyez pl. 7. )
Un nègre esclave qui a commis une faute grave, se sauve souvent de
chez son maître, va trouver une personne noble, et la prie d’être son
protecteur ou, comme l’on dit, son parrain. Ce parrain écrit un billet
au maître, pour lui demander la grâce du fugitif, et presque toujours
elle est octroyée. En la refusant, on craindroit de' se faire un ennemi
dangereux.
Les contrebandiers pris en flagrant délit, ce qui est rare, sont déportés
pour la vie aux colonies portugaises.de la côte d’Afrique, et leurs biens
sont confisqués.
Le supplice ordinaire des malfaiteurs est la potence pour ceux qui ne
sont pas militaires ; les soldats sont passés par les armes, exécution
dont il y a peu d’exemples, la grâce étant presque toujours accordée par
le roi. Les punitions infamantes sont le carcan, les galères ou plutôt
les travaux publics forcés, et la déportation aux colonies portugaises
d’Angola et de l’Inde.
Police. — La police du royaume est confiée à un intendant général,
qui ne reçoit des ordres que du roi. Il jouit d’un pouvoir étendu, on
pourroit même dire arbitraire. Des agens subalternes sont chargés de
l’exécution des mesures jugées convenables à la sûreté publique et au
maintien du bon ordre. Des gardes à pied et à cheval sont affectés à ce
département, et font de fréquentes patrouilles à différentes heures du jour
et de la nuit, pour prévenir les délits, et empêcher entre autres les rixes
des nègres qui sans cesse encombrent les cabarets. Il est fâcheux qu’on
n’ait pas toujours à se louer de la discipline des agens subalternes employés
à cet important service.
La police a le droit de faire sans formalités des visites domiciliaires;
mais si la mesure concerne une personne titrée ou exerçant un emploi
public, on a besoin, pour s’introduire dans son domicile, d’un ordre émané
du ministre, du général, ou du supérieur immédiat de cette personne.
Soit par l’imprévoyance des administrateurs préposés aux subsistances,
soit par suite de l’inexécution des réglemens, il arrive parfois que les
denrées d’un usage journalier montent à Rio de Janeiro à un prix excessif;
il suffit, pour les faire doubler de valeur, qu’un ou deux navires
caboteurs manquent ou tardent d’effectuer leur retour.
Nous avons déjà parlé de la malpropreté' des rues de la capitale, et
des inconvéniens qui naissent de l’accumulation des immondices sur
certains points. A ces causes d’insalubrité M. le docteur Tavares (ï)
ajoute celle qui résulte du défaut de plantations sur les grandes places :
il y avoit autrefois, dit-il,. sur le Campo de Santa-Anna, des arbres qui
neutraiisoient en partie les émanations putrides qui s’exhalent du mangue
ou marais contigu à la ville; mais, à l’arrivée du roi, ils ont été détruits,
au grand détriment de l’hygiène publique.
A Rio de Janeiro il n’y a qu’une seule prison civile : les prisonniers
d’état sont envoyés dans diverses forteresses, et les militaires, outre les
salles de discipline des casernes, ont un lieu de détention particulier sur
l’île das Cobras. Autrefois la prison publique étoit située près du rivage,
et sur un des points les plus salubres de la capitale; le bâtiment, vaste
et élevé, èn étoit aussi bien distribué que les circonstances et les
secours fournis par le gouvernement pouvoient le permettre. Mais la
proximité où étoit cette prison de la demeure royale, obligea de la
transférer dans un site différent. L’édifice évacué fut réuni au palais par
une galerie à la hauteur du premier étage. {Voy. en / et en /, pl. 3.)
Pre'cautions contre l’incendie. —— On voit très-peu d’incendies à Rio de
Janeiro : la rareté de ce fléau est due en partie au peu d’usage qu’on y
fait des cheminées, et sans doute aussi à la qualité particulière des bois
de charpente employés en abondance dans la construction des maisons,
et qui brûlent difficilement. Aussi existe-t-il dans la capitale fort peu de
moyens de prévoyance pour s’opposer aux ravages-du feu.
L’espèce de mystère dont le gouvernement brésilien aime à s’environner,
rend, en général, fort difficile de connoître avec une suffisante
exactitude les détails de l’administration publique. Les finances surtout
sont enveloppées d’un voile que des circonstances imprévues per-
(1 ) Dans la Thèse plusieurs fois citée.
Voyage de V Uranie. — Historique. q q
♦Description.
Finances.